Les partis veulent s'unir pour éviter à la gauche la débâcle de 2015, lorsqu'elle s'est fait devancer par le parti de Marine Le Pen et évincer du conseil régional.
Verra-t-on la gauche sous un front uni aux élections régionales de 2021 ? Si le scrutin peut bel et bien se tenir malgré la menace du Covid-19 – une commission va se pencher sur son éventuel report – les partis de gauche auront beaucoup à faire pour s'éviter la lourde débâcle de 2015.
L'eurodéputée Karima Delli a été annoncée comme la future tête de liste d'EELV et "sera désignée en fin de semaine tête de liste pour les Hauts-de France", annonçait mercredi le secrétaire national du parti écologiste Julien Bayou. Le patron des sénateurs PS et ex-ministre Patrick Kanner est pressenti pour mener les socialistes, mais doit encore se voir confirmé par le vote des militants, ce jeudi. Le député Insoumis lillois Ugo Bernalicis a été investi fin septembre comme chef de file LFI et le secrétaire national du PCF Fabien Roussel mènera de son côté les communistes.
Sur le papier, tous appellent à une alliance de la gauche pour contrecarrer la droite conduite par le président sortant Xavier Bertrand (ex-LR) et surtout le Rassemblement national, qui avait ravi la seconde place au PS de Pierre de Saintignon en 2015.
Bataille de chefs
Le 9 septembre, des élus PS, EELV et PCF ainsi que deux LFI avaient appelé "à créer les conditions d'un rassemblement à gauche" dans une tribune parue dans Libération. Ugo Bernalicis, qui ne l'avait pas signée, avait toutefois tendu la main au PCF et aux Verts, en excluant le PS au nom d'une "rupture avec la politique d'Emmanuel Macron ainsi qu'avec le quinquennat précédent". Une union validée le lendemain par le communiste Fabien Roussel. "Nous devons nous unir et gagner collectivement", a de son côté réagi Karima Delli auprès de l'AFP, ajoutant qu'elle se lançait les "bras grands ouverts au peuple de l'écologie et à l'ensemble de la gauche".Mais il reste un problème de taille : qui doit mener cette union ? Si le PCF accepte de se mettre en retrait, les écologistes et les socialistes se disputent en revanche la position de tête de file. EELV, d'un côté, a gagné en confiance depuis les dernières élections municipales et veut cesser d'être un second rôle, tandis que le PS peut encore compter sur un important maillage d'élus. Quant aux Insoumis, ils paraissent pris dans un paradoxe en voulant "conduire une liste de rassemblement large" tout en excluant un parti de taille.Gauches : «Nous, les Hauts-de-France !» https://t.co/endDh4WmMg pic.twitter.com/nDTZgsmYYt
— Libération (@libe) September 9, 2020
LREM veut lancer ses ministres
En face, les autres partis fourbissent leurs armes. Xavier Bertrand avait confié en août que sa "primaire [pour les présidentielles] ce sera le scrutin régional des Hauts-de-France". Le RN a également pu affermir sa position en tant que principale opposition au conseil régional... et LREM sera également de la partie en mobilisant plusieurs ministres pour "neutraliser" Xavier Bertrand, selon Franceinfo.Dans l'hypothèse où le scrutin serait maintenu en mars 2021, il resterait peu de temps pour qu'une alliance de la gauche se forme. En revanche, s'il devait être reporté d'un an, après l'élection présidentielle de 2022, beaucoup de choses pourraient encore changer...