Le projet "Local Ocean", une ferme d'élevage intensif de saumons, devrait s'installer à Boulogne-sur-Mer d'ici 2025. Le collectif contre l’élevage intensif de saumons dans le boulonnais, soutenu par Europe Écologie les Verts, interpelle sur le danger environnemental que peut représenter l'entreprise.
Une nouvelle fois, le projet "Local Ocean" ne fait pas l'unanimité. Dans un communiqué publié ce vendredi 18 août 2023, le collectif contre l’élevage intensif de saumons dans le Boulonnais réaffirmait son opposition à la création d'une ferme d'élevage intensif de saumons à Boulogne-sur-Mer. Suite à cette prise de position, le parti Europe Écologie les Verts (EELV) a adressé son soutien aux activistes.
La colère de ces opposants intervient suite à la parution d'un rapport d'enquête publique, menée entre le 12 juin et le 12 juillet 2023, qui visait à décider ou non de la création de la ferme d'élevage intensif. Dans ce rapport, le commissaire enquêteur, globalement favorable au projet, émet plusieurs réserves. Il incite principalement "Local Océan à réaliser un diagnostic complet en période estivale des eaux et des fonds marins là où l’entreprise prévoit de rejeter ses polluants dans la rade de Boulogne."
9000 tonnes de poissons par an
9000 tonnes. C'est la quantité de poissons que produirait cette ferme d'élevage intensif de Local Ocean par an. L'usine, dont l'ouverture est prévue pour 2025, emploierait 70 salariés la première année pour traiter toute cette production. Contrairement à la Norvège, où la pisciculture intensive se fait en pleine mer, le projet qui naîtra à Boulogne consisterait à élever les saumons dans trente bacs de 19 mètres de diamètre et de 7,5 mètres de haut. L'eau de mer pompée pour remplir ces bacs sera rejetée ensuite rejetée toutes les heures. Soit 7500m3 d'eau expulsée après 60 minutes.
La pollution des eaux pointée du doigt
Selon le collectif, la mise en place de cette ferme d'élevage intensif pourrait rejeter "des centaines de tonnes d’azote et de phosphore chaque année." Des particules "responsables de la prolifération des algues vertes", dont les répercussions, notamment sur les plages bretonnes, sont désormais bien connues.
Également, le rejet de "matières en suspension" risque de dégrader les eaux de baignade du Boulonnais, "alors que de gros moyens, à savoir nos impôts locaux, ont été engagés depuis des années" pour améliorer leur qualité, indique le collectif.
Le tribunal comme dernier recours
Les opposants au projet mettent également en garde le Centre national de la mer de Boulogne, Nausicaa, concernant les eaux puisées directement dans la mer qui pourraient circuler dans leurs aquariums. "Certains organismes comme les coraux et autres invertébrés sont particulièrement sensibles" à ces particules, précise le collectif. "Des eaux polluées dans les bassins de Nausicaa limiteraient les perspectives de développement de nouvelles espèces."
Si des travaux devaient débuter avant la fin du diagnostic exigé par le commissaire enquêteur, les activistes affirment qu'ils n'hésiteraient pas à saisir la justice. "Nous restons vigilants dans l’attente des résultats du diagnostic exigé et prenons rendez-vous après l’été 2024."