Déconfinement le 11 mai : les plages pourront rouvrir sur autorisation préfectorale, les maires du littoral entendus

Le déconfinement progressif sera effectif dès lundi 11 mai. Si en principe, les plages demeurent interdites jusqu'au 1er juin, le gouvernement semble avoir entendu les maires du littoral. Les préfets pourront autoriser l'ouverture, sous condition.

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Quelles plages sont accessibles en Normandie, mise à jour :



"La règle générale reste la fermeture des plages mais..."

La réouverture n'était, jusqu'à présent, pas envisagée par le gouvernement dans le plan de déconfinement qui doit débuter ce lundi 11 mai. Néanmoins, le gouvernement a entrouvert une porte ce jeudi 7 mai lors de sa conférence de presse. "La règle générale reste la fermeture", a indiqué Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, "mais le préfet pourra autoriser l'accès aux plages, lacs et centres nautiques sur demande des maires." Plusieurs élus normands n'ont pas tardé à salué cette ouverture.
Edouard Philippe a ensuite précisé comment la décision d'ouvrir certaines plages a été prise : "l'orientation initiale du gouvernement était la fermeture des plages (...) Nous avons écouté les remarques et imaginé comment faire droit à cette demandequi peut s'entendre. Nous avons pris la décision ce matin de faire un principe de fermeture des plages mais sur présentation d'un cahier des charges par les maires", le préfet peut donner l'autorisation d'ouvrir les plages.

Le maintien de la fermeture des plages a suscité l'incompréhension de nombreux habitants des zones littorales, et ce d'autant plus que les promenades en forêt seront de nouveau autorisées la semaine prochaine (sous conditions), même dans  les zones "rouges". Ce mardi, le sujet a longuement alimenté les débats au Sénat. Lors de l'examen du projet de loi prolongeant l'état d'urgence sanitaire, les élus de la "Chambre haute" ont adopté, contre l'avis du gouvernement, un amendement d'élus centristes prévoyant que dès la publication de la loi, un décret définisse les conditions dans lesquelles les plages et forêts seront ouvertes pour la pratique d'une activité sportive individuelle.
 

Dans le Calvados, "on est les seuls en France" ...

Si dans certains départements bretons, comme le Morbihan, le préfet a rapidement pris un arrêté pour interdire l'accès des plages. Dans le Calvados, et particulièrement sur la côte fleurie, se sont les maires qui se sont emparés du sujet. "On est les seuls en France, on a devancé le préfet. Il ne peut pas fermer quelque chose qui est déjà fermé", affirme Olivier Paz, "On a la main et il faut en profiter". Contrairement au département de la Manche, où le représentant de l'Etat a pris l'initiative et réaffirme ce mercredi 6 mai l'interdiction des plages mais aussi des digues.
Pas question pour autant d'ouvrir en grand les vannes dans le Calvados. A l'image du plan mis en place pour tout le pays, le maire de Merville-Franceville plaide pour "un déconfinement progressif et pas le même partout : il faut se garder d'un arrêté préfectoral qui déciderait pour toutes les plages. Il y a DES plages mais pas LA plage."

Alors, un groupe de réflexion planche à la préfecture sur des modalités de réouverture. "On progresse, il faut fixer des règles générales qui permettent à chaque commune de rouvrir en fonction de ses spécificités". A Merville-Franceville, Olivier Paz a le mois de mai en ligne de mire. "J'espère rouvrir pour les activités économiques : les écoles de voile, les moniteurs de kite-surf. Après, en juin, on rajoutera de nouvelles pratiques.". Une première phase qui aurait valeur de test avant une réouverture complète en juillet.

Des élus et des régions divisés sur les réouvertures de plages

Le sujet ne fait pas l'unanimité selon les élus et régions françaises. Dans le sud-est, la réouverture semble prématurée. "Nous n'avons pas vaincu le virus", a répété ce mardi Alain Milon (LR), sénateur du Vaucluse et président de la commission des Affaires sociales, en évoquant les petites plages de la Méditerranée. "Je ne suis pas du tout favorable à ce qu'il y ait des décrets qui parlent de l'ouverture des plages. Dès que ces décrets paraîtront (...), les foules qui vont être déconfinées vont se précipiter sur ces plages". Sur la façade atlantique et manchoise, c'est un autre son de cloche qui se fait entendre.

Depuis quelques jours, les pétitions se multiplient avec le mot d'ordre et mot dièse #RendezNousLaMer. Chez nos voisins bretons, où les quatre départements sont classés en "vert" (comme en Normandie), de nombreux élus sont rapidement montés au créneau comme le président de Région, Loïg Chesnais-Girard. 
  La Normandie n'a pas tardé à emboiter le pas de sa voisine. Ce lundi 4 mai, un Manchois, simple particulier, a lancé sa pétition qui a pour l'instant recueilli 3889 signatures. Le lendemain, le mardi 5 mai, c'est la Région Normandie qui est entrée dans la danse de la contestation. Le président, Hervé Morin, qui estimait il y a encore quelques jours que le sujet n'était pas une priorité, a lancé à Jullouville dans la Manche un "appel à la réouverture de l'accès des plages", accompagné d'une pétition.
 
Derrière ces prises de parole publiques, on s'active en coulisses. Notamment dans le Calvados, où le préfet réunit depuis une quinzaine de jours un groupe de réflexion sur le sujet. Cinq maires du littoral y participent, dont Olivier Paz, le premier magistrat de la commune de Merville-Franceville. "C'est nous qui avons fermé les plages, on a su les fermer, on saura donc les rouvrir", plaide ce dernier, arguant d'une connaissance "des pratiques, de l'organisations des lieux et de la clientèle" de ces "espaces de respiration".
 

La plage, terrain de démocratie participative

A cette échéance, et après plusieurs semaines de confinement, "les gens vont bien avoir à l'esprit le respect des distances sociales", estime le maire de Merville-Franceville. "Avec une plage de 7000 mètres de long, sur 100 mètres de large à marée haute, on peut accueillir 175 000 personnes en respectant une distance de deux mètres. En été, on n'a jamais plus de 15 000 personnes".  Et de détailler la façon dont pourrait s'organiser prochainement la vie à la plage. "On pourrait envisager une plage dynamique le matin, c'est à dire réservée aux activités physiques, promenade à pied ou à cheval, footing, et ce dès le mois de juin. On pourrait reserver une heure aux personnes fragiles et un peu de bronzette l'après-midi.
  "Il est nécessaire de pouvoir faire rapidement des propositions au Préfet car l'objectif est d'élaborer une règlementation lisible, équitable, compréhensible par tous", indique le maire dans un courrier qui va être très rapidement adressé aux habitants de Merville-Franceville. Le premier magistrat de la commune a décidé d'associer ses administrés dans l'élaboration du plan de réouverture de la plage. Propositions et suggestions peuvent être envoyées par mail dès ce mercredi 6 mai. 

"On en fait un exercice de démocratie participative, il y a surement des idées intéressantes. J'ai la certitude que la réglementation doit être comprise pour être mise en oeuvre. La population doit se dire que ce sont de bonnes règles." Un exercice toutefois encadré et où le maire reste le maître du jeu. "La main reste au conseil municipal mais le projet que nous soumettrons au préfet sera enrichi de certains des propositions formulées par les habitants de Merville-Franceville." 
 

Fin de non recevoir ?

Interviewé ce mardi sur le sujet de la réouverture des plages par nos confrères de France Bleu Normandie, Pierre-André Durand, le préfet de la région, s'est montré peu loquace "Il n'y a pas de réouverture avant juