La chambre d'agriculture 54 a rédigé une charte d'engagement sur l'utilisation des pesticides. Elle est ouverte à la consultation jusqu'au 25 juin mais les associations de protection de l'environnement dénoncent le manque d'ambition de cette charte.
Quelles distances entre les habitations et l'épandage de pesticides dans le champ voisin ? C'est l'objectif principal de la "charte d'engagements lors des utilisations agricoles de produits phytopharmaceutiques". En Meurthe-et-Moselle, ce sont les derniers jours pour donner son avis. Vous avez jusqu'au jeudi 25 juin 2020 à 17h pour répondre à la concertation publique ouverte en ligne.
Cette charte va juste permettre de réduire encore des distances qui sont déjà ridicules.
La Chambre d'agriculture de Meurthe-et-Moselle a rédigé la charte et proposé cette concertation, "dans un souci du bien vivre ensemble, pour favoriser le dialogue entre les habitants, les élus locaux et les agriculteurs."
Mais du côté des associations environnementales, on estime que cette charte est une mascarade, un projet sans ambition. "Cette charte va juste permettre de réduire encore les distances qui existent, et qui sont déjà ridicules, s'agace Patrcik Génin, coordinateur à l'association Les Coquelicots. Nous avions fait des observations et aucune n'a été retenue."
Les distances actuelles sont instaurées par la loi. La Chambre d'agriculture explique donc que la charte ne peut pas être plus contraignante pour les agriculteurs.
3 mètres ou 150 mètres
Les associations proposent que les produits phytosanitaires soient épandus le plus loin possible des habitations, au moins 150 mètres, en raison des risques pour la santé. "On parle quand même de produits qui tuent le vivant : des fongicides, des herbicides... Ça va avoir un impact sur la faune et la flore, assure Patrick Génin. Mais nous sommes aussi des êtres vivants et ça va avoir un impact sur notre santé."
Aujourd'hui, les agriculteurs doivent respecter plusieurs distances minimales, selon le type de culture et de produits. Les produits les plus dangereux sont pulvérisés à 20 mètres des habitations, et ça ne changera pas. Mais la charte va permettre de réduire les distances de 5m et 10m, pour les abaisser à 3m et 5m.
Sans pesticide, ça marche !
Le débat fait rage même entre les agriculteurs. Rémy Toussaint est paysan bio à Reillon, représentant de la Confédération paysanne à la Chambre d'agriculture. Il est convaincu que c'est possible de produire sans pesticides. "Si on avait mis en place des zone de non traitement de 150 mètres, ça permettait aux paysans de faire autrement et de faire la preuve que sans produits, ça marche", assure Rémy Toussaint. Il trouve que le débat est hypocrite. "On reconnait la dangerosité des pesticides mais on ne prend pas la mesure de ce qu'il faut faire demain."
Une augmentation de la bande tampon entre les habitations et les zones d'épandages représenteraient une perte de revenus pour l'agriculteur. "Les rendements de la zone non traitée vont baisser, explique le président de la FDSEA 54, Luc Barbier. Et les mauvaises herbes qui vont s'y développer gagneront les cultures."
Les associations déplorent que la concertation publique se déroule dans un tel contexte, en sortie de crise sanitaire. Les réunions publiques sont interdites. "Il est difficile de mener des discussions sereines dans ces conditions," regrette Patrick Génin.