Témoignage. “Ils m’ont roué de coups en me traitant de pédé” : le récit poignant de Selim, victime d’une agression homophobe

Publié le Écrit par Louise Le Borgne

Le jeune homme de 19 ans a été pris à partie, vendredi 10 janvier, par un groupe d’une quinzaine de jeunes dans le tramway, avant de se réfugier dans les toilettes d’un fast-food. Une plainte a été déposée au commissariat de Caen.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

“Ce n’est pas la première fois que je me fais insulter, menacer de mort, ou frapper à Caen parce que je suis gay. Mais jamais ça n'avait été aussi loin”. Selim, 19 ans, peine à trouver les mots. La voix chevrotante, les hématomes encore apparents, le jeune homme retrace méticuleusement le fil de sa soirée. Vendredi 10 janvier, vers 21h30, le jeune caennais partait boire un verre avec une amie, en direction d'Hérouville, lorsqu’un groupe d'une quinzaine d'individus est entré dans sa rame de tramway près de la gare de Caen. 

>> La Sirène à Barbe de Dieppe : un cabaret drag-queen en réponse à l'homophobie

“Ils chahutaient, ils ne faisaient attention à personne et ils ont bousculé mon amie, qui leur a dit de faire attention. C’est là que leur regard s’est porté sur moi, explique le jeune homme. Je suis gay et je ne m’en cache pas. Je suis assez solaire et maniéré quand je parle. Ça ne leur a visiblement pas plu. L’un des agresseurs a déclaré “Ah mais c’est un pédé lui ! J’aime pas les pédés”.” Le point de départ d'une violente interaction.

"J’ai été propulsé sur le sol, et ils m’ont frappé"

Selim explique avoir eu tout juste le temps de se lever de son siège, avant de prendre “une droite” dans le visage. Les coups de pied et les coups de poing ont alors plu de toutes parts. “Ils m’ont roué de coups dans le tramway en me traitant de pédé. C’est allé très vite. J'étais au milieu du groupe, je ne savais même pas d’où venaient les coups, j'essayais de me défendre. À un moment, j’ai été propulsé sur le sol, et ils m’ont frappé à terre.”

À hauteur de l’arrêt quai de juillet, le jeune homme a fini par s’extirper de la rame, suivi par ses agresseurs : “Personne n’est intervenu, j’étais seul face à eux. Un individu m’a attrapé par le cou et on est tombés au sol. Après c’est un peu flou. Mon amie m’a crié de m'enfuir.” Le jeune homme prend alors ses jambes à son cou et traverse en courant le pont Winston Churchill, poursuivi par ses agresseurs. Il trouve finalement refuge dans un fast-food, qui le cache avec empressement dans les toilettes, avant de barrer l’accès aux poursuivants. Enfermé à double tour, Selim a attendu l'intervention des forces de l'ordre, alertées par l’amie de la victime, avant de sortir. Ses agresseurs se sont quant à eux enfuis.

Dénoncer ces agissements

Le jeune homme, qui a eu trois jours d'ITT (Incapacité totale de travail, indiquant la gravité des blessures), assure que les marques des coups portés s'estompent déjà. Mais les répercussions sur sa santé mentale semblent l'affecter plus durablement : “Mentalement, ça ne va pas du tout. Je suis détruit. J'ai peur quand je sors, je ne mange plus, j’ai la boule au ventre” expose l'intéressé qui a déposé plainte lundi matin au commissariat de Caen.

Le jeune homme a publié dans la foulée une vidéo sur les réseaux sociaux pour dénoncer ces agissements : “Je suis humilié depuis que je suis petit, j'ai déjà été l'objet de cinq ou six agressions homophobes à Caen. Mais là je ne veux plus me laisser faire. Même si ça me fait un peu peur je suis déterminé à obtenir justice, pour moi, et pour tous les autres qui vivent ça", explique Selim, qui assure avoir reçu beaucoup de messages de soutien mais aussi de témoignages faisant écho au sien.

Son témoignage a notamment été republié par l'un des responsables de l'association nationale Urgence homophobie, association qui accompagne Selim dans sa plainte, et par Aurore Bergé, ministre de l’Egalité entre les Femmes et les Hommes et de la Lutte contre les discriminations. "Inlassablement nous devons lutter contre la haine homophobe qui sévit bien trop encore, humilie, violente, agresse, traumatise. Et ne rien laisser passer. Bravo d'avoir eu le courage et la force de témoigner", a réagi la ministre sur son compte X.

Une enquête a été ouverte par le service interdépartemental de la police judiciaire.

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information