Samedi 25 janvier à Compiègne, la veille à Saint-Quentin : des messages haineux ont été collés sur les vitrines d'au moins deux commerces picards. La propriétaire de l'un d'eux, un traiteur vietnamien, explique ne pas comprendre ces agissements et pourquoi elle a décidé de déposer une plainte.
"Vous habitez chez vous et quelqu'un veut vous mettre dehors. À votre avis, vous pouvez supporter ça ?" Thi Bicha Ha Châtelain est "en colère, vraiment en colère, mais calme." Vendredi 24 janvier, au moment de rouvrir la boutique traiteur de cette veuve de 74 ans, sa fille découvre des messages racistes imprimés puis affichés sur la vitrine. Des inscriptions collées en plein jour, au cœur de Saint-Quentin, sur la devanture d'un commerce ouvert il y a plus de trente ans.
"Je vis normalement, et c'est tombé sur moi"
Pour sa propriétaire, arrivée du Vietnam en 1988 avec son mari français, c'est l'incompréhension. "Nous sommes de nationalité française, souligne-t-elle. On vit normalement, tranquillement, et on respecte la loi. Comme tous les citoyens français. Parce qu'on a considéré la France comme une patrie. [...] Autour de moi, voisins, voisines, les commerçants en centre-ville, tout le monde me connaît et tout le monde est très gentil avec moi. Jamais, on va avoir des problèmes."
Ma fille, elle a peur. Mais moi, je n'ai pas peur, parce que je pense que ce ne sont pas tous les Français qui pensent comme ça, qui font des bêtises comme ça. C'est uniquement un petit groupe. [...] Ce ne sont pas tous les étrangers qui doivent supporter ça. Il y a des gens bien, des gens mauvais. Mais pourquoi ? Je vis normalement, et c'est tombé sur moi.
Dépôt de plainte
La commerçante a porté plainte. Elle compte se battre notamment pour son petit-fils, en France depuis l'âge de 3 ans : "Il est vraiment Français, de la tête aux pieds. Maintenant, des trucs comme ça pourraient réveiller en lui des doutes. Surtout lui, il est en colère. C'est normal, on peut comprendre. Il a beaucoup d'amis qui ont appelé l'ont soutenu, ont téléphoné pour voir, pour consoler."
Elle espère se défendre contre toute récupération. "Je ne veux pas servir pour n'importe quel but, insiste-t-elle. Je veux une vie tranquille pour ma famille, c'est tout." D'autres inscriptions de ce type ont été retrouvées le lendemain sur un commerce de Compiègne, à 80 km de là. Là encore, une plainte a été déposée.