Le 24 novembre, les salariés de l'usine calaisienne Prysmian-Draka ont appris que leur site de production aller mettre la clé sous la porte. Dans cette épreuve ils ont pu compter sur le soutien de leurs épouses. Valentin De Poorter et Pierre Muys de Calais la sociale leur ont dédié un documentaire intitulé "Nos hommes".
Lorsqu'une usine ferme, qu'advient-il des familles des salariés ? C'est la question qu'ont creusée Valentin De Poorter et Pierre Muys, deux journalistes qui ont couvert la fermeture de l'usine Prysmian-Draka de Calais.
Alors que les 84 salariés de l'entreprise ont appris la fermeture de l'usine le 20 novembre 2024, ils ont pu compter sur le soutien sans-relâche de leurs épouses, qui organisées en collectif, sont devenues un membre à part entière des négociations entre les salariés et la direction de l'entreprise.
Pour Calais la Sociale, Valentin De Poorter et Pierre Muys ont suivi cette lutte d'un point de vue social et ont décidé de la mettre en image. Intitulé, "Nos hommes", leur documentaire de 62 minutes sur le "premier collectif de femmes d'ouvriers licenciés de France" sera diffusé à Paris et Lille les 7 et 8 octobre.
Retrouvez bande-annonce juste ici :
En immersion dans le "groupe d'action"
Tout est parti d'un matin de novembre, raconte Valentin De Poorter sur ses réseaux sociaux, lorsque "la fermeture de l'usine Prysmian-Draka de Calais est brutalement annoncée aux 84 salariés de l'entreprise et aux 47 salariés d'entreprises sous-traitantes."
Cette nouvelle fait "l'effet d'une bombe" témoigne le réalisateur, car le territoire est en proie à une désindustrialisation massive. "En moins d'une année, trois usines sont fermées à Calais (...) et deux autres sites de production sont visés par des plans sociaux." Il dénombre alors le cas de Synthexim, Meccano, et du spécialiste de la production de câbles électriques et de fibre optique Prysmian-Draka.
En effet, en moins d’une année, trois usines sont fermées à Calais (Synthexim, juin 2023 ; Meccano, octobre 2023 ; Prysmian-Draka, avril 2024) et deux autres sites de production sont visés par des plans sociaux (Desseilles, décembre 2023 ; Catensys, avril 2024).
— Valentin De Poorter (@v_depoorter) September 12, 2024
En se penchant sur la dimension sociale de l'affaire pour le journal local Calais la Sociale, ils vont ainsi recueillir "les témoignages des personnes directement concernées par les plans de licenciements" poursuit Valentin De Poorter. Et notamment des femmes de licenciés.
Ils feront tout d'abord la rencontre de Sophie le 25 novembre, alors qu'une marche blanche est prévue dans les rues de Calais suite à l'annonce de la fermeture de l'usine. "Le soir même, Sophie décide de contacter d'autres femmes et les rassemble dans un groupe sur les réseaux sociaux" relate-t-il. Leur objectif ? S'organiser et s'entraider face à la situation. Au fur et à mesure, le collectif s'agrandit et "se transforme en groupe d'action."
En les suivant de près et en prenant part à leur réunion, les deux journalistes ont pu compiler une vingtaine d'heures d'images. Ainsi est née l'idée du documentaire.
Un documentaire au cœur de la lutte féminine
Dans les premières images révélées par la bande-annonce, le témoignage de ces femmes est placé au centre du propos.
Au milieu des sourires, les regards de ces femmes traduisent une inquiétude certaine. "Le fait que nos maris perdent leur emploi ça nous concerne aussi, puisque toute notre vie va être impactée, la vie de nos enfants" témoigne l'une d'entre elles. "On se demande qu'est-ce qu'on va devenir" ajoute une autre lors de leur réunion.
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Entre tractage, manifestations et réunions, le documentaire propose d'observer ce groupe d'action de l'intérieur, et retrace le récit d'une "lutte féminine, d'une émancipation, d'un cheminement vers le féminisme" peut-on lire dans les colonnes de Calais la sociale. "Tandis que leurs hommes négocient les conditions de leur licenciement, les femmes se rassemblent, s'organisent et s'engagent. Elles deviennent actrices d'un bras de fer impliquant État, patronat et classe ouvrière."
Des projections ont déjà eu lieu à Calais le 16 juin, le 9 juillet et le 27 août. Deux autres sont prévues à Paris et Lille au mois d'octobre. Respectivement le 7 octobre au cinéma Le Chaplin (Paris), et le 8 octobre au centre social Simone Veil (Lille).