Ce médecin généraliste, âgé de 82 ans, continue d'exercer pour rendre service à la population de Fontoy en Moselle. Henri Boguet n'envisage pas pour l'instant de prendre sa retraite. Un choix tout personnel qu'il nous explique.
À Fontoy, près de Thionville, en Moselle, le docteur Henri Boguet continue, à 82 ans, d'exercer dans son cabinet, installé dans l'une des rues principales de la commune. Maire de Fontoy pendant près d'un demi-siècle, ce généraliste avait bien pris sa retraite il y a quelques années, mais il continuait de faire des remplacements pour soutenir ses confrères.
Déjà je me sens encore en forme pour travailler. Ça me fait plaisir de sortir les gens de la merde. Servir la population, c'est mon boulot
Henri Boguet, médecin généraliste à Fontoy
Il y a cinq ans, le départ de plusieurs médecins l'a conduit à rouvrir son cabinet à temps plein. "Déjà, je me sens encore en forme pour travailler" raconte le médecin octogénaire. "Et puis, comme il ne restait plus qu'un médecin à Fontoy -ce qui est largement insuffisant- les malades de la région n'avaient plus de docteur, alors j'ai remis ma plaque."
"Les gens étaient désemparés parce que les généralistes de la région ne prenaient plus de nouveaux patients.Ça me fait plaisir de sortir les gens de la merde. J'ai été maire pendant 49 ans. Je commençais le matin à 8 heures, je terminais le soir à 11 heures. Pour moi, c'était dans la logique des choses. Je ne sais pas si je suis un phénomène… Peut-être. Servir la population, c'est mon boulot".
Près de 50 ans de carrière
Le docteur Bogue, c'est le médecin de famille comme il en existait tant autrefois. Ici, les rendez-vous se prennent encore au téléphone et non sur une plateforme, certes pratique, mais déshumanisée.
Il y a une consommation plus importante de la consultation, c'est-à-dire que les gens consultent beaucoup plus facilement qu'autrefois. Et puis les tâches administratives c'est épouvantable
Henri Boguet, médecin généraliste à Fontoy
En presque 50 ans de carrière, ce généraliste octogénaire est bien placé pour observer l'évolution de sa profession : "il y a une consommation plus importante de la consultation, c'est-à-dire que les gens consultent beaucoup plus facilement qu'autrefois. Et puis les tâches administratives, c'est épouvantable. Si vous voulez hospitaliser un malade, vous êtes obligé de téléphoner au service pour voir s'il y a une place. Vous perdez un quart d'heure ou une demi-heure parce que bien souvent, vous devez déranger le chef de service, ce qui n'est pas normal. Pour la sécu, c'est la tarte à la crème, déjà pour avoir quelqu'un au bout du fil..." .
Quant à l'évolution du tarif de la consultation, Henri Boguet ne mâche pas ses mots : "je ne suis pas là pour pleurer, je vous le dis tout de suite, mais je trouve que c'est quand même malheureux qu'à une dizaine de kilomètres d'ici, au Luxembourg, le tarif des consultations soit le double."
Pas de retraite en vue
Lorsque vous demandez au Docteur Boguet s'il compte prendre sa retraite prochainement, voici sa réponse qui fuse telle une évidence pour lui : "je n'ai pas envie de m'emmerder parce qu'il y en a beaucoup de ma génération qui sont à la retraite et quand on voit comment ils vieillissent ce n'est peut-être pas le bon exemple. J'ai peut-être la chance d'avoir une bonne santé, mais ce n'est pas le travail qui m'a tué."
Mon âge, je n'y pense plus. Si demain, je me sens fatigué ou incapable de faire quelque chose - un accident cérébral, ça peut arriver à tout le monde- je serais bien obligé de m'arrêter. Je n'ai pas envie de m'arrêter et puis il y a un besoin.
Henri Boguet, médecin généraliste à Fontoy
"Mon âge, je n'y pense plus. Si demain, je me sens fatigué ou incapable de faire quelque chose - un accident cérébral, ça peut arriver à tout le monde- je serais bien obligé de m'arrêter. Je n'ai pas envie de m'arrêter et puis il y a un besoin. Ça fait plaisir quand les gens repartent et vous disent heureusement que vous êtes là. C'est le meilleur remerciement." Et ça lui suffit encore pour le moment.