Le gérant et deux commerciaux d'AVEN Habitat, entreprise de Marcq-en-Barœul spécialisée dans la rénovation énergétique ont été mis en examen en février. Au moins 66 personnes auraient été escroquées par la société. David Knopik, dont la maman a été victime, raconte son calvaire.
Âgée de 77 ans et originaire d’Hénin-Beaumont, la mère de David Knopik a sollicité AVEN Habitat en mars 2023 pour un changement de chaudière. Son matériel n'était pas en très mauvais état, mais "on voulait passer sur une chaudière plus économique" raconte son fils.
Les personnes qui se sont présentées pour faire le changement de chaudière n'étaient pas qualifiées.
David KnopikFils d'une victime d'AVEN Habitat
Basée à Marcq-en-Barœul, AVEN Habitat est spécialisée dans la rénovation énergétique. Sur son site internet, l'entreprise met en avant près de "7 ans d'expérience dans le domaine" et des photos de travaux réalisés. Mais "les personnes qui se sont présentées pour faire le changement de chaudière n'étaient pas qualifiées" poursuit David Knopik. Les travaux ne sont pas passés comme prévu. Le début de longs ennuis.
3 mois sans chaudière
La chaudière à réparer se situait dans un garage attenant à la maison, dans une pièce carrelée et équipée d'un évier. En effectuant les travaux, les ouvriers d'AVEN Habitat ont "cassé les robinets, sont montés sur l'évier, ont jeté leurs outils sur le carrelage, l'ont cassé et ébréché, ils ont tout griffé" constate David Knopik, alors venu sur le chantier après son travail. "Les travaux ont fait beaucoup de dégâts dans la maison, à la fois matériels et financiers, on a dû faire appel à une autre société pour refaire tous les travaux" poursuit-il.
Parce qu'au-delà des dégâts réalisés pendant le changement de chaudière, la nouvelle machine ne fonctionnait pas. "Ma mère a été laissée 3 mois sans chauffage et sans eau chaude".
Rapidement, David Knopik et sa maman ont fait constater les dégâts par le gérant de la société, mais "il n'a plus jamais donné signe de vie", malgré les nombreuses relances par courrier. Ils ont donc décidé de faire appel à un huissier de justice.
Récupérer les aides de l'État
Entre "370 euros d'huissier, 1500 euros de remise en état de la chaudière et du conduit, 170 euros de façade à racheter..." la facture se corse pour la mère de David. Bien qu'ils aient décidé de ne pas payer les travaux après avoir constaté les nombreuses malfaçons.
Labellisée RGE (Reconnu Garant de l'Environnement), la société AVEN Habitat pouvait donc faire profiter à la mère de David de MaPrimeRénov'. Une prime destinée à aider les Français à réaliser des travaux de rénovation énergétique dans leur domicile. Mais pour David cela ne fait aucun doute, AVEN Habitat "a récupéré la PrimeRénov'."
Le gérant et deux commerciaux mis en examen
David Knopik et sa mère ne sont pas les seules victimes présumées d'AVEN Habitat. D'après les derniers chiffres communiqués par le Parquet de Lille, au moins 66 personnes auraient été victimes de la société de Marcq-en-Barœul, pour un préjudice de plus de 740 000 euros.
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"Les victimes apparaissaient avoir été ciblées" estime Carole Étienne, procureure de la République. "Il est reproché aux mis en examen d'avoir employé des manœuvres frauduleuses destinées à tromper des clients, et notamment des personnes particulièrement vulnérables à raison de leur âge ou de leur état de santé, afin qu'ils souscrivent des contrats de rénovation, d'isolation, de fourniture d'équipements de chauffage, de production d'eau chaude ou encore de réfection de toiture, en falsifiant des contrats de prêt et en prétendant faussement qu'ils étaient éligibles à l'obtention d'aides de l'État."