Vincent Lambert : l'arrêt des traitements a débuté, "le CHU est déterminé à aller jusqu'au bout" selon son neveu

L'arrêt des traitements de Vincent Lambert a démarré ce lundi 20 mai au CHU de Reims. Ses parents s'opposent toujours à cette décision.

C’est sous un ciel bas et dans la fraîcheur qu'une petite masse de journalistes attend patiemment devant l’hôpital Sébastopol, à Reims, ce lundi 20 mai. Sur le coup des 9h30, David Philippon, le demi-frère de Vincent Lambert, militant pour le maintien des soins, arrive à pied. Il annonce en pleurs aux journalistes : "On a reçu un mail, Vincent est sédaté."

Quelques minutes plus tard, c'est au tour de Viviane Lambert de faire son apparition. Désormais rompue à l'exercice médiatique, la mère de Vincent Lambert abaisse la fenêtre de sa voiture et clame aux journalistes, "ce sont des monstres, ce sont des nazis", elle aussi en larmes.

Le docteur Vincent Sanchez, qui dirige le service des soins palliatifs, avait prévenu la famille de Vincent Lambert le 11 mai que l'arrêt des traitements débuterait "la semaine du 20 mai". La procédure peut prendre de quelques jours à une ou deux semaines, selon les médecins que nous avons interrogés. Favorable à l'arrêt des soins, François Lambert souhaite que "ce soit le plus rapide possible pour que Vincent ne souffre pas." Dans ce contexte, le neveu de Vincent redoute : "On est arrivés à un moment où les soutiens des parents étaient plus de 100 hier, ils seront 500 demain et plus de 1.000 après. Ils ont une capacité de mobilisation et de mise en scène que l'on connaît… leur laisser le temps n'est pas une solution non plus. Et puis cela les prive de faire leur deuil."

 

"Le CHU est déterminé à aller jusqu'au bout"


En milieu d'après-midi ce 20 mai, le neveu de Vincent Lambert, favorable à l'arrêt des soins, s'est rendu au chevet de son oncle. Pour lui, "des mesures ont été prises par le CHU de Reims". Il affirme : "On voit que le CHU est déterminé à aller jusqu'au bout." Et de conclure : "Tout a été décidé. Le personnel soignant qui était mal à l'aise avec ce climat a posé des jours mais ceux qui restent sont décidés. Dans l'inconscient collectif, Vincent va partir point."

   
 

"C'est un crime" 

"Il y a pas mal d'agitation" autour de la chambre de Vincent Lambert, raconte son père Pierre. En plus de lui et de sa femme, quelques membres de sa famille sont venus au chevet de leur fils. Des agents de sécurité sont également présents. "J'ai rencontré quelques secondes le docteur Sanchez. Je lui ai dit : 'Vous n'avez pas le droit, ni médicalement, ni moralement.'"
 

 

Viviane Lambert revient un peu plus tard devant les journalistes. Elle se dit outrée d'avoir appris l'arrêt des traitements par un email du médecin : "C'est une honte. Hier, on a passé tout l'après-midi avec notre fils, il le savait, c'était programmé. Il s'est permis de nous envoyer un email, froidement."

"C'est un crime, c'est tout, poursuit-elle. C'est pour faire passer l'euthanasie, ça les arrange […] C'est une honte, j'ai honte pour la France, pour la médecine. Mon mari qui est médecin m'a dit : 'On enterre Hippocrate !'"
   
En fin de journée, Viviane Lambert est revenue à l'hôpital accompagnée de deux moines en soutane, présentés comme des amis de la famille. Après une courte discussion avec les services de sécurité, ils ont été autorisés à entrer dans l'enceinte de l'hôpital.
   

"Acharnement thérapeutique"

Dans un email envoyé à la famille, dont l'AFP a obtenu copie, le Dr Sanchez indique : "Dans cette période douloureuse, j'espère pour Monsieur Vincent Lambert que chacun saura ouvrir une parenthèse et se rassembler, auprès de lui, afin que ces moments soient le plus paisibles, intimes et personnels possible".

Une allusion aux positions inconciliables qui déchirent la famille depuis six ans : d'un côté, les parents fervents catholiques, un frère et une soeur s'opposent à l'arrêt des traitements ; de l'autre, son épouse Rachel, son neveu François et cinq frères et soeurs veulent mettent fin à cet "acharnement thérapeutique".
 
Validée par le Conseil d'État fin avril, l'interruption des soins prévoit, selon une source médicale, l'arrêt des machines à hydrater et alimenter ainsi qu'une sédation "contrôlée, profonde et continue" de cet homme aujourd'hui âgé de 42 ans, ainsi qu'une prise d'analgésiques "par précaution".

Vincent Lambert est hospitalisé dans un état végétatif depuis plus de dix ans, après un accident de voiture qui l'a rendu tétraplégique. Les parents de Vincent Lambert ont saisi lundi le Conseil d'Etat, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et la Cour d'appel de Paris pour demander le maintien des soins prodigués à leur fils. La CEDH a rapidement rejeté leur demande, faute d'"élément nouveau".
 
Emmanuel Macron s'exprime
Dans un message posté sur Facebook, le président de la République indique : "Il ne m’appartient pas de suspendre une décision qui relève de l'appréciation de ses médecins et qui est en conformité avec nos lois."

Il ajoute : "Je n'ai pas à m’immiscer dans la décision de soin et de droit qui a été prise dans le cas de Vincent Lambert. Juste à réaffirmer les principes fondamentaux qui tiennent notre Nation et prévalent sur toute autre considération : le combat pour la vie, le respect de la mort, la protection de chacun. Nous devons aujourd’hui une chose à Vincent Lambert et à sa famille : le respect de leur intimité et de leur douleur."
 
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