Ces 50 dernières années, les viticulteurs ont observé une hausse de deux degrés dans les vignes en été. Si le réchauffement perdure, certains cépages auront du mal à résister. En marge de la Cop21, les professionnels et les scientifiques s'interrogent.
Florian Beck-Hartweg, viticulteur en biodynamie sur les hauteurs de Dambach-la-ville, a laissé pousser ses vignes très haut pour qu'elles servent de parasols au raisin l'été prochain. Dans les rangs de ses vignes, il ne désherbe plus : la végétation protège le sol des intempéries, de la sécheresse ou du soleil. Comme les autres vignerons de la région, le viticulteur a observé une hausse des températures de 2° ces cinquante dernières années. Il a donc du changer sa manière de cultiver. Les vendanges se font désormais un mois plus tôt en Alsace.Un avenir incertain
Pour l'instant, le réchauffement climatique est favorable aux professionnels : le vin a gagné en qualité. Mais si le réchauffement climatique se poursuit, quelles conséquences pour les vignes ? Difficile de le prévoir. Les viticulteurs pourraient changer leurs sépages et privilégier des vins rouges du sud, plus adaptés au climat chaud. Une solution que craint l'Interprofession : "Le vin rouge est moins porteur d'identité alsacienne que les grands blancs aromatiques, explique Jean-Louis Vézien, directeur du CIVA, le Centre interprofessionnel des vins d'Alsace. Parce que sur les blancs aromatiques, l'Alsace est à peu près seule."L'interprofession et l'INRA de Colmar ont entamé un programme de recherches. Son but : trouver par croisement un nouveau plan de vigne qui résisterait mieux aux pics de chaleur et à la sécheresse. Pour le voir pousser sur les coteaux alsaciens, il faudra attendre encore 16 ans.
Un rendement plus faible et davantage de travail manuel
Les viticulteurs qui choisiront de garder leurs cultures actuelles malgré les difficultés posées par le climat devront relevé un sacré défi. Ils risquent de devoir baisser leur rendement et d'avoir davantage recours au travail manuel.Reportage de Régine Willhelm et Didier Walter, avec les interviews de :
- Florian Beck-Hartweg, viticulteur en biodynamie
- Jean-Louis Vézien, directeur du CIVA, Centre interprofessionnel des vins d'Alsace
- Didier Merdinoglu, INRA - Santé de la vigne et qualité du vin
Pour l'instant, les changements climatiques sont favorables aux vignerons alsaciens. Mais qu'en sera-t-il dans 20 ou 50 ans ? Les professionnels et les chercheurs se penchent sur la question.
•
©France 3 Alsace