Le Salon du chiot qui s’est tenu début avril 2023 aux Arènes de Metz suscite la polémique. Selon plusieurs témoignages, certains animaux achetés sur place sont morts ou malades depuis. Les associations dénoncent une atteinte au bien-être animal.
Le dernier Salon du chiot de Metz (Moselle), qui s’est tenu durant le week-end du 1 et 2 avril 2023, fait polémique. Plusieurs visiteurs rapportent des maladies ou même le décès de leur animal, suite à un achat sur place. Les associations, quant à elles, considèrent qu’un tel événement est incompatible avec le bien-être animal. Une pétition, signée par près de 30.000 personnes, demande aux Arènes de Metz de ne plus accueillir ce type de rendez-vous.
"Vendre, coûte que coûte"
Sur place, les acheteurs craquent pour le joli minois ou les beaux yeux d'un chiot. Tout est simplifié pour leur permettre un achat rapide, comme des facilités de paiement en plusieurs fois sans frais. “Les tarifs dépassent souvent les prix des élevages classiques. On trouve des chihuahuas à 2.500 euros et des éleveurs proposant dix-sept races différentes sur le même stand. Le but est de vendre, coûte que coûte. C’est de l’élevage "usine", le profit est poussé au maximum. Les chiots sont exposés à plusieurs dans des “cages à lapin”, parfois entourées de cellophane, pour qu'on ne les caresse pas, avec à peine de quoi respirer”, dénonce Cassandra Bizzini, cofondatrice du Groupe d'Actions Animales Moselle, un collectif antispéciste.
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Sur place, les documents sont antidatés par les éleveurs pour que les gens puissent acheter tout de suite, c’est indétectable
Cassandra Bizzini, cofondatrice du Groupe d'Actions Animales Moselle
Plusieurs chiots sont ensuite abandonnés, suite à un achat impulsif. “Le Salon du chiot compte sur les coups de cœur, les achats irréfléchis. Certains acheteurs n’ont jamais eu d’animal et n’ont pas idée de l’engagement que cela implique. Depuis octobre 2022, la loi oblige les visiteurs à signer un “certificat d'engagement et de connaissance”, sept jours avant l’achat du chiot. Pourtant sur place, les documents sont antidatés par les éleveurs pour que les gens puissent acheter tout de suite, c’est indétectable. En outre, dans ce type de salon, le délai de rétractation de quinze jours n’est pas possible après l’achat d’un animal”, explique Cassandra Bizzini, du Groupe d'Actions Animales Moselle.
On n’accepte que les éleveurs que l’on connaît bien, on en refuse à chaque événement, mais le risque zéro n’existe malheureusement nulle part
Bernard Moreau, président de Passion Chiots et organisateur du Salon du chiot de Metz
Selon les organisateurs de l'évènement, tout est pourtant scrupuleusement vérifié en amont. “On rappelle, à chaque salon, qu’il ne faut surtout pas faire d’antidatage. On prévient bien les visiteurs qu’il faut signer le “certificat d’engagement et de connaissance”, sept jours avant de venir au salon, pour acheter un chiot. Nous sommes très vigilants sur le choix des élevages sélectionnés et sur la santé des animaux, c’est très important pour nous. On n’accepte que les éleveurs que l’on connaît bien, on en refuse à chaque événement, mais le risque zéro n’existe malheureusement nulle part”, se défend Bernard Moreau, le président de la SAS Passion Chiots et organisateur du Salon du chiot de Metz.
Undy, chihuahua de 2 mois, mort trois jours après le salon
Rémy et sa compagne sont fous d’animaux. Ils ont déjà un chien et un chat. Samedi 1er avril 2023, en allant acheter des croquettes pour leur golden retriever au Salon du chiot de Metz, ils craquent finalement pour un chihuahua, né le 29 janvier 2023. Acheté 2.290 euros, en “bonne santé” d'après un certificat datant du lendemain de sa naissance, le chiot meurt à peine trois jours après le salon. Selon les vétérinaires consultés par le couple, le petit animal de 500 grammes à peine, était positif à la giardiose et au coronavirus canin au moment de son décès. L’éleveuse, de son côté, nie toute responsabilité. Rémy a rendez-vous la semaine prochaine chez son avocat.
