Pour le premier week-end de chasse à courre, veneurs et opposants se sont de nouveau rendus en forêt de Compiègne ce 17 septembre. Une reprise alors qu’un rapport sénatorial dévoilé en fin de semaine propose l’instauration d’un délit d’entrave à son déroulement.
Talkie-walkie, caméras d'action sanglées au torse : ce samedi 17 septembre, pour l'ouverture de la chasse à courre, les opposants à la vénerie ont de nouveau répondu présent en forêt de Compiègne. Une "triste habitude" désormais nécessaire, du point de vue du collectif "Abolissons la Vénerie Aujourd’hui" (AVA), très actif sur le secteur depuis plusieurs années.
"Obligation malheureuse"
"On a bien vu que si on n’était pas là dès le début, il y avait des incidents de chasse à courre causés tout de suite, dès les premières chasses, estime Stanislas Broniszewski, son porte-parole. Il y a deux ans, à la première chasse à courre, ils ont poussé un cerf dans les rues de Compiègne. Si [on n'avait pas été là, on n'aurait pas pu] le sauver et le filmer. Donc c’est une obligation malheureuse d’être là toutes les semaines, dès le 15 septembre."
Durant des heures, les militants ont arpenté la forêt pour localiser les veneurs et leurs chiens. Sans succès : l'équipage de la Futaie des amis était rapidement rentrée au chenil. "Il y avait pas mal de cerfs au rapport, détaille Pierre Antoine Delahaye, l’un des veneurs. On est tombés sur un animal qui était, malheureusement pour lui, blessé […]. On a prélevé [tué, NDLR] cet animal après 45 min de chasse."
Délit d'entrave
Ces dernières années, la forêt a été le théâtre de vives tensions entre les deux camps. Aujourd’hui, côté chasseur, on se dit "serein". "On a passé des consignes à nos suiveurs, à nos cavaliers, de non-violence et de non réaction, assure Laurent Facques, responsable presse de la société de vénerie. Nous sommes obligés de rester stoïques : ils nous filment en permanence, ils restent dans nos pattes en permanence. Eux cherchent à créer du buzz médiatique, nous il ne faut absolument pas qu’on réagisse."
Un rapport d’information du Sénat diffusé le 14 septembre propose notamment d’instaurer un délit d’entrave au déroulement de la chasse. « Ce n’est pas constitutionnel, c’est arbitraire, c’est liberticide », s’indigne Stanislas Broniszewski. "Ça veut dire des peines de prison pour les gens qui se retrouveraient au milieu et à gêner les chasses, de leur plein gré ou pas, rebondit-il. Ça concerne toute la population." Une position en écho à celle du collectif "Un jour un chasseur" dont la pétition avait motivé la mission sénatoriale et qui dénonce en conséquence un "rapport indécent".