Dimanche 28 juin aura lieu le second tour des élections municipales 2020. À Creil, trois candidats vont s'affronter : Jean-Claude Villemain (PS), Hicham Boulhamane (DVC) et Michaël Sertain (LR).
Un scénario similaire à 2014 : à Creil, le second tour des élections municipales mettra en scène une triangulaire. Arrivé en tête le 15 mars, le maire (PS) sortant, Jean-Claude Villemain, a recueilli 37,2% des suffrages. Il fera face à Hicham Boulhamane (30,2% au premier tour avec une liste divers centre), et Michaël Sertain (LR), qui a recueilli 15,2% des voix.
"Tout est possible", veulent croire les opposants au maire sortant, malgré un écart de plus de 400 voix entre les deux premières listes. Invités ce lundi 22 juin sur France 3 Picardie, les trois candidats ont mené un débat parfois houleux, ponctué de vifs échanges.
Retour sur le premier tour
Jean-Claude Villemain aborde le scrutin fort d'une fusion avec la liste écologiste de Thierry Brochot, arrivé en quatrième position au premier tour avec 6,7% des voix. Une alliance, affirme-t-il, nouée sans concession entre "programmes compatibles". Sur la question des regroupements de listes, Hicham Boulhamane dit avoir "été ouvert". Michaël Sertain affirme quant à lui ne pas en avoir envisagé, misant sur un regain de participation le 28 juin.
"Au premier tour, le grand vainqueur ça a été l’abstention", affirme-t-il, considérant que sa liste a été "amputée d’une part de [son] électorat". La commune de plus de 35.000 habitants a, en effet, été touchée dès la fin février par le nouveau coronavirus, avec des restrictions de déplacement et de rassemblements antérieures au reste de la France. La participation n'y a pas dépassé 37,7%, soit près de sept points de moins que la moyenne nationale.
"Ce qu'on peut voir au niveau national, c'est que la très grande majorité des sortants ont été très privilégiés par cette situation, développe Michaël Sertain. Privilégiés au moment du vote, et privilégiés après puisqu'ils ont fait beaucoup de médias." "Mes opposants veulent rejouer le match, répond l'édile creillois, qui a récolté huit points de plus qu'au premier tour de l'élection de 2014. Ils veulent refaire l’histoire. L’histoire, elle est là, les résultats sont là : les Creillois ont mis la liste que je conduis en tête."
La gestion de la crise sanitaire
Très rapidement, c'est donc vers la gestion de la crise sanitaire que le débat s'oriente. La parole est d'abord aux candidats d'opposition, tous deux élus au conseil municipal. Parmi les critiquues : ne pas avoir été associés aux actions de la mairie, un courrier du Centre communal d’action sociale (CCAS) mentionnant "la majorité municipale", ou encore des distributions de masques par des colistiers non-élus.
"Dans les faits, tous les maires des 36.000 communes de France ont appliqué des mesures gouvernementales : c'était le minimum syndical", attaque Michaël Sertain, pour qui la question d'une récupération politique "se pose". "Là où on aurait pu attendre du maire sortant de prendre un peu de hauteur, de fédérer l'ensemble des acteurs politiques dans l'intérêt des Creillois, il y a eu uniquement une stratégie de récupération politique sur ce sujet, qui est un sujet dramatique", enfonce Hicham Boulhamane.
"Je me suis appuyé sur l’exécutif, c’est-à-dire la majorité", se défend Jean-Claude Villemain qui, comme au soir du 15 mars, fait valoir l'action municipale : "Contrairement à certains de mes opposants, je ne dis pas que j'ai bien fait, j'ai fait. J’ai été exactement là où on m’a demandé d’aller alors que certains maires, même LREM, ont refusé par exemple d'ouvrir les écoles."