Undy est mort trois jours après le salon d’un choc septique, suite à la giardiose et au coronavirus canin
Rémy, propriétaire de Undy
Dès le jour de l’achat, Rémy s'inquiète car Undy a des diarrhées, des difficultés à manger et des puces. "On l’a tout de suite emmené chez le vétérinaire. En parallèle, j’ai contacté l’éleveuse qui m’a dit de le pousser à manger, de lui donner de la pâtée et du miel. Ensuite, Undy a eu 40,8°C de fièvre, on est retourné chez le vétérinaire de garde. Puis, après une troisième visite, notre chihuahua est décédé le mardi 4 avril au matin. Notre vétérinaire traitant a fait une autopsie, Undy est mort trois jours après le salon d’un choc septique, il était positif à la giardiose et au coronavirus canin. Nous avons demandé à l'éleveuse de prendre en charge la moitié des 800 euros de frais vétérinaires, ce qu’elle a refusé”, déplore le propriétaire du petit Undy.
Il n’y a pas vraiment de traçabilité, certains élevages sont insalubres, manquent d’hygiène et vendent des animaux porteurs de virus
Cassandra Bizzini, cofondatrice du Groupe d'Actions Animales Moselle
Pour le Groupe d'Actions Animales, cette situation n'est pas isolée. "D'après les témoignages que nous avons recueillis, un petit husky est aussi décédé du parvovirus, juste après ce salon. Après chaque événement du genre, on a de mauvais retours. Certains de ces animaux, vendus et exposés comme des peluches sur place, décèderont peu après ou seront malades. Il n’y a pas vraiment de traçabilité, certains élevages sont insalubres, manquent d’hygiène et vendent des animaux porteurs de virus, qui peuvent contaminer les autres animaux”, dénonce la militante antispéciste Cassandra Bizzini.
Il y a parfois des accidents, même si on les réduit au maximum, avec toute la prévention possible
Bernard Moreau, président de Passion Chiots et organisateur du Salon du chiot de Metz
L'organisateur de l’événement, qui se décrit comme un passionné d’animaux, assure quant à lui que tout est fait pour minimiser les risques. “Un chien qui meurt, c'est toujours une grande détresse. C’est pourtant quelque chose qui peut arriver, même si c’est extrêmement rare, comme pour les humains. Malgré le certificat de bonne santé, si la vaccination n’a pas été efficace à 100% par exemple, il y a parfois des accidents, même si on les réduit au maximum, avec toute la prévention possible. Quand cela arrive, c'est terrible. C’est de la responsabilité de l’éleveur, il faut que ce dernier traite le litige aussitôt. Les éleveurs qui vendent un chien qui meurt dans la foulée ne doivent pas faire la sourde oreille. Il est normal qu’ils remboursent les frais vétérinaires”, estime Bernard Moreau, le président de Passion Chiots et organisateur du Salon du chiot de Metz.
Unna, eurasier femelle, trois maladies différentes
Lou-Anne et son conjoint ont déjà deux chats. Lorsqu’ils se rendent au Salon du chiot de Metz, le samedi 1er avril 2023, les jeunes parents ont le coup de foudre. Ils jettent leur dévolu sur un eurasier femelle, pour la coquette somme de 1.700 euros, et signent un certificat d’engagement anti-daté pour pouvoir repartir, tout de suite, avec l'animal. Pourtant, l’euphorie sera de courte durée. En seulement trois semaines, ils ont déjà dû débourser plus de 800 euros de frais vétérinaires. Leur chiot, Unna, souffre de trois maladies différentes.
Nous avons demandé un remboursement des frais vétérinaires, qui s’élèvent à 800 euros pour l’instant, mais l'éleveur nous propose 150 euros
Lou-Anne, propriétaire de Unna
Lou-Anne a contacté plusieurs associations de protection animale et a déposé plainte contre l’éleveur. "Dès le début, elle a eu des diarrhées et peu après, j’ai trouvé du sang dans son urine et ses selles. Là, le vétérinaire a décelé trois maladies, la giardiose, le coronavirus canin et le clostridium perfringens. J’ai acheté un chien en “bonne santé” selon son certificat, mais déjà malade en réalité. Nous avons un bébé à la maison, il aurait pu tomber malade car la giardiose est transmissible à l'homme. Nous avons demandé un remboursement des frais vétérinaires, qui s’élèvent à 800 euros pour l’instant, mais l'éleveur nous propose 150 euros”, témoigne la jeune maman.
Une lettre ouverte de l’association One Voice a été adressée aux organisateurs, la SAS Passion Chiots. Plusieurs associations de défense animale militent pour sensibiliser les visiteurs et les structures qui accueillent ce type de salons. Contactées par notre rédaction, les Arènes de Metz, qui ont accueilli l'événement, n'ont pour l'instant pas donné suite à notre demande d'interview.