Véritable institution de l'enseignement privé de la Somme, le lycée Montalembert de Doullens n'accueillera plus d'élèves à la rentrée scolaire de septembre 2025. En cause : une baisse continue et régulière du nombre de lycéens.
La nouvelle est arrivée via un courriel de l'Enseignement diocésain : il n'y aura pas de rentrée scolaire en septembre 2025 au lycée de Motalembert de Doullens.
Faute d'effectifs suffisants, le Diocèse d'Amiens a décidé de fermer le lycée.
Un bassin de population qui se dépeuple
"C'est clairement une question d'effectifs, explique Sylvie Seillier, directrice de l'Enseignement catholique de la Somme. Actuellement, le lycée compte 82 élèves. Pour la rentrée prochaine, on a 83 inscrits avec une classe par niveau. Mais pour un lycée, c’est une taille critique, une taille trop petite. Ce n'est pas notre volonté d'abandonner l'établissement. Mais on se retrouve devant un fait incontestable : on a un lycée avec une division par niveau, 25 à 27 élèves par classe, alors que la norme d’un lycée, c’est 35 élèves par classe. Il nous faudrait au moins trois divisions par niveau pour bien faire fonctionner le lycée. Aucun lycée d’enseignement général n’a que 80 élèves."
La baisse des effectifs s'explique, selon Madame Seillier, par les particularismes du bassin doullennais : "c’est un territoire qui se dépeuple. Et qui se paupérise, note-t-elle. Pour inscrire son enfant chez nous, il y a une contribution familiale à verser pour financer l’immobilier et le caractère propre à l’enseignement catholique. Cette contribution finance également la cantine parce que les repas dans l’enseignement catholique ne sont pas subventionnés comme c’est le cas dans les établissements publics. Quand les familles font des arbitrages financiers, ça entre évidemment en ligne de compte."
Cette décision de fermeture provoque la panique chez les parents d'élèves et les lycéens. Notamment ceux qui doivent passer le baccalauréat l'année prochaine. Mais certains parents s'avouent réalistes : "On s’en doutait : quand on fait fonctionner un lycée avec seulement trois classes, il y a un moment où ça ne peut plus durer, nous explique une maman dont la fille est scolarisée à Montalembert en Terminale. On s’y attendait, mais pas aussi rapidement. C’est brutal, mais honnêtement, mais il vaut mieux être prévenu maintenant qu’en mars. Parce que plus on attend, plus ça va être compliqué de trouver un autre lycée."
Et cela d'autant plus que la situation géographique de Doullens n'est guère favorable à une solution de proximité. Les options sont limitées : le lycée public de la ville ou ceux de l'enseignement catholique à Amiens, Abbeville ou encore Arras, à plusieurs dizaines de kilomètres. "Ça veut dire forcément de l'internat parce que faire la route plusieurs fois par jour ou dépendre des transports scolaires, c'est compliqué, poursuit cette maman. Et l'internat, ça ne convient pas à tous les enfants. Et c'est cher."
Accompagner les élèves et leur famille
Quel que soit le choix des parents, l'Enseignement catholique de la Somme s'est engagé à donner la priorité d'inscription des élèves de Montalembert dans ses autres établissements du département. "Le chef d’établissement du lycée Montalembert est prêt à recevoir chaque famille pour envisager la meilleure solution possible pour chaque enfant. J’interviendrai aussi pour qu’il y ait une priorité d’inscription dans les autres établissements, garantit Sylvie Seillier. C’est vraiment à regret qu’on a pris toutes ces décisions. Mais on va accompagner les élèves et leur famille. Et on va faire tout ce qu’on peut pour trouver la meilleure solution en fonction des places, du profil des enfants et de leurs spécialités."
Si le collège reste ouvert, le lycée n'est pas la première structure du groupe scolaire à cesser son activité. Il y a quelques années déjà, c'est l'internat qui a été fermé : avec trois internes chez les filles, et "quatre ou cinq chez les garçons, on l'a fermé parce qu'il s'est vidé. Au fils des ans, on n'a plus eu d'inscriptions d'internes. Et vous imaginez bien le coût d'un internat quand il n'y a que trois internes", explique Sylvie Seillier.
Il n'y a pas que les élèves qui sont impactés par la fermeture du lycée. Certains professeurs, ceux qui ne donnent pas de cours au collège, vont voir leur volume d'heures d'enseignement diminuer. Ils seront prioritaires sur les postes vacants dans les autres établissements catholiques. Pour les personnels administratifs, pas de conséquence sur l'emploi "puisqu'ils travaillent aussi sur le collège et l'unité d'apprentissage."
"On ne peut pas inventer des élèves quand il n’y en a pas assez, conclut un parent d'élève. On sait très bien que trois classes, ça n’est pas viable et que tout ça n'est pas dû à un désengagement des enseignants ou d'enseignement. La preuve : L'Etudiant a classé le lycée premier de la Somme en mars dernier."