Cette nuit, les violences entre des casseurs au sein du mouvement des Gilets jaunes et les forces de l'ordre se sont produits dans un quartier habité et non plus sur le rond-point de l'échangeur 43.
Calais a vécu une nuit sous tension, entre samedi 1er et dimanche 2 décembre. Alors que la mobilisation des Gilets jaunes toute la journée et notamment sur l'A16 (fermée dans les deux sens toute la nuit entre Coquelles et Nouvelle-Eglise) s'était déroulée dans un calme relatif, le mouvement a été débordé par des casseurs dans la soirée, de 22h30 à 3 heures.
Huit voitures et une camion-poubelle ont été incendiés, des abribus ont été cassés des stations-service vandalisées, indique le commissaire de la police de Calais, confirmant une information de La Voix du Nord. Surtout, douze personnes ont été placées en garde à vue sur l'ensemble de la journée et de la nuit.
Douze interpellations dans la journée
Près de la moitié d'entre elles ont été interpellées lors du blocage de l'A16, dans la journée, pour "délit d'entrave" ou pour participation à un attroupement. En revanche, dans la soirée, les interpellations se sont notamment faites sur le motif de "dégradations" et de "violences sur des personnes dépositaires de l'autorité publique." Au moins un policier a été blessé dans les affrontements, précise-t-on au commissariat sans que l'on sache ce qu'il en est du côté des CRS.
Gilets Jaunes Calais : Hier soir les CRS sont intervenus pour éteindre l’incendie d’un véhicule. pic.twitter.com/AroDJMt7R0
— UNSA Police CRS Hauts de France (@unsadh) 2 décembre 2018
Plus violent que samedi dernier
Surtout, les violences ne se sont pas concentrées à un seul endroit mais ont été réparties sur plusieurs points du Fort-Nieulay, notamment sur l'avenue Roger Salengro et l'avenue Charles de Gaulle. "Les manifestants étaient sur le bord de l’avenue, ils chauffaient les CRS, on aurait dit qu’ils n’attendaient qu’une chose, c’est d’être chargé" a expliqué un témoin à La Voix du Nord.
La nuit a dans l'ensemble était "d'un niveau de violence plus important que samedi dernier" souligne la police calaisienne. Les personnes qui ont participé aux manifestations violentes de la nuit ne sont par ailleurs pas que des Calaisiens : plusieurs d'entre eux viennent également du bassin minier.
Cette nuit et hier soir j'ai vécu un enfer ici à #Calais ! Fumigènes dans MA maison qui m'ont forcé à me barricader ;voiture brûler, lacrymogènes CHEZ MOI ; tellement de bombe qu'on ne voyait rien et que mon chien à enchaîner les malaises ! STOP ! Gilets jaunes ok, casseurs NON
— Damien Dam's (@DamienDams4) 2 décembre 2018
"Volonté de tuer"
Joint par téléphone, le préfet du Pas-de-Calais Fabien Sudry"distingue des groupes radicalisés" qui sont "animés d'une volonté de blesser, voire de tuer". En témoigne, souligne-t-il, la découverte d'une bouteille de gaz dans les barricades.
"Je ne comprends pas bien ce type de méthodes" ajoute-t-il tout en condamnant ces actes "avec la plus grande fermeté".
"C'était l'insurrection, c'était la folie !
"Ça partait dans tous les sens !" souligne Gilles Debove, du syndicat CGP-FO Police Pas-de-Calais. "C'était l'insurrection, c'était la folie !". "C'était très, très, très violent".
Pour le policier, qui fait part de son "ulcération", trop c'est trop. "Il y a un ras-le-vol. On veut des gestes forts" de la part du gouvernement, comme une revalorisation salariale. "On est les policiers les moins bien payés d'Europe."
Ce n'est pas la première nuit de violence à Calais depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. La nuit du 22 au 23 novembre puis celle du 24 au 25 novembre avaient déjà été émaillées d'incidents, mais ces derniers étaient cantonnés au rond-point de l'échangeur 43 (Calais-Ouest), près de l'A16.