Témoignage. Adeline raconte sa dépression post-partum : "on estime que quand on enfante, on doit être heureuse, mais ce n'est pas toujours le cas"

Publié le Écrit par Camille Bluteau

Jusqu'à 20% des mamans sont touchées par la dépression post-partum dans les semaines qui suivent un accouchement. La Rémoise Adeline Paraffe a témoigné de cette souffrance dans un livre intitulé "Moi, contre la dépression post-partum", aux éditions Baudelaire.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"C’est comme si on faisait un grand huit sans s’arrêter." C'est de cette manière qu'Adeline Paraffe résume les semaines qui ont suivi son dernier accouchement, en avril 2020. La mère de famille est passée par des moments difficiles avec une dépression post-partum dont elle témoigne dans son livre "Moi, contre la dépression post-partum".

Le post-partum, un état dépressif suivant la grosesse et l'accouchement. Il se caractérise par un sentiment de tristesse et d'anxiété et toucherait jusqu'à 20% des mamans.

"J'ai eu peur de mourir pendant l'accouchement"

La sixième de ses enfants est née pendant la pandémie du Covid. "Ma grossesse était déjà compliquée de base. On m'a diagnostiqué un diabète puis une sciatique. Ces neuf mois ont été très fatigants physiquement", témoigne la mère de famille. Et le Covid-19 n'a pas facilité les choses. "Heureusement, ma fille est arrivée au bon moment, ça a été le rayon de soleil pendant la pandémie."

Le virus l'inquiète beaucoup. Cela provoque chez Adeline du stress et des crises d'angoisse. "Pour la première fois de ma vie, j'ai eu peur d'accoucher, de mourir pendant l'accouchement, raconte-t-elle. On a eu un manque d’information par rapport au Covid. Beaucoup de femmes ont accouché sans leur mari, certaines ont même directement été séparées de leurs bébés, c'est violent. On n'a pas été assez écoutée en tant que mère. À la clinique, on m'a dit que je n'étais pas la seule à avoir eu des crises d'angoisse avant d'accoucher."

Le retour à la maison marque le "début du calvaire"

Les crises d'angoisse et bouffées de chaleur ne la quittent pas. Même la veille et le jour de la naissance de l'enfant. "Pendant cette période, j'ai eu des idées noires", confie-t-elle. Lorsqu'elle retourne chez elle, après son séjour à l'hôpital, elle est "sur un petit nuage". Mais ce bonheur sera de courte durée. "Un mois et demi après mon accouchement, les crises d'angoisse sont revenues. Ça a été le début du calvaire". Son médecin la diagnostic en dépression post partum. "C’est une mauvaise réaction du cerveau. Cette dépression a été très violente et m’a beaucoup perturbée. Je n'avais quasiment aucun répit entre les crises". Elle arrête de s'alimenter et perd du poids.

Adeline n'arrive pas à calmer sa fille quand elle pleure. Seul son mari y parvient. "Je me sentais un peu inutile, nulle. Dès que je la prenais dans mes bras, elle devait ressentir mon mal-être. Un bébé, c'est une éponge, donc s'il ressent que vous n'êtes pas bien, il va pleurer et ce n'est pas forcément notre faute, c'est juste comme ça", explique la mère au foyer.

Elle ajoute : "mes crises d'angoisse se sont transformées en grosses crises de panique. J'avais des tremblements, des nausées, vomissements et je n'étais plus moi. Je ne supportais pas que l'on me touche". Pour elle, une chose est sûre : "Mon corps m’a fait comprendre que ce serait le dernier accouchement. Je ne sais pas comment j’ai fait pour me relever."

Mettre des mots sur ses maux

Alors, pour raconter son histoire, elle se tourne vers l'écriture "pour prouver qu'il ne faut plus se taire, qu'il faut le dire et ne plus avoir peur". Il lui a suffi de trois jours seulement pour mettre des mots sur ses maux. "On n'en parle pas assez, de cette maladie. Des femmes peuvent rester silencieuses et peuvent commettre un infanticide", souligne Adeline. On ne peut pas comprendre tant que l'on ne vit pas la chose, mais on peut avoir de l'empathie, encourager à aller voir les médecins… Certaines familles vont juger ces femmes, mais la culpabilité, ça n'aide pas. On estime que quand on enfante, on doit être heureuse, mais ce n'est pas toujours le cas", conclut-elle.

Adeline est toujours victime de crise, mais écrire sa souffrance l'a soulagée. Avec son livre, elle espère pouvoir aider d'autres femmes.

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information