Dans le cadre de la journée de lutte contre l'homophobie, les supporters lensois devaient rencontrer le collectif Rouge Direct au stade Bollaert. Mais ils ont refusé, "une énorme déception" selon le porte-parole de l'association anti-homophobie.
La rencontre avec le collectif anti-homophobie Rouge Direct ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices. Elle a finalement été annulé face au refus des supporters lensois. Un mois après avoir été sanctionné par la Ligue de football professionnel (LFP) pour un chant homophobe lors d'un match contre Valenciennes, cette intervention au stade Bollaert devait permettre de "créer le dialogue", nous expliquait Julien Pontes, porte-parole de Rouge Direct.
"Cela m'inspire une terrible déception parce qu'on se faisait sincèrement une joie de se parler de vive voix et les supporters ont préféré doucher nos espoirs de dialogue", a-t-il regretté. Les militants ont en revanche eu un échange constructif avec les dirigeants artésiens, notamment le président Joseph Oughourlian et le directeur général Arnaud Pouille.
"Ils ont pris les choses au sérieux et on a eu une explication vive et très franche. Nous leur avons fait la proposition d'obtenir un engagement formel des supporters du RC Lens de bannir toute expression homophobe au stade Bollaert. La direction s'est engagée à y travailler", a indiqué le porte-parole de ce collectif qui lutte contre l'homophobie dans le sport.
"Malgré tout, je ressors un peu plus inquiet sur l'état d'esprit des supporters qu'avant ma venue. Ce rendez-vous manqué reste une énorme déception", a-t-il ajouté. Avant même la rencontre, Rouge Direct affirmait avoir reçu des dizaines de messages injurieux de la part de certains supporters : "Certains nous disaient : « Vous feriez mieux de rester chez vous » et d'autres étaient encore plus menaçants après l'annonce de la sanction".
"Insultes et menaces"
Dans une vidéo relayée par le collectif Rouge Direct, constitué d'anciens membres du Paris Foot Gay, on voit le "capo" (celui qui anime les tribunes au micro) de Lens crier "Oh VA bande de pédés !", des insultes reprises par une partie du public de la tribune Marek.
Les supporters lensois concernés n'ont "pas pensé que les mots pouvaient blesser" quiconque, avait plaidé Pierre Revillon, porte-parole des Red Tigers. Saisie, la commission de discipline de la LFP a infligé, le 9 mai au RC Lens, une lourde amende de 50 000 euros ainsi qu'un match à huis clos avec sursis pour la tribune Marek.
Par ailleurs, un supporter lensois qui avait dénoncé ces chants, en avril, a déposé plainte mardi à Paris après avoir reçu plus de 300 messages publics "d'insultes et de menaces" sur les réseaux sociaux.
"Le problème, c'est que la grande majorité des supporters ont fait le lien entre mes tweets et l'amende (...) Depuis, j'ai été affiché partout sur Facebook et Twitter, ça n'a pas arrêté pendant un mois", a déclaré vendredi Jacky Majda, 44 ans, qui a publié sur son compte Twitter un échantillon de ces messages.
J'ai l'impression que certains n'ont toujours pas compris...Nouveau rendez-vous au commissariat début juin ! @RCLens @RougeDirect @SOShomophobie @stop_homophobie @UHomophobie pic.twitter.com/nUYMDHmc0V
— Jacky MAJDA (@JackyMAJDA) 15 mai 2019
"Aujourd'hui, j'ai peur qu'on s'en prenne à moi si je vais à Bollaert", a-t-il ajouté, précisant ne pas vouloir pour l'heure retourner au stade par crainte de se faire agresser.