Happenings, activistes, résistance civile : ce que l'on sait de Riposte Alimentaire et de sa proposition de “carte vitale de l’alimentation”

Ils sont de plus en plus visibles en ville pour des "happenings" qui ne passent pas inaperçus. La campagne Riposte Alimentaire appelle à la mise en place d’une carte vitale de l’alimentation, avec 150 euros mensuels par citoyen. Agressivité, incompréhension, soutien, questions… Ses opérations de désobéissance civile ne laissent pas indifférents.

Blocage de la circulation, jet de soupe sur la Joconde au musée du Louvre, fumigène au milieu de la cérémonie de clôture de Séries Mania… Avec ces “actions de résistance civile”, le groupe Riposte Alimentaire cherche à faire entendre ses revendications.

Ce nouveau mouvement a été créé dans la continuité de la campagne – désormais achevée – Dernière Rénovation, qui militait en faveur de la rénovation thermique des bâtiments. Depuis le début de cette année 2024, c’est l’alimentation qui est au cœur des préoccupations des activistes. “On souhaite mettre en place la sécurité sociale de l’alimentation durable”, explique Till, 28 ans, chargé des relations presse du mouvement. Ce dernier revendique 500 activistes impliqués au niveau national, dont une vingtaine dans le Nord.

150 euros par mois pour s’alimenter pour tous les citoyens

Ce samedi 30 mars au centre commercial Euralille, Riposte Alimentaire organise une action pour mettre en avant sa campagne, débutée il y a quelques mois. Comme toutes les actions menées par le collectif, il s’agit de faire du bruit – littéralement, en l'occurrence. À 16 heures 20, devant l’hypermarché Carrefour, quatre militants en gilets orange fluorescents s’attachent tous ensemble, par le poignet, à l’aide de serflex. Scotchées à leurs mains : des alarmes portatives au bruit strident.

L’idée soutenue par Riposte Alimentaire : “une carte Vitale de l’alimentation pour chaque citoyen, chargée de 150 euros par mois”. Celle-ci permettrait d’“accéder à des produits conventionnés”, précise Till, c’est-à-dire sélectionnés par des assemblées locales citoyennes formées aux enjeux agricoles et écologiques. Pour les activistes du mouvement, manger bien et local devrait être un droit pour tous et non pas “un privilège pour les plus aisés financièrement”.

Coupez au moins vos trucs, ça fait trop de bruit !

un agent de sécurité d’Euralille, à l’adresse des militants de Riposte Alimentaire

À Euralille, alignés tous les quatre devant l’enseigne de grande distribution, Antonin, Jean-Paul, Louison et Jean ignorent les demandes des agents de sécurité : “Coupez au moins vos trucs, ça fait trop de bruit”. Les militants de Riposte Alimentaire ne bougent pas. Ils s’attendent à être interpellés par les forces de l’ordre.

Celles-ci, malgré les appels initiés par le centre commercial, ne se déplaceront pas. Face aux militants qui continuent de gêner les consommateurs et la sécurité, les réactions sont variées. Certains sont curieux de ce drôle de rassemblement, et, attirés par le son inhabituel et les gilets fluos, posent des regards interrogateurs voire formulent de vraies questions. 

Les deux tiers de l’inflation alimentaire sont dus à des profits excessifs des industriels

Till précise : “Nos revendications sont à la fois sociales et écologiques”. Pour Riposte Alimentaire, la carte Vitale permettrait “plus d’équité et de dignité”. Le jeune homme dresse brièvement les enjeux de la précarité alimentaire en France. “On a sept millions de personnes qui ont recours à l’aide alimentaire en 2023, des producteurs qui n’arrivent pas à vivre de l’agriculture, un agriculteur qui se suicide par jour”, raconte-t-il.

On a sept millions de personnes qui ont recours à l’aide alimentaire en 2023, des producteurs qui n’arrivent pas à vivre de l’agriculture, un agriculteur qui se suicide par jour.

Till, chargé des relations presse

Riposte Alimentaire 

En même temps que s’opère cette “précarisation des consommateurs et des paysans”, “l’agro-industrie et la grande distribution se gavent”, s’agace Till. Sur son site internet, Riposte Alimentaire rappelle que les deux tiers de l’inflation alimentaire sont en fait dus à des profits excessifs des industriels, selon l'association Familles Rurales. D’où l’idée de mener une action devant Carrefour, “énorme enseigne de grande distribution”. “On est là pour dire qu’il y a des responsables, les dénoncer et proposer des solutions”, affirme le représentant de Riposte Alimentaire.

Un mode d'action qui perturbe et questionne

Dans le centre commercial, le bruit des alarmes est assourdissant et en agace plus d’un. Soupirs, “olala” agacés, invectives… “Pourquoi vous faites ça ?”, interpelle un homme d’environ 45 ans, visiblement remonté. “Vous avez pas autre chose à foutre ?”, répond-il lorsqu’un militant lui parle de précarité alimentaire et d’urgence climatique. 

Face à ce type d’interactions agressives, on peut s’interroger sur l’efficacité de ce mode d’action du mouvement. Enio et Fiona, 16 ans, se sont arrêtés pour poser des questions aux militants. “Excuse-moi, il se passe quoi ?” Une fois l’explication obtenue, le message n’est pas vraiment passé : “J’ai compris que c’était une bonne action mais j’ai pas compris quoi”, exprime la lycéenne. Enio n’a pas non plus saisi les enjeux : “c’est pour aider les malades, c’est ça ?” 

Les actions non-violentes, ce sont notre ADN. Nous sommes des lanceurs d’alertes, nous utilisons nos corps pour alerter et il n’y aura jamais de violence.

Till, chargé des relations presse

Riposte Alimentaire

D’autres badauds prennent le temps de discuter davantage. Abdel, 37 ans, éducateur, résume le message qu’il a reçu. “C’est pour que tout le monde puisse manger ! Ça peut être pas mal”, juge-t-il. Matteo, 23 ans, étudiant apprécie non seulement le fond du message, mais aussi la forme : “la désobéissance civile, c’est le moyen d’action le moins illégal, c’est ce qu’il y a de mieux à faire pour visibiliser les messages politiques !” 

On cherche à faire nos actions dans des endroits où on aura un impact médiatique”, confirme Till. “Les actions non-violentes, ce sont notre ADN. Nous sommes des lanceurs d’alertes, nous utilisons nos corps pour alerter et il n’y aura jamais de violence envers des personnes.” 

C’est d’ailleurs dans le calme que s’achève l’action menée à Euralille ce samedi 30 mars. La sécurité coupe les liens des activistes, à leur demande, après 40 minutes de bruits de sirènes.

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