Témoignage. "Quand on a besoin de changement, il faut le faire" : de la grande distribution au soin, elle a changé de métier à 50 ans

Publié le Écrit par Claire-Marine Selles

Le 14 novembre est la journée nationale de la reconversion professionnelle. D'après un baromètre publié en 2024, la moitié des actifs préparent ou envisagent de changer de vie professionnelle. Certains l'ont fait, comme Fanny Vantighem, elle en témoigne aujourd'hui.

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"Vous m’auriez dit il y a trente ans que je travaillerais dans le soin, j’aurais dit 'jamais de la vie' !" sourit Fanny Vantighem. Et pourtant, la voilà devenue aide-soignante, après une carrière de vingt-cinq ans dans la grande distribution.

Un parcours qu'elle raconte aujourd'hui à l'occasion de la journée mondiale de la reconversion professionnelle, où des portes ouvertes sont organisées dans de nombreuses antennes de Transition Pro, un organisme qui permet aux salariés de se reconvertir tout en conservant leur salaire durant le temps de leur formation.

Le déclic

C'est une épreuve de la vie qui a convaincu Fanny Vantighem de se lancer. Il y a quelques années, sa mère tombe malade. Fanny Vantighem est alors cheffe de rayon textile dans la grande distribution, elle décide d'accompagner sa mère dans la maladie. "J’ai côtoyé le personnel soignant pendant toute cette période, se souvient-elle. C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait que j’exerce le métier d’aide-soignante. À l’approche de mes 50 ans, je voulais me diriger vers un métier de l’humain, accompagner les autres."

Fanny Vantighem est en arrêt maladie lorsqu'elle finalise sa décision et informe son employeur qu'elle souhaite changer de vie. Une surprise pour l'entreprise où elle travaille depuis une quinzaine d'années. "Je suis ensuite retournée au travail, ils ont bien vu que c’était mon choix, que je voulais faire ce métier-là, que j’étais épanouie à l’idée de changer. Ils étaient bien surpris, ils ont dit 'Fanny, on croyait que tu allais rester avec nous jusqu’au bout !' Mais ma décision était prise", ajoute-t-elle.

Lorsqu'elle parle de ce choix à ses collègues, certains ont du mal à y croire. "On m’a dit 'mais qu’est-ce que tu fais, ce n’est pas un métier facile'. Mais j’avais déjà l’habitude de travailler les weekends, de certaines conditions" observe-t-elle. Elle commence alors les recherches sur internet, pour savoir comment s'y prendre.

Se faire accompagner

"La famille, les enfants, les amis sont d’une grande aide pour tout ce changement", reconnaît Fanny Vantighem. Mais elle choisit aussi de se faire accompagner par des professionnels et se rapproche d'une agence spécialisée en transitions professionnelles, située à Arras. Là, elle doit enchaîner les démarches pour prouver sa détermination.

"J’ai fait un bilan de compétences au travers de mini stages de découverte, j’ai remplir un questionnaire pour prouver que j’étais très intéressée par ce métier, que ce n’était pas un coup de tête." Elle doit aussi interroger une aide-soignante en exercice pour mieux comprendre les modalités du métier. Au bout de ce parcours, l'agence l'oriente vers Transition Pro, un organisme public qui permet de conserver son poste dans l'entreprise et son salaire, le temps de la formation.

"Ça a été quelque chose de super, pour ne pas déstabiliser la situation familiale, Transition Pro c’est l’idéal pour moi", salue Fanny Vantighem, tout en soulignant qu'elle aurait fait cette reconversion professionnelle même si le dispositif n'avait pas existé, mais cela se serait avéré moins facile.

Pour elle, l'organisme gagnerait à être mieux connu. "Mon employeur ne connaissait pas du tout ça. Pour moi, c’était une garantie : si jamais j’avais changé d’avis, je pouvais récupérer une place au sein de l’entreprise, j’étais sûre d’avoir un salaire et en cas de soucis, d’avoir quelque chose." Un dispositif sécurisant qui lui a permis de reprendre des études en 2022.

"La reprise de la scolarité peut faire peur"

Le plus gros défi a été la reprise de ses études, pendant un an, à l'IFAS de Saint-Quentin. "L’apprentissage, reprendre un rythme scolaire, être en cours sur une chaise toute la journée... Travailler le soir en rentrant, les devoirs, le 'par cœur', apprendre beaucoup de termes que je ne connaissais pas a été un gros challenge. La reprise de la scolarité peut faire peur. Il ne faut pas baisser les bras. Les examens à passer aussi, il faut se remettre dans le bain quand on n'est pas allé à l’école depuis des années !"

Mais cette scolarité, qui intègre de nombreux stages afin de mettre tout de suite les futurs aides-soignants en situation professionnelle, s'est très bien passée. Avec ses anciennes camarades, elle plaisante aujourd'hui sur la pression excessive qu'elle se mettait, "même si ça donne des résultats."

Diplômée en 2023, Fanny Vantighem exerce ce métier qui la faisait rêver dans une structure de Bray-sur-Somme, où elle travaille avec des personnes atteintes de troubles du spectre autistique depuis un an.

Trouver du sens dans son métier

Lorsqu'elle repense à son ancien métier, qu'elle aimait pourtant, Fanny Vantighem n'a pas de regrets. "J’avais du contact avec les gens, mais pas comme je le voulais. Je voulais m’occuper des autres, amener de la bienveillance, de l’empathie, accompagner les gens dans le quotidien. En un an, il y a eu des hauts et des bas comme dans tous métiers, mais je n'ai jamais douté. Les familles ont besoin de nous."

Même si elle reconnaît que son métier actuel manque de reconnaissance, elle se voit continuer dans la profession, quitte à passer d'autres formations plus courtes pour gagner en compétences. Comme Fanny Vantighem, de nombreuses personnes souhaitent changer de voix : d'après un baromètre publié en 2024, la moitié des salariés y réfléchissent ou préparent une reconversion. Transition Pro, pour sa part, accompagne plus de 7 000 dossiers par an, même si seulement la moitié arrive à obtenir le financement nécessaire à la formation.

À toutes celles et ceux qui souhaiteraient changer de voie, Fanny Vantighem donne ce conseil : "Foncez, n’hésitez pas ! Il faut avoir le déclic, mais après, il faut y aller sans avoir peur. Quand on a besoin de changement, il faut le faire. L’inconnu peut faire peur, partir dans un domaine complètement différent. Mais il faut oser, ça se passe bien." En conclusion, elle précise qu'il "n'y a pas d'âge pour changer de vie."

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