Les tentatives de traversée de migrants depuis les plages picardes se sont multipliées ces derniers mois. Afin de mettre en échec les passeurs et lutter contre l'immigration clandestine, certains maires ont opté pour la vidéosurveillance, comme à Fort-Mahon-Plage.
De plus en plus de migrants risquent leur vie pour effectuer la traversée vers l'Angleterre depuis le littoral de la Somme. Un phénomène difficile à endiguer pour les autorités locales, qui ont recours à la mise en place de dispositifs de surveillance renforcés.
Mercredi 6 juillet 2022 au matin, 33 migrants, dont deux femmes, ont été secourus par des sauveteurs en mer. Ils se trouvaient à 12 kilomètres au large de Fort-Mahon-Plage dans une embarcation de fortune. Tombés en panne de moteur, "ils pataugeaient un peu dans l'essence. Certains avaient le mal de mer. Un homme est tombé en syncope aussitôt après avoir mis les pieds sur notre bateau", décrit Guy Lardé, président de la station de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Berck, qui est intervenue mercredi. "La mer commençait à être vraiment hachée. Là où ils étaient, on ne voyait pas la côte. Donc forcément il y a un phénomène de détresse flagrant", souligne-t-il.
Quinze caméras de vidéosurveillance installées à Fort-Mahon-Plage
Ces derniers mois, pour dissuader les passeurs et donc empêcher les tentatives de traversée de migrants, les autorités ont renforcé les contrôles avec des patrouilles nocturnes, une brigade à cheval ou encore de la surveillance par drone. Certaines communes du littoral picard ont décidé de renforcer leur système de surveillance. À l'image de Fort-Mahon-Plage, où la municipalité vient d'installer 15 caméras de vidéosurveillance en bord de mer.
Les caméras ont été placées sur la plage, autour du parc à bateaux. "Nous avons eu un retour positif des Anglais. Ils nous ont alloué une somme de 117 000 euros pour acheter ces caméras, les mettre en service et par la même occasion renforcer les clôtures et les barrières de la base nautique pour bien protéger les bateaux et éviter qu'ils ne se fassent voler n'importe quand et surtout la nuit lorsqu'il y a des départs", détaille Alain Baillet, maire divers droite (DVD) de Fort-Mahon-Plage. En moyenne, 200 bateaux de propriétaires et de la SNSM se trouvent dans le parc pendant la période estivale.
La commune de Cayeux-sur-Mer a également pu bénéficier de fonds britanniques pour l'installation de caméras de vidéosurveillance. Celles de Saint-Quentin-en-Tourmont ou encore Quend attendent, de leur côté, un retour de l'État.
Déjà 127 opérations de sauvetage de migrants en 2022
Depuis un an et demi, les interventions pour secourir des personnes tentant de traverser la Manche depuis le littoral picard se sont multipliées. Sur les six premiers mois de l'année 2022, la SNSM de Berck-sur-Mer a sauvé de la noyade plus de 160 migrants. En 2021, elle en avait secouru 127. "C'est notre quotidien. Depuis trois ans, cela monte vraiment en puissance. On peut dire que ça double, voire triple au minimum chaque nouvelle année", constate Jean-Marc Lamblin, commandant du bateau de sauvetage SNSM Berck.
Fin septembre 2021, 37 migrants avaient été interceptés par les gendarmes à Quend. Un peu plus d'un mois plus tard, ils étaient 49, retrouvés en état d'hypothermie dans les dunes de Saint-Quentin-en-Tourmont. Fin novembre, un décompte faisait état de 15 tentatives de départ depuis le début de l'année 2021 contre 5 en 2020.