Pour la deuxième année consécutive, la fondation Abbé Pierre organise "Les pics d'or", une cérémonie qui épingle les dispositifs anti-SDF de certaines villes. Cette année, Lille et Calais sont nominées. La première pour le "dispositif le plus fourbe", et la seconde pour "l'arrêté 'anti-précaires'".
La fondation Abbé Pierre a nominé Lille et Calais pour sa cérémonie des "pics d'or". Celle-ci dénonce les "dispositifs urbains anti-SDF" qui regroupent l'ensemble du "mobilier urbain ou privé (grilles, pics, roches, poteaux, ...) et des mesures administratives (arrêtés anti-mendicité, anti-bivouac) qui empêchent intentionnellement ou non, les personnes sans-domicile de s'asseoir ou de s'allonger dans la rue".
Pour l'association, "ils invisibilisent les personnes les plus démunies, en les éloignant des centres-villes et, in fine, des regards."
Pour trouver les nominés, elle a fait appel aux réseaux sociaux. Avec le mot-dièse #Soyonshumains, les internautes sur Twitter peuvent prendre en photo un dispositif qu'ils jugent anti-SDF ou alors envoyer la photo par e-mail.
A Lille, des dispositifs anti-SDF en question
Pour cette deuxième cérémonie des Pics d'Or, la fondation Abbé Pierre pointe du doigt la ville de Lille. Elle est nominée dans la catégorie "ni vu ni connu" pour le prix "du dispositif le plus fourbe".
Ce prix dénonce que des endroits, où auparavant les personnes sans-abri pouvaient s'allonger ou au moins s'asseoir, soient transformés pour des raisons présentées comme "esthétiques".
Autre candidat aux #PICSDOR à Lille avec ce dispositif #AntiSDF qu'on voudrait faire passer pour de la ddécoration urbaine, au 289 rue Solférino. @Abbe_Pierre #SoyonsHumains pic.twitter.com/TUoyG1YEKB
— Abej SOLIDARITE (@AbejSolidarite) December 16, 2019
Un exemple cité est celui du 292 rue Solférino, à Lille. Une grille travaillée a été installée à un endroit où un homme ou une femme aurait pu s'allonger.
En 2019, près de 3 000 personnes sans-abri étaient recensées dont 680 enfants au sein de la Métropole européenne de Lille selon un rapport paru fin novembre.
A Calais, l'interdiction de distribuer les repas dans le viseur
La fondation Abbé Pierre a nominé la ville de Calais dans la catégorie "Bouge de là" pour le prix arrêté "anti-précaires". En cause, l'arrêté interdisant la distribution de repas aux personnes migrantes en centre-ville pris peu arrivant l'arrivée du dragon à Calais, le 18 octobre dernier.
Beaucoup d’associations et d’organisations, comme @MdM_France @lacimade @caritasfrance @AubergeMigrants @Abbe_Pierre etc., dénoncent les nouvelles actions municipales qui stigmatisent et excluent les personnes #exilées de la vie sociale à #Calais. pic.twitter.com/1vRvtIp1u7
— Hisham ALY (@His_HMA) October 31, 2019
Les élus disaient craindre que "les troubles générés par la présence de migrants [fragilisent leur, ndlr] bonne organisation" et "portent atteinte à la sécurité des familles et des touristes."
Parmi ces troubles "constatés par les forces de sécurité" et "générés par les attroupements de migrants", selon le communiqué : un "amoncellement de déchets", des "déjections humaines", la "présence de rats", des "rixes".
En décembre 2019, le tribunal administratif de Lille déplore "non compétente" la mairie de Calais pour prendre ce type d'arrêté. Cette décision faisait suite à la saisie en 2017 du tribunal administratif par plusieurs associations d'aide aux migrants.
La cérémonie de remise des prix aura lieu à Paris, le lundi 2 mars prochain. Dans le jury, seront notamment présents l'humoriste et chroniqueur sur France Inter Guillaume Meurice et l'humoriste Blanche Gardin.