Depuis la rentrée 2023, un robot a intégré les rangs des élèves de Première dans un lycée privé de Reims. Il est incarné par un jeune de 17 ans, atteint d'une maladie grave et dont la scolarité est adaptée.
“Au départ, j'appréhendais un peu la présence d’un robot dans ma classe." Tiphanie Lorain, professeure d'histoire-géographie et Orélie Mingolla, préfet du lycée privé Saint-Joseph de Reims, ont répondu aux questions de France 3 Champagne-Ardenne, vendredi 13 octobre, sur ce dispositif éducatif et médical.
Derrière ce robot d'1,40 mètre, un visage. Cet élève du lycée Saint-Joseph depuis la classe de Seconde, tombé gravement malade en 2023. Ne pouvant plus se rendre en cours, il termine l'année 2022/2023 par correspondance en espérant revenir en septembre 2023.
Quelques semaines avant la nouvelle rentrée scolaire, ses parents informent l'établissement : ne pourra pas revenir tout de suite. “J’avais entendu parler de ce bel outil, raconte Orélie Mingolla la préfet du lycée. J’ai demandé à la maman de faire une demande auprès de l’Aphad [Accompagnement pédagogique à domicile à l'hôpital ou à l'École]. Trois semaines plus tard, nous étions équipés.”
Une autonomie de 13 heures et une connexion 4G
L'élève commande son robot par une plateforme installée sur un ordinateur spécialisé prêté par l'Aphad. Il est connecté grâce à la 4G et peut ainsi interagir avec ses professeurs et camarades de classe.
"C'est même plus facile qu'un cours en visio. On n'a pas de souci de caméra ou de mauvaise connexion."
Orélie Mingolla, préfet du lycée Saint-Joseph de Reimsà France 3
Le Rémois, via son robot, se déplace seul ou accompagné avec une autonomie de 13 heures. "La borne de rechargement est placée au secrétariat, on le met à charger la nuit", détaille la préfet.
Ce dispositif est complété par le Service d'éducation spéciale (Sessad). Son enseignant principal et professeur de français se rend une heure par semaine chez lui, ainsi que celle de mathématiques à raison de deux heures par semaine. Le service est totalement pris en charge par l'Éducation nationale, la famille et l'établissement n'ont rien à débourser. Les enseignants, eux, n'ont rien à gérer. "C’est très fluide, il arrive et repart de la salle avec ses camarades. Parfois, je n’ai même pas le temps de lui demander comment s’est passé le cours, il est déjà parti avec ses amis", raconte en souriant l'enseignante.
Absent physiquement, mais premier de la classe
Ce robot est une véritable trouvaille pour la famille et l'équipe enseignante. "C'est vraiment impressionnant et il gère ça parfaitement", appuie Tiphanie Lorain. Avec 17/20 de moyenne générale, l'adolescent malade est premier de sa classe. Hormis les cours d'EPS, ne manque rien, s'adapte à tous types d'enseignements, notamment les cours de langue et participe aux évaluations en même temps que tout le monde, via son ordinateur sur lequel son sujet lui est envoyé.
"Le prochain défi, ce sera le travail en groupe. Il faudra qu’on voie comment on s’organise, à quel endroit on l’installe", se projette déjà la professeure d'histoire-géographie. Et pour les futurs exposés, il n'y a aucun doute, "il y arrivera sans soucis", s'accorde à dire le personnel du lycée Saint-Joseph.