Les investissements en santé
Les candidats ont également eu l'occasion de revenir sur leurs propositions en termes de santé, réévaluées à l’aune de l’épidémie. "Il fait tout faire au niveau creillois pour garder l'offre de soins qui est là, attirer des nouveaux médecins", assure Michaël Sertain, qui cite des aides au foncier, la mise en commun d'espaces, mais aussi la télémédecine ou la livraison de médicaments à domicile. "Tout le genre de prestations médicales qu’on a vues manquantes pendant le confinement", conclut-il.
► "Carte d'identité" de la ville de Creil :
Pour Hicham Boulhamane, c'est l'occasion d'évoquer le bilan "catastrophique", selon lui, de la municipalité. "De 2009 [un an après la première élection de Jean-Claude Villemain, NDLR] à aujourd’hui, Creil a perdu 60% de ses effectifs en médecins généralistes", assène-t-il, pointant le problème de l'insécurité et de l'attractivité pour les praticiens.
"Le problème, c’est que le numerus clausus a été levé maintenant, on aura le résultat dans 10 ans", répond le maire sortant, qui annonce dans la foulée l'installation de trois médecins dans le quartier du Plateau Rouher dans "un centre médical [qu'il a] aidé ouvrir dans des locaux de Oise Habitat". Déclarations qui suscitent un vif échange entre les candidats, Michaël Sertain s'étonnant de ne pas "être informés en tant que conseillers municipaux".
La police municipale
Dans la ville située en zone de sécurité prioritaire, la période post-confinement a également été marquée par des violences urbaines et des tirs de mortiers. Le 27 mai au soir, un policier a notamment été blessé en intervention dans le quartier du Plateau. Une semaine plus tôt, la voiture de fonction du maire était incendiée devant son domicile.
Face à cette situation, Michaël Sertain revient sur sa proposition de tripler les effectifs de police municipale. "Il faut investir massivement", insiste-t-il, avant de marteler : "Ce qu'on a connu à Creil, on ne l'a pas connu dans certaines villes pendant le confinement. Si on avait eu un peu plus de présence sur le terrain, on aurait offert un meilleur cadre de vie aux habitants dans une période difficile, alors qu'ils vivaient parfois dans des conditions difficiles dans des appartements. Qu'il y ait un bazar pareil en ville sans réaction et sans présence de la police municipale..."
Même constance pour Hicham Boulhamane à propos de son souhait d'une "police 24h/24, 7j/7". Le candidat revient sur la nécessité d'une "gestion beaucoup plus rigoureuse" afin de la financer. Invoquant un rapport de la Chambre régionale des comptes, il fait alors le constat d'une "politique de sécurité à Creil défaillante".
Lors du débat de premier tour sur France 3 Picardie, Jean-Claude Villemain renvoyait cette question à l'État. Il persiste dans cette position ce lundi : "La santé comme la sécurité, ce sont des missions régaliennes de l’État, que vous le vouliez ou non." Et de remarquer : "Un emploi de policier en moyenne, c'est 30.000 euros. Tripler, c'est quarante emplois, ça fait 1,2 millions." S'ensuit un débat sur la réalité des effectifs de la police municipale, au cours duquel les interjections fusent et les arguments se chevauchent.
Faute de temps, les mesures relatives au développement économique ne seront pas développées. Avec l'écologie ou le logement, ce sont autant de sujets sur lesquels les candidats s'étaient exprimés lors du débat de premier tour. Son résumé est également disponible sur le site de France 3 Hauts-de-France.
Revoir le débat du second tour à Creil
Jusqu'au 26 juin, retrouvez chaque soir à 18h, du lundi au vendredi, les débats d'entre-deux-tours sur l'antenne de France 3 Picardie.
Le 28 juin, les soirées électorales organisées par France 3 débuteront dès 19h55 pour une première tranche régionale jusqu'à 21h, puis de 21h15 à 22h et enfin de 22h15 à 23h pour les tout derniers résultats. Et sur le site internet de France 3 Hauts-de-France, vous pourrez retrouver les résultats des communes qui vous intéressent, ainsi que les réactions des candidats et les analyses du vote.