LOSC. Pelouse envahie par des supporters : l'affaire en 4 questions

Que s'est-il passé ? Comment réagit le LOSC ? Quelles conséquences ? Quelles sanctions ? 

Que s'est-il vraiment passé ? Des joueurs ont-ils reçu des coups ?


Coup de sifflet final. Des supporters du LOSC, en masse (plusieurs centaines) sautent des tribunes du stade Pierre-Mauroy, courent vers leurs joueurs et en frappent -notamment à coups de pied- quelques uns. Le tout sous le regard noir du président-propriétaire du club Gérard Lopez, impuissant. Une action visiblement préméditée par les groupes de supporters ultras du LOSC, notamment les DVE, puisque la plupart des supporters venaient de cette tribune.

Un imposant cordon de stadiers s'est rapidement déployé pour éviter le pire (notamment pour protéger l'entrée du tunnel) et les envahisseurs ont quitté le terrain une dizaine de minutes plus tard, après avoir scandé leur colère. «Si on descend, on vous descend», "Mouillez le maillot", "Bougez-vous le cul", ont scandé certains supporters.


Aucun blessé n'a été signalé mais des joueurs ont bien été "touchés", "bousculés" par certains supporters. Les images le montrent et Christophe Galtier l'a évoqué lors de sa conférence de presse. "Ils ont essayé de me donner un coup de pied mais c'est le stadier qui l'a pris, a également raconté Thiago Maïa. Et le stadier m'a conduit dans le vestiaire rapidement."

Nicolas Pépé a toutefois tenu à dire sur les réseaux sociaux qu'il n'avait "pris aucun coup".


Comment ont réagi les dirigeants et joueurs du LOSC ?


Gérard Lopez, présent lors de ce LOSC-Montpellier, n'est pas venu voir les journalistes à l'issue du match. C'est le directeur général du club qui a pris la parole. "C’est une situation qui n’est pas acceptable, a réagi Marc Ingla. J’en profite pour remercier le travail des services de sécurité. Ils ont fait un bon travail, ils ont bien géré la situation. On a presque 200 caméras de sécurité. On va avoir zéro tolérance avec la violence. On va faire des analyses des situations spécifiques des violences, avec des coups. On n’accepte pas cette situation. Surtout, on va le faire (le maintien) ensemble, on va rester en L1. Nous en sommes convaincus. On va se battre. On va le faire ensemble avec les joueurs et les supporters."



Christophe Galtier, l'entraîneur du LOSC, a également condamné ces agissements : "Mes joueurs ne méritent pas ça. Nos supporters sont en colère, il y a de la frustration, de la peur de voir l'équipe descendre en Ligue 2. Ça, je le comprends, mais envahir le terrain et aller dans la violence ça n'arrange rien. Si nos supporters pensent qu'en mettant une pression physique sur les joueurs ça va améliorer l'équipe, je peux leur dire que non, ça n'améliorera pas cette équipe. On attend quoi, qu'il y ait un malheur ? Là il y a eu incident, et on fait quoi quand il y aura un accident ? Je ne peux pas cautionner ce qui s'est passé, car ça peut déborder sur des drames."

«Je ne comprends pas leur réaction, a affirmé de son côté le capitaine du LOSC, Ibrahim Amadou. Ils ont réagi comme si le Championnat était fini et qu'on était déjà descendu alors qu'il reste neuf matches. Comme s'il n'y croyaient plus alors que nous, on y croit encore. (...) Ceux qui ont envie de nous soutenir sont bienvenus au stade, les autres c'est pas la peine de revenir".


L'ancien président du LOSC Michel Seydoux a aussi réagi dimanche par un tweet : "Ce qui c’est passé hier soir au stade PM est inacceptable, je comprends la déception des supporters mais la maîtrise des émotions est prioritaire. Cette méthode conduira directement au chaos."

Qu'en disent les groupes de supporters ?


La plupart des groupes de supporters disent ressentir la colère des "envahisseurs" mais se désolidarisent des actes éventuellement violents de certains d'entre eux.

Les "Go Rijsel Spirit" écrivent par exemple sur leur page Facebook : "Pour faire simple, notre groupe pense que cet envahissement de terrain était l’effet d’un ras le bol, que le LOSC était prévenu que la situation était une poudrière. Par contre, sur le sujet des coups au joueurs, si il y a eu des coups, nous ne nous sentons pas concernés et laissons les gens juger comme ils le veulent. Notre groupe n’a jamais eu un caractère violent et à toujours eu l’esprit familial et nous souhaitons que le club se maintienne, il est vrai que la situation est très difficile. Nous maintenons que nous voulons aider le club à se maintenir."

Les "Dogues d'honneur" écrivent de leur côté : "Nous condamnons les agissements de certains "supporters" et continuons à soutenir notre équipe. Un envahissement de terrain n'a jamais fait gagner un match."

Sur RMC, un supporter qui envahi le terrain expliquait ce samedi soir : " "Les joueurs manquent de respect face aux supporters. Ils n'ont aucune conscience de la ville, du club, de la situation".

Les DVE, à l'origine de l'envahissement de terrain ont publié dimanche après-midi un communiqué : "Nous assumons l’envahissement de terrain mais ne cautionnons pas les très rares violences isolées d’hier, largement exagérées par certains médias et déjà démenties par le principal joueur intéressé"

Cette semaine, des groupes de supporters avaient pourtant appelé à l'union sacrée avec leur équipe dans un communiqué, suite à leur rencontre avec le président Lopez, qui les avait incités à exprimer leur mécontentement.



"M. Lopez sera présent lors du prochain match contre Montpellier, avaient écrit dans un compte-rendu de la réunion les Dogues d'honneur, un des sections présentes. Il remercie les supporters de leur soutien lors des derniers matchs. Il est étonné de voir un tel soutien pendant 90 minutes et de ne voir les mécontentements qu'aux fins de matchs. Il pousse les supporters à pousser même à gueuler contre les joueurs s'ils n'apportent pas satisfaction."

Ironie de l'histoire, M. Lopez se félicitait avant la rencontre au micro de beIN Sports du bon dialogue qu'il pouvait y avoir avec les groupes de supporters... Des supporters avaient aussi manifesté leur mécontentement sur le parvis du Stade Pierre-Mauroy avant le match.

Que risque le LOSC ? Quelles conséquences pour la fin de saison ?


La Ligue de Football Professionnel (LFP) va évidemment se saisir de cette situation. Des sanctions semblent inévitables. Et prévues par le réglement de la FF auquel se réfère la LFP.

Et la jurisprudence montre que le LOSC risque gros. Deux exemples récents, quoique différents, peuvent laisser entrevoir les sanctions auxquelles le LOSC doit s'attendre.
  • En avril 2017, des débordements avaient entraîné l'interruption match Bastia-Lyon au Stade Furiani. Une cinquantaine de supporters s'en étaient pris aux joueurs adverses. Sanction : un match perdu sur tapis vert + deux matchs à jouer sur terrain neutre et à huis clos.
  • En octobre 2014, des incidents avaient eu lieu lors du match Nice-Bastia. Avec des joueurs molestés. Sanction : la tribune Sud de l'Allianz Riviera a été fermée pour deux matchs + un match à huis clos pour Nice.
Amiens, Guingamp, Metz et Dijon : un de ces 4 matchs à domicile se jouera donc peut-être à huis-clos. Toutefois la situation est inédite par rapport aux deux exemples ci-dessus. Les incidents ont eu lieu après le match et les supporters s'en sont pris à leur propre équipe. "Dès jeudi, la commission de discipline de la Ligue instruira le dossier des incidents", a expliqué dimanche matin la LFP.

L'UNFP, syndicat des joueurs pros, a également appelé à des sanctions rapides : «Frapper fort, agir vite et ensemble (...) Comme s'il suffisait d'insulter, de bousculer, voire de frapper des joueurs pour que la situation sportive du Losc s'arrange du même coup».

Les conséquences sportives, psychologiques, sont pour l'instant impossibles à mesurer. Mais Canal + avance une autre conséquence, économique celle-là : un sponsor qui s'apprête ou s'apprêtait à signer avec le LOSC aurait assisté, consterné, aux débordements. 

 

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