L'une des principales figures des Gilets jaunes à Lille s'est exprimée, ce mercredi, au lendemain de son interpellation.
Au lendemain de son interpellation, devant le Grand palais de Lille, Alexandre Chantry dénonce une tentative d'"intimidation" de la part de l'État contre les Gilets jaunes, dont il est l'un des principaux représentants à Lille.
"Organisation de manifestation interdite"
Le Nordiste avait été arrêté alors qu'il se trouvait dans un groupe de huit personnes, à attendre la venue supposée de Christophe Castaner au Forum international de la Cybersécurité (qui n'a pas eu lieu). Dans une vidéo de l'arrestation, largement relayée sur les réseaux sociaux, on peut voir un groupe de policiers se présenter pour procéder à l'interpellation du Gilet jaune pour "organisation de manifestation non-déclarée" et seulement lui, alors que d'autres à ses côtés s'insurgent en se revendiquant comme co-organisateurs.Libéré en fin d'après-midi pour "poursuite d'enquête" selon le parquet de Lille, Alexandre Chantry est revenu au cours d'une interview sur son arrestation.
"On est pas du bétail !"
"On était huit au moment où je me fais arrêter" a rappelé le Gilet jaune lillois, qui concède, plus tard, que "bien sûr, la loi demande la déclaration, mais après il y a la loi et puis la raison" ; mais lui estime qu'il ne s'agissait d'une manifestation mais d'un "rassemblement statique".Surtout, "il y a un usage proportionné qui doit être fait de la force. J'ai rien contre les CRS, mais on s'est retrouvé avec cinquante CRS autour de nous, avec des mots pour mes camarades qui étaient quand même tendancieux (...) On reste des citoyens, on est pas du bétail !"
"Casser le mouvement en coupant des têtes"
"Le but est de casser le mouvement aujourd'hui en coupant des têtes, même pendant les manifs en interpellant des gens qui sont pas forcément virulents. Le but, c'est de faire peur, c'est de l'intimidation."Le Lillois n'hésite pas à comparer ces pratiques, "des techniques habituelles des gouvernements autoritaires", à celles d'"Erdogan, à El Assad, à Poutine". "C'est peut-être fort, ce que je dis, mais il faut voir les corrélations qu'il y a aussi", et notamment, dans son cas et celui d'Éric Drouet, "des ciblages de leaders de la part du ministère alors que nous on se revendique sans leaders."
Et d'ajouter, après un mois et demi de manifestations, que "la seule réponse de l'État, c'est de rajouter des forces de l'ordre, c'est de rajouter du gazage, c'est de rajouter des méthodes de désencerclement... Y a des questions à se poser aujourd'hui dans ce pays, y a quand même la liberté de manifester qui est largement entravée." Il accuse également l'État de vouloir "casser les corps sociaux".
"Œuvrer au niveau régional
Cette interpellation et la garde à vue qui s'est ensuivie ne vont en tout cas "absolument rien changer" à ce que lui fait. "On va peut-être devoir rentrer un petit peu plus dans la discrétion, on va dire, mais ça changera rien en tout cas à la mobilisation, au contraire"Sur la suite du mouvement, le Gilet jaune voudrait "œuvrer au niveau régional", notamment "à Dunkerque, à Calais, à Arras, à Lens, à Béthune à Valeciennes, à Cambrai ou Douai". Mais la prochaine manifestation lilloise, elle, partira une fois de plus samedi de la Place la République.
"C'est à peu près le même plan avec un cortège déclaré et bien sûr un cortège qui partira hors tracé de la route, on va dire, et que moi je soutiens, même si j'organise pas cette partie-là."