La banque alimentaire du Nord estime atteindre les 110 000 bénéficiaires fin 2024. Un chiffre en augmentation qui inquiète Patrick Mahieu, son président. Ce dernier appelle les citoyens à se mobiliser, notamment en assurant les collectes et en faisant des dons.
Plus de 15 000 personnes dans le besoin supplémentaires en deux ans. La banque alimentaire du Nord estime atteindre les 110 000 bénéficiaires fin 2024. Patrick Mahieu, président de l'antenne nordiste, revient sur cette situation inquiétante et lance un appel aux bénévoles.
Quelles sont vos observations concernant le nombre de bénéficiaires de la banque alimentaire du Nord en 2024 ?
"Ce sont ces associations partenaires qui nous font remonter le nombre de bénéficiaires qu’elles rencontrent sur le terrain. Fin 2022, ils étaient 94 000 au total. Fin 2023, ce chiffre grimpait à plus de 104 000. Cette année, les remontées associatives – que l’on reçoit tous les trois mois – laissent penser qu’on sera autour des 110 000 bénéficiaires fin 2024."
Pourquoi cette hausse ?
"La banque alimentaire du Nord couvre tout le département, de Dunkerque à Maubeuge. C’est une dimension géographique importante qui explique le nombre de bénéficiaires : le Nord fait partie des trois départements les plus en besoin de denrées alimentaires à l’échelle nationale. Nous sommes l’une des trois plus grosses banques alimentaires de France, avec 5 400 tonnes de denrées distribuées par an et 190 associations partenaires."
Le Nord fait partie des trois départements les plus en besoin de denrées alimentaires à l’échelle nationale
Patrick Mahieudirecteur de la banque alimentaire du Nord
"La situation économique s’aggrave pour les personnes bénéficiaires. Déjà, le Covid a aussi laissé des traces. Et avec l’inflation depuis deux ans, ça devient de plus en plus compliqué. Les prix augmentent partout… Donc les personnes ont besoin de faire appel malgré elles à l’aide alimentaire."
Quel public a recours aux services de la banque alimentaire du Nord ?
"Il faut bien se dire qu’on ne vient pas avec plaisir dans les associations pour chercher à manger. On parle de personnes qui ne peuvent plus nourrir leur famille, d’étudiants qui ont à peine un euro par jour et qui font au mieux un repas dans la journée."
On parle de personnes qui ne peuvent plus nourrir leur famille, d’étudiants qui ont à peine un euro par jour et qui font au mieux un repas dans la journée.
Patrick Mahieudirecteur de la banque alimentaire du Nord
Au niveau des bénéficiaires, les associations voient de plus en plus d’étudiants. Il y a aussi des travailleurs pauvres, c’est-à-dire des salariés – qu’ils soient en CDI, à temps partiel ou en CDD – qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. On a également beaucoup de familles monoparentales, essentiellement des femmes. Et bien sûr, les gens qu’on voit depuis toujours : des retraités qui ont de petites retraites."
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"Dans le Nord, on assiste aussi à l’augmentation de la précarité en milieu rural, avec des petits agriculteurs en difficulté."
Quelles sont vos attentes pour pallier cette hausse des bénéficiaires ?
"Notre collecte nationale aura lieu les 22-23-24 novembre. Nous serons présents dans 300 des 600 moyennes et grandes surfaces du Nord. On a besoin de gens, de bras, de force ! Il nous faut des bénévoles pour assurer les collectes."
On a besoin de gens, de bras, de force ! Il nous faut des bénévoles pour assurer les collectes.
Patrick Mahieudirecteur de la banque alimentaire du Nord
"Bien sûr, on fait aussi appel à la générosité des Français : on a besoin de denrées, de produits alimentaires, de produits d’hygiène… Notamment les produits pour bébé qui sont très chers, comme les couches : c’est un don du ciel. On fait appel à tous pour acheter un maximum de denrées."
