Dans le Nord Pas-de-Calais, les maternités précoces sont deux fois plus nombreuses qu’ailleurs. 4,4 % des naissances sont le fait de mamans de moins de 20 ans, contre 2,3 % en France. Sara fait partie de ces mamans : elle a accouché sous X à 16 ans. Elle nous a raconté son histoire.
Sara est une très jeune maman. Tout juste majeure aujourd’hui, elle a appris sa grossesse lorsqu’elle avait 16 ans, après un déni de grossesse. D’abord effrayée, elle n’a pas souhaité en parler à sa famille tout de suite et s’est tournée vers une association. Elle a finalement gardé son bébé, notamment grâce au soutien reçu.
“Je n’avais aucun symptôme les premiers mois. Ça ne se voyait pas. Je ne sentais rien, mon ventre ne bougeait pas. J’ai été à la PMI pour faire des tests. Le test urinaire était négatif et la prise de sang était positive… Donc je me suis rendue à la maternité pour un avortement. Finalement, ils m’ont dit que j’étais enceinte de plus de 20 semaines et que c’était impossible d’avorter en France.”
Ils m’ont dit que j’étais enceinte de plus de 20 semaines et que c’était impossible d’avorter en France.
Saramaman précoce
La peur du regard des autres
“J’ai eu peur. Je ne voulais pas parce que je suis la première de ma famille à avoir un enfant hors mariage et aussi jeune. Du coup, je ne savais pas quoi faire, j’avais vraiment peur. Du jugement de ma famille et des gens qui étaient autour de moi. Parce que j’avais que 16 ans, que j’étais pas mariée, j’avais pas de copain, j’étais toute seule. C’est ça qui m’a vraiment bloquée, j’avais vraiment peur du regard des autres. J’étais envahie par la peur.”
Seule avec son secret, Sara s’imagine alors accoucher sous X et abandonner son enfant, pour reprendre sa vie normalement après. Ses plans sont chamboulés par son accouchement prématuré et par les réactions bienveillantes de ses proches.
Je ne leur en ai parlé que le jour où j’ai accouché.
Saramaman précoce
“Je pensais avoir le temps d’en parler à ma famille, je devais accoucher en septembre… Finalement j’ai accouché le 29 juillet. Je ne m’y attendais pas. Donc je ne leur en ai parlé que le jour où j’ai accouché en fait.”
“Ça a été le choc. Mais le premier truc que ma mère m’a dit, c’est d’aller récupérer ma fille et qu’elle allait m’aider. Ils l’ont tous super bien pris, ils m’ont aidée. Et maintenant, c’est leur petite princesse à eux aussi.”
Le besoin de prendre une décision seule
Sara prend une dizaine d’heures avant de rencontrer sa fille.
“Ma fille, au début, je ne voulais pas la voir du tout. En fait, je voulais rester toute seule, bien réfléchir, peser les pour et les contre. J’ai accouché à 12h29. J’ai réfléchi toute l’après-midi. Ça m’a bien aidée d’être toute seule. J’ai su ce que je voulais le soir de mon accouchement. En fait, je ne pensais pas pouvoir l’aimer mais ce n’était pas du tout ça. J’avais peur des jugements de ma famille. Quand j’ai vu qu’ils étaient là pour moi et que je n’avais pas besoin d’avoir peur, j’ai été la récupérer directement.”
Je ne pensais pas ressentir ça… Et j’ai senti que c’était ma fille, que c’était mon enfant.
Saramaman précoce
“Quand je l’ai rencontrée, c’était magique, c’était trop bien. J’étais vraiment trop contente. Je ne pensais pas ressentir ça… Et j’ai senti que c’était ma fille, que c’était mon enfant.”
Accompagnée par Media ALEFPA, une association d’insertion professionnelle, Sara se confie à Myriam, une éducatrice. Elle est reconnaissante pour le soutien qu’elle a reçu.
Un soutien associatif et familial
“Le matin, quand j’ai appelé les pompiers, j’ai envoyé un message à Myriam pour lui dire que j’étais en train d’accoucher. Elle est venue directement. C’est grâce à l’association que je m’en suis sortie. Je n’aurais pas réussi sans eux. Dans ma tête, il n’y avait aucune solution. Et ils m’en ont donné plusieurs. Un grand merci à eux.”
Aujourd’hui, avec l’aide de l’association, Sara pense à l’avenir. Sans emploi, elle espère décrocher une formation avec des horaires compatibles avec sa parentalité.
C'est grâce à l’association que je m’en suis sortie. Je n’aurais pas réussi sans eux.
Saramaman précoce
“C’est ma fille qui me motive à reprendre les études. Sinon je n’aurais pas repris, je le sais. En tout cas pas tout de suite.”
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Si l’histoire de Sara est unique, Media ALEFPA, association du Valenciennois, accueille chaque année de plus en plus de très jeunes mamans. Par manque d’information, par peur, par choix, ces maternités précoces sont deux fois plus nombreuses dans la région.