CARTE. Sur les traces du sentier des pêcheurs, des savoir-faire ancestraux qui se transmettent de génération en génération à Audresselles

durée de la vidéo : 00h08mn02s
ICI EN FRANCE : Le sentier des pêcheurs à Audresselles ©France Télévisions

Nous partons à la découverte du sentier des pêcheurs qui longe la Côte d'Opale au départ d'Audresselles et de ses savoir-faire ancestraux qui se transmettent de génération en génération. Les bottes dans l'eau, à l'occasion d'une pêche à pied, à bord d'un flobart ou encore accompagné d'un charpentier passionné, la Côte d'Opale nous réserve bien des surprises.

Nous vous emmenons à la découverte d'Audresselles, sur la Côte d'Opale, à quelques kilomètres au nord de Boulogne-sur-Mer. C'est l'un des plus beaux et plus authentiques villages du site des Deux Caps classés Grands Sites de France.

On découvre le sentier des pêcheurs, avec son patrimoine maritime exceptionnel et la richesse qu'offre la nature.

Le flobart, un bateau de pêche traditionnel de la Côte d'Opale

Sur la grande plage, le jour s'est levé depuis quelques minutes et nous y voyons apparaître le flobart de Patrice Rouzée, un amoureux d'Audresselles qui vit désormais à l'année ici. Avec une extrême attention sur les facteurs météorologiques, il atteste de la difficulté de mettre le bateau à l'eau. Des facteurs tels que le vent ou encore les marées qui vont empêcher une mise à l'eau du flobart.

Les flobarts, des bateaux attachants qui sont d'abord la tradition de la région.

Patrice Rouzée

Ici en France

Patrice Rouzée nous témoigne sa passion pour ce petit bateau de pêche : "Je suis amoureux du flobart parce que sont des bateaux attachants qui sont d'abord la tradition de la région puisque d'Audresselles est un berceau des flobarts."

À côté de son flobart rouge marqué d'une ligne de couleur bleue, il ajoute : "on a l'impression de se retrouver à l'époque des marins qui partaient pour pêcher et gagner leur vie. Quand je l'ai eu, il était nu, je lui ai mis le plat-bord en bois comme ils faisaient à l'époque, j'ai percé la coque pour y mettre une dérive pour la voile. Il y a donc le mât avant et le mât arrière : le mât avant pour la voile bourcet-malet et puis le tourmentin à l'arrière."

L'emploi du temps d'un marin à bord d'un flobart était chronométré, Patrice nous énonce la journée type de ses pêcheurs : "ils partaient en fonction de la marée, le matin, et puis ils allaient faire leur travail de corde, de casier, de trémail jusqu'au Cap Blanc-Nez donc ça fait une distance et ils revenaient au soir, échoués."

Une technique atypique pour le retour de leur journée, il ajoute : "même si les bateaux avaient été prévus pour échouer avec des vagues, puisqu'ils ont un plat-bord qui a une forme spécifique pour pouvoir épouser la vague, il n'en reste pas moins qu'on prend des risques quand il y a une mer agitée".

Un charpentier pour les flobarts

Nous allons à la rencontre d'un charpentier passionné de flobart. Il en construit et en restaure dans son atelier.

Le dernier pêcheur de crabes a arrêté son activité il y a quelques années, mais les petites maisons typiques témoignent de ce patrimoine maritime. Un patrimoine que des passionnés ont décidé de sauvegarder, y compris Thomas Liénard, jeune charpentier de marine. Sa passion a commencé en 2013 avec son bateau se prénommant : Le Calypso.

À côté de la structure, il raconte sa passion : "j'ai toujours voulu construire mon propre bateau. J'étais parti à la base pour un truc assez simple comme un vaurien ou un optimiste puis de fil en aiguille, je me suis intéressé au flobart et on est parti à l'aventure".

L'origine de sa vocation, une affaire de famille, son grand-père et son père étaient déjà dans le milieu. "Ça vient de mon grand-père qui a construit ses propres bateaux par lui-même avec mon père à l'époque. Il s'était fait quatre bateaux pour aller en mer et en rivière et je traînais souvent avec lui dans son atelier, il était menuisier, donc il m'a transmis un peu la fibre maritime et le naval."

Au sein de son atelier, Thomas est en train de restaurer un canot, "ce bateau, le client m'a contacté, il m'a dit : 'j'ai le bateau de mon père et j'aimerais bien le refaire naviguer est-ce qu'il est possible de le retaper ?' donc on a discuté, on a échangé autour de ça, il s'avère que le bateau est bien abîmé la quille est cassée en deux, un peu compliqué à réparer".

Pour démarrer ce travail de dur labeur, Thomas a dessiné des plans, il nous explique : "j'ai pris les mesures sur le tour de la coque pour ensuite reformer les différentes vues du bateau. On travaille sur trois vues : avant/arrière, vu de côté et vue de dessus."

Des inspirations qui proviennent toujours du bateau de pêche traditionnel, le jeune charpentier nous dévoile la manière avec laquelle il restaure le canot : "La base est une construction bretonne que j'ai retravaillée derrière, un peu à mon goût, je me suis inspiré des canaux anglais. L'arrière, c'est du canot anglais et la construction globale du bateau, les échantillonnages des bois, l'assemblage, tout ça, c'est du flobart."

De retour devant le canot en construction, il nous explique : "La construction typique de chez nous, la construction à clins, est un bordage qui se chevauche, la fixation entre les clins se fait par des rivés en cuivre."

Pour obtenir ce résultat, "on a un clou, on passe à travers une coupelle en cuivre qui est à l'intérieur de la coque, ensuite, on coupe la pointe et on martèle avec un marteau à riveter, donc tout ça comprime le bois, et dans le bordage, il n'y a rien entre deux donc c'est le bois qui gonfle avec le pincement des rivets qui fait étanchéité du bateau."

Son bateau, Thomas l'a construit entièrement en chêne, mais ce type de bois varie en fonction des variations d'hydrométrie. Il conseille un bois "résineux, c'est beaucoup plus stable." Le canot porte bien son nom : Résurrection, un choix du client que le charpentier approuve.

La plage du Cran du Noirda et la pêche à pied

Direction le Cran du Noirda, une plage sauvage qui est un site naturel préservé. C'est aussi le territoire de Roger Paradis qui est pêcheur à pied depuis plusieurs générations.

Des histoires de famille qui se réitèrent et se racontent sans modération. Au départ, c'est son grand-père qui l'emmène tous les étés et qui va lui apprendre la pêche à pied.

"Mon grand-père était retraité SNCF, mais vu que la retraite était tôt à cette époque-là, il s'est installé comme artisan pêcheur à pied et toutes mes vacances d'été, je venais les passer ici et je le suivais accroché à son pantalon. Donc ça veut dire qu'il m'emmenait partout quasiment parce que sinon j'étais infernal", se souvient-il.

"Il m'a fait voir les endroits où il pêchait et j'ai participé à toutes ces activités. Par la suite, lui a disparu et moi, plus ancien, j'ai voulu aller un peu plus loin et découvrir vraiment tout ce qu'il y avait au niveau de la faune."

Une faune riche en petits habitants, comme par exemple un crabe vert autochtone, espèce spécifique de l'Estran d'Audresselles. Ce n'est pas consommable, mais utile pour la pêche au bar lorsque qu'il fait sa mue.

Il finit par pêcher un échinoderme, avec son expertise, il nous explique ce que c'est : "un oursin des rochers, parce que nous avons deux espèces d'oursins chez nous, on a l'oursin des rochers et l'oursin des sables. Il se déplace grâce à ses épines. Alors si on regarde bien, ça se termine par une petite pointe violette et pour la digestion l'anus est au-dessus et la bouche est en dessous. C'est un animal brouteur, il consomme surtout des algues".

La découverte du sentier des pêcheurs se termine sur cette lumière unique au reflet d'opale qui a donné son nom à cette côte.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité