Vos œufs de poules sont-ils contaminés ? L'ARS va enquêter dans les Hauts-de-France début 2024

Les autorités sanitaires recommandent aux habitants de l'agglomération parisienne de ne plus consommer les oeufs de poulaillers domestiques, après y avoir détecté des polluants organiques persistants cancérigènes. Une étude sera aussi être menée en Hauts-de-France, région qui héberge certains produits toxiques, dont les PFAS...

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Les œufs des poulaillers domestiques dans le Hauts-de-France sont-ils dangereux pour la santé des consommateurs ? C'est la question que se posent les autorités sanitaires régionales qui vont mener une enquête en 2024, afin de détecter la potentielle présence de polluants organiques persistants (POP), potentiellement à risque.

Pour l'heure, le contexte et le périmètre de cette étude ne sont pas encore connus, nous fait savoir l'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France. Elle indique simplement qu'elle sera menée à partir du début d'année prochaine sur l'ensemble du territoire, comprenant cinq départements (Nord, Pas-de-Calais, Oise, Somme, Aisne).

Des résultats inquiétants en Ile-de-France

Cette future campagne de contrôle fait suite à celle réalisée en Ile-de-France et dont le bilan est alarmant. Dans 410 communes de l'agglomération parisienne, la consommation d'œufs issus de poulaillers domestiques (donc non industriels) est non recommandée par l'ARS, comme l'indique son rapport publié lundi 20 novembre 2023.

"Parmi les 25 sites analysés, 23 échantillons dépassent le seuil réglementaire qui s’applique aux œufs commercialisés pour au moins une des quatre catégories de polluants recherchés."

Agence régionale de santé d'Ile-de-France

Dans son rapport du 20 novembre

La raison ? Une "contamination des sols et des œufs de poules" par "des polluants organiques persistants" de plusieurs familles (dioxines, furanes, PCB et PFAS). Car, rappelons-le, une poule passe son temps à picorer la terre... Sur les 25 poulaillers analysés, "23 échantillons dépassent le seuil réglementaire qui s’applique aux œufs commercialisés pour au moins une des quatre catégories de polluants recherchés", indique l'Agence.

Des produits toxiques, cancérigènes

Ces produits toxiques, ingérés régulièrement, provoquent une augmentation du risque de cancer, de troubles de la fertilité et de la grossesse, de certaines maladies métaboliques (diabète ou augmentation du taux de cholestérol) et des effets perturbateurs endocriniens, prévient l'ARS.

Les enfants, les femmes enceintes et les femmes allaitantes sont les publics les plus à risque. Pour les autres, la consommation d’œufs autoproduits moins d’une fois par semaine "reste néanmoins envisageable".

Une centaine de lieux contaminés au PFAS en Hauts-de-France

Alors à quoi s'attendre dans les Hauts-de-France ? S'il est encore trop tôt pour le dire, on sait que l'un de ces produits toxiques, le PFAS (agent chimique utilisé pour ses qualités antiadhésives ou non inflammables, que l'on retrouve dans les poêles en Teflon par exemple), est bel et bien présent dans notre région, comme la démontré notre récente enquête, basée sur les révélations du journal Le Monde à travers son projet "Forever pollution".

"Ils trouveront ce qu'ils chercheront. Car rien que pour les PFAS, il existe près de 14.000 molécules différentes."

François Veillerette, porte parole de l'ONG Générations futures

Les lieux les plus susceptibles d'être touchés par ces produits polluants sont les environnements proches des incinérateurs (où les PFAS se retrouvent brûlés) ou d'anciennes industries. Le Monde a répertorié, sur une carte d'Europe, les endroits contaminés au PFAS, dont une centaine existe dans les Hauts-de-France.

La plateforme chimique de Villers-Saint-Paul, qui fabrique des PFAS, soulève des inquiétudes particulières au sein de l'ONG Générations futures, qui a déposé une plainte contre X, après avoir révélé "la présence en quantité très importante de nombreux PFAS différents" dans la rivière de l'Oise. Cela fait plusieurs années que cette association de défense de l'environnement se penche sur les risques causés par ces produits organiques persistants.

L'ONG Générations futures veut une enquête "large" avec des "seuils bas"

Au sujet de l'enquête à venir de l'ARS, François Veillerette, porte-parole de l'association, se veut attentif aux méthodes utilisées. "Ils trouveront ce qu'ils chercheront, avance le cofondateur picard. Car rien que pour les PFAS, il existe près de 14.000 molécules différentes."

Brasser large sur les composés tout en détectant les signaux faibles, voilà ce qu'il espère. "Il faut des seuils de détection et de quantification bas, sinon certains produits passeront sous les radars, explique-t-il. Or, même en quantité infime ils peuvent être dangereux."

Qu'en sera-t-il des sols des poulaillers ? Il faudra certainement attendre plusieurs mois pour que l'enquête livre ses résultats. Dans le cas de l'Ile-de-France, l'ARS avait engagé ce projet de campagne en février 2022 pour livrer son bilan définitif en novembre 2023.

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