Attentat d'Arras : retour sur les faits, un an après l'attaque au couteau qui a coûté la vie à Dominique Bernard

Ce Dimanche 13 octobre 2024, auront lieu les commémorations de l'attentat qui a coûté la vie au professeur de français Dominique Bernard et fait plusieurs blessés. Récit de ce jour où un jeune homme armé de deux couteaux a semé la terreur dans la Cité scolaire Gambetta à Arras, dans le Pas-de-Calais.

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Vendredi 13 octobre 2023. Il est 11h. Première étape de l'attentat devant la Cité scolaire Gambetta. Un jeune homme armé de deux couteaux se jette sur plusieurs personnes. Il blesse Dominique Bernard. Le professeur de français succombe sur le perron de l'établissement où il venait enseigner.

"Il criait d'appeler la police, de courir, de se cacher"

Le terroriste s'appelle Mohammed Mogouchkov. Il est âgé de 20 ans. C'est un ancien élève de l'établissement arrageois. Le jeune homme poursuit son funeste cheminement dans les couloirs de l'établissement. "On a vu un professeur en sang, un professeur de sport", nous explique un élève après l'attaque. "Il criait d'appeler la police, de courir, de se cacher". 

Mohammed Mogouchkov croise la route de Martin Doussau qui nous raconte : "Il m'a poursuivi moi-même. Il était armé de deux couteaux. Il m'a demandé si j'étais prof d'histoire. J'ai l'impression qu'il cherchait un prof d'histoire". Martin Doussau est professeur de philosophie. Il est laissé sauf.

Une intervention rapide de la police

Ce vendredi 13 octobre est un jour de manifestations nationales contre la réforme des retraites. Les policiers d'Arras ont pris leur service plus tôt. Ils sont déjà déployés dans les rues quand l'alerte est donnée. Ils arrivent donc rapidement sur place.

Aguerris et formés aux tueries de masse, les agents des forces de l'ordre avancent pas à pas. Le responsable de l'intervention témoigne : "On a distribué les rôles. Chacun avait un couloir à prendre. Une élève nous dit que le tueur aurait donné des coups de couteau à d'autres personnes dans la cour. Quand on arrive sur place, on constate que l'individu veut égorger une personne".

On le fige. On le braque. Il se redresse. On a réussi à le taser. On aurait pu faire feu. On ne l'a pas fait.

Un policier arrageois en intervention

Dans la cour effectivement, l'assaillant menace de couper la tête d'un agent technique. Face à la violence de la scène, les policiers n'ont que très peu de temps. De nombreux élèves sont aux fenêtres et filment. L'intervention doit donc être précise. Il faut contrôler l'assaillant sans choquer les jeunes témoins : "On le fige. On le braque. Il se redresse. On a réussi à le taser. On aurait pu faire feu. On ne l'a pas fait. Toujours est-il qu'on a réussi ce qu'on voulait faire", poursuit le policier. Un policier surpris par le calme de Mohammed Mogouchkov. Le terroriste est déterminé, le regard vide, sans empathie. L'homme a "envie de mourir" : "On ne lui a pas fait ce cadeau". L'assaillant est appréhendé.

Soigner les blessés, libérer les élèves

Le danger est écarté. Il faut maintenant soigner les blessés. Trois personnes ont été touchées. L'agent technique est toujours au sol. Il a reçu sept coups de couteau. Les policiers sont à ses côtés et tentent de contenir le sang : "Il fallait que les pompiers rentrent. C'était difficile parce qu'on voyait qu'il se vidait. On a fait ce qu'on a pu". L'homme survivra à ses blessures.

Je sais que je vais retourner au lycée, mais ça va être difficile

Une lycéenne

Le confinement de l'établissement est progressivement levé. Alertés par téléphone, par les réseaux sociaux, par les médias, les parents attendent nombreux devant la Cité scolaire. L'angoisse est palpable, les visages sont fermés. La plupart ont gardé contact avec leur enfant coincé à l'intérieur. Devant notre caméra, ils sont nombreux à pleurer : "Mon fils m'a appelé pour me dire qu'il y avait un attentat... et là c'est la stupeur. C'est très, très dur moralement pour lui et pour nous aussi".

La foule est silencieuse. Après deux heures insoutenables, les élèves retrouvent enfin leurs proches. La prise de conscience est longue et difficile : "Je sais que je vais retourner au lycée, mais ça va être difficile", témoigne une élève. "Il faut continuer à vivre", se rassure sa mère.

Le profil de l'assaillant se précise

Peu à peu dans la journée, on en apprend davantage sur la personnalité de l'assaillant. Né en Russie en 2003, Mohammed Mogouchkov est arrivé en France en 2008. Il vivait dans un quartier du Nord d'Arras et était surveillé par la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Il avait même été contrôlé la veille de l'attaque. Treize personnes sont placées en garde à vue dans l'enquête de flagrance dont le frère de l'assaillant.

Il était connu pour sa radicalisation. Il était inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation terroriste.

Jean-François Ricard, Procureur national antiterroriste

Jean-François Ricard, le procureur national antiterroriste, organise une conférence de presse en début de soirée : "Plusieurs témoins ont entendu l'auteur crier Allah Akbar au cours de ces faits. Il était connu pour sa radicalisation. Il était inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation terroriste".

Président de la République, Premier Ministre, Ministre de l'Éducation arrivent sur place. Ils saluent l'intervention des forces de l'ordre. Le président Emmanuel Macron prend la parole. Le ton est sobre et solennel : "Presque trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, c'est à nouveau dans une école que frappe le terrorisme. L'enseignant qui a été tué s'est interposé d'abord et a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies".  

Un an après l'attentat, trois personnes sont mises en examen : l'assaillant lui-même, mais également son petit frère et son cousin.

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