La cérémonie d’installation du nouvel évêque de Metz, Monseigneur Philippe Ballot, ancien évêque de Maurienne et Tarentaise, aura lieu, dimanche 4 septembre dès 15h, dans la cathédrale Saint-Etienne. Nous lui avons posé 5 questions avant sa prise de fonction.
Nommé conjointement -C'est la règle en Alsace-Moselle, terre concordataire- par le pape François et le Président de la République, monseigneur Philippe Ballot sera officiellement le 104ème évêque de Metz dès qu’il aura été installé, ce dimanche 04 septembre 2022, dans le siège de l’évêque, la cathèdre, au sein la cathédrale Saint-Etienne de Metz.
Dans quel état d’esprit êtes-vous trois jours avant votre installation ?
"Ma première installation était particulière. Ce n’était pas tout à fait une installation, puisque j’étais ordonné évêque. Ensuite, j’ai pris la possession de la cathédrale de Chambéry. Là comme je suis déjà évêque, je prends possession de la cathédrale de Metz et ça se manifestera dans la célébration. C’est mon deuxième poste, puisqu'évêque je le suis depuis le 26 avril 2009. Je change simplement de diocèse.
Pour répondre à votre question : j’étais dans mon diocèse et très heureux en Savoie. J’avais été bien accueilli. J’avais mes projets et quand j’apprends qu’on me demande de changer, ma première réaction c’est un arrachement, un déracinement parce qu’on est attaché à des personnes, on est attaché à un terroir. Et puis ensuite, comme prêtre et évêque, on est très disponible, on est appelé à bouger à répondre aux appels. On se prépare à découvrir le diocèse où on sera envoyé. Il se trouve que c’est la Moselle et ce n’est pas très loin de mon village natal, Corbenay en Haute-Saône et donc petit à petit, il y a de la joie qui s’installe. On se dit qu’on va pouvoir découvrir d’autres personnes, créer de nouveaux contacts : ça créé une dynamique en soi, comme ça va créer une dynamique dans le diocèse."
Le fait que le pape François vous ait nommé signifie-t-il que vous soyez un esprit plus ouvert dans l’Eglise d’aujourd’hui ?
"J’ai beaucoup de mal à pouvoir qualifier si on n’est plus ouvert ou moins ouvert puisque je suis toujours ce que je suis et le pape qui m’a appelé à devenir évêque, c’est le pape Benoît XVI. Donc je ne sais pas s’il est question d’ouverture ou pas, en tout cas je me trouve très bien dans les trois derniers pontificats Souvent, je cite ce bel exemple. Lorsque le pape François a été élu, un diocésain m’a offert la photo des trois papes en même temps : Jean-Paul II, Benoît XVI et puis François et il a illustré cette photo où on les voit tous trois avec les trois vertus théologales. Ce qui constitue pour nous notre identité d’homme et de croyant.
Le pape Jean-Paul II, c’était l’espérance. Il a dit n’ayez pas peur, ouvrez les portes. Le pape Benoît XVI, c’était l’enracinement. Il a dit 'enracinez-vous dans la foi. Retrouvez l’existence de Dieu dans votre vie. Allez au plus profond de vous-même'. Et puis le pape François dit 'allez vers autres. Aimez les personnes. C’est en les aimant, en les rencontrant que vous allez pouvoir rejoindre ce qu’il y a de plus profond en eux'. I
l y a une sorte, je trouve, de complémentarité que m'a fait découvrir ce diocésain et j’aime bien contempler cette photo qu’il m’a donné. Aujourd’hui, je suis très à l’aide avec le pape François."
Quelle est la mission d'un évêque ?
L’étymologie du mot "évêque" veut dire "veiller sur".
Monseigneur Philippe Ballot, évêque de Metz
"L’évêque est quelqu’un qui veille sur tous les chrétiens, catholiques, d’une géographie, d’un territoire et qui a aussi le souci de toute la population, pour annoncer ce qui constitue la vie du croyant et qui peut éclairer et aider toute personne en lui disant que sa vie, ce n’est pas simplement des cellules qui sont bien organisées et qu’il maîtrise plus ou moins, mais qu’elle est habitée par une force qui vient de Dieu, c’est l’amour !
D’une manière très concrète, ça se rattache à Jésus-Christ, qui pour nous est vraiment la manifestation de Dieu. Autour de Jésus, il y a eu ce choix des douze apôtres. Ces apôtres ont continué de partager leur expérience, mais après il a bien fallu les remplacer et ils l’ont été par les évêques. On est successeurs des apôtres. Il y en a un qui est particulier : c’est le pape, parce qu’il est successeur de l’apôtre Pierre, fondateur de l’Eglise. Les évêques sont donc les successeurs de tous les autres apôtres. On est passé de douze apôtres à quelques milliers.
L’évêque veille donc sur tous les catholiques et puis il y a tous les autres dont il ne faut pas négliger la présence, ce qui implique des initiatives de rencontre, de dialogue."
Quels sont projets pour votre futur diocèse ?
"Je n’ai pas encore imaginé de projets pour le diocèse de Metz parce que je pense que la première chose que doit faire un évêque quand il arrive dans un diocèse, c’est d’aller rencontrer des personnes : les prêtres, les communautés paroissiales, les élus. Pour sentir, comprendre et puis s’inscrire dans ce qui existe déjà : c’est-à-dire les perspectives de mes prédécesseurs et les orientations pastorales pour comprendre ce qu’il y a derrière les mots employés.
J’apporterai ce que je suis avec mes convictions, ma personnalité, mon histoire, mes racines, etc."
Je pense qu’on ne peut à aucun moment démontrer que Dieu n’existe pas. Après, on ne peut pas démontrer scientifiquement que Dieu existe.
Philippe Ballot, nouvel évêque de Metz
Un ouvrage scientifique à paraître traite de l’inexistence de Dieu : qu’en pensez-vous ?
"Je lirai avec beaucoup d’attention ce livre parce que j’ai lu d’autres ouvrages scientifiques qui formulent l’hypothèse qu’un dieu créateur n’est pas du tout absurde et qu’elle peut se conjuguer avec la démarche scientifique.
Je pense qu’on ne peut à aucun moment démontrer que Dieu n’existe pas. Après on ne peut pas démontrer scientifiquement que Dieu existe. La vrai question, c’est 'd’où vient cette intelligence qui nous appartient : il y a-t-il un monde intelligible sans qu’il y ait une intelligence à son début et le mot création', c’est le mot qui essaie de dire que Dieu est à l’origine, mais ce n’est pas simplement une origine comme la fabrication de quelque chose et je trouve que la physique quantique, la physique de l’infiniment petit ou les notions habituelles que nous avons et qui sont des notions de localisation des choses, de situation des choses dans le temps ne sont plus pertinentes et qu’on essaie de comprendre. C’est de l’information qui circule, c’est de la relation et ça, ça m’interpelle parce que je dis quand on parle de Dieu en régime chrétien : on ne dit pas qu’il y a Dieu tout seul là au-dessus, on dit qu’il est trinité. C’est-à-dire qu’il est relation et information."
L’installation de Monseigneur Philippe Ballot, 104ème évêque de Metz, se déroulera dimanche 4 septembre 2022, dès 15h, en la cathédrale Saint-Etienne.