La directrice de cabinet du préfet assume : "nous continuerons à démanteler les squats". Elle plaide pour que "les migrants intègrent nos structures d'accueil". Enfin, Camille Goyet défend l'action des gendarmes "qui ne se résume pas à l'extinction des feux de camp".
Le démantèlement des squats
La directrice de cabinet du préfet estime par ailleurs que ces logements de fortune peuvent être dangereux : "C'est le cas de certains squats que des associations ont ouvert dans l'agglomération caennaise. Ce sont des bâtiments insalubres". Camille Goyet pointe aussi un autre risque :
Ces endroits ne sont pas régulés. Ils peuvent tomber sous la coupe de réseaux mafieux. Et souvent, après un démantèlement, on s'aperçoit que les procédures de demande d'asile n'ont pas été initiées, qu'il n'y a pas d'ouverture de droit à la sécurité sociale, qu'il n'y a pas d'accompagnement ni de prise en charge.
Trois familles expulsées d'un squat à Fleury-sur-Orne
"Peut-on expulser en plein hiver ? " s'interrogent les militants de l'AG de lutte contre toutes les expulsions qui ont alerté les médias. Ils sont une petite dizaine massés au bout de la rue Pasteur, assistant au "déménagement".
"Il faut que les migrants acceptent d'intégrer nos structures"
À ceux qui réclament l'ouverture d'un centre d'hébergement à Ouistreham, le mois dernier, le préfet du Calvados Laurent Fiscus avait déjà répondu qu'il n'en voyait pas la nécessité "dans la mesure où des places restent vacantes dans les autres lieux d'accueil." La plupart des jeunes migrants qui rêvent d'embarquer vers l'Angleterre n'ont, il est vrai, aucune envie d'intégrer une structure officielle tant ils se méfient de tout ce qui pourrait retarder leur voyage...
"C'est un phénomène de groupe. Ils se sont tous dit qu'il fallait absolument se rendre au Royaume-Uni. Nous devons travailler sur un changement de leur stratégie migratoire, tranche la directrice de cabinet du préfet. C'est complexe, cela prendra du temps. Des fonctionnaires de l'office français d'immigration et d'intégration se rendent une fois par semaine à Ouistreham. Avec l'aide de bénévoles, ils établissent une relation de confiance et leur expliquent dans leur langue ce à quoi ils ont droit".
L'idée est de faire accepter notre politique publique. Certains bénévoles ont compris notre démarche. D'autres ont une vision court-termiste alors que les campements sauvages sont des lieux dangereux et insalubres
Ouistreham : courses-poursuites entre migrants et gendarmes aux portes de l'Angleterre
Un klaxon gronde dans la nuit. Le camionneur appuie désespérément sur son avertisseur pour tenter d'effaroucher une grappe de migrants lancée à sa poursuite. Ils n'ont pas vingt ans, et ils courent à gorge déployée dans le sillage du camion, aspirés par l'Angleterre.
"Les gendarmes sont aussi là pour les protéger"
La vidéo publiée sur Facebook montrant des gendarmes en train d'éteindre le maigre feu que des migrants avaient allumé pour se réchauffer a suscité des réactions indignées. "C'est honteux !" s'indignait une internaute sur la page du collectif d'aide aux migrants de Ouistreham.
"Je comprends que cela puisse surprendre, mais il faut lutter contre l'installation de campements", assume la directrice de cabinet du préfet qui défend l'action des gendarmes. "C'est une vidéo qui isole une minute de l'action des gendarmes."
L'essentiel de leur mission consiste aussi à les protéger en les empêcher de s'accrocher aux camions, parfois au péril de leur vie. Les gendarmes signalent aussi les mineurs isolés au conseil départemental qui a la responsabilité de leur hébergement.
Ouistreham : des gendarmes éteignent les feux que les migrants allument pour se réchauffer
Reportage C.Berra, G.Marie / Interviewé: Miguel Martinez, CAMO (Collectif d'Aide aux Migrants de Ouistreham) Depuis quelques jours, le collectif d'aide aux migrants de Ouistreham dénonce le "harcèlement" dont les migrants seraient les victimes dans le bois où ils se retranchent chaque nuit.