Après le désistement, la semaine dernière, de trois médecins chargés d'établir l'état clinique de Vincent Lambert, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne annonce qu'il pourrait renoncer à une nouvelle expertise pour se prononcer sur l’arrêt des traitements.
Est-ce un premier pas vers l'arrêt des soins ? Ou un énième rebondissement qui en appelle d'autres ? Ce mercredi, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est interrogé sur la pertinence d'une éventuelle nouvelle expertise censée établir l'état clinique de Vincent Lambert.
Le tribunal annonce "deux pistes de réflexion : soit rechercher trois nouveaux experts et réaliser l'expertise, soit tirer les conséquences de l'échec de la première expertise" et, dans ce cas, "statuer sans attendre" sur la décision d'arrêt des traitements.
Vincent Lambert, ancien infirmier de 41 ans, est hospitalisé à Reims dans un état végétatif depuis 2008. Ses parents, un frère et une soeur, sont fermement opposés à l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielles de leur proche, qu'ils considèrent comme "handicapé".
Depuis cinq ans, ils contestent les décisions judiciaires et médicales en ce sens, dont la quatrième procédure d'arrêt des soins décidée de façon collégiale par le CHU de Reims le 9 avril. Après plusieurs recours et une expertise suspendue fin mai, le collège de trois médecins nommés par le tribunal administratif pour établir "le tableau clinique" du patient - la dernière expertise réalisée à la demande du Conseil d'Etat date de 2014 - s'est désisté le 14 juin dernier, invoquant des "tentatives de manipulation" et "les critiques diverses" dont ils étaient l'objet.
"Nous réclamons cette expertise et surtout la vérité sur la situation médicale de Vincent Lambert" dont "l'état de conscience et d'éveil" a évolué, a plaidé Me Jean Paillot, l'un des avocats des parents, qui militent pour une expertise dans une unité spécialisée, hors de l'hôpital.
Mais "l'expertise n'apportera rien au débat car les médecins sont allés au bout de leur logique, et seule compte l'obstination déraisonnable", a rétorqué Me Gérard Chemla, avocat de François Lambert, neveu de Vincent Lambert. Il appelle, comme d'autres membres de la famille dont l'épouse et tutrice légale du patient, Rachel Lambert, à un arrêt des soins, au regard du quotidien de leur proche qui est devenu, selon les termes du Dr Sanchez du CHU, "un corps souffrant".
La date du délibéré n'a pas été communiquée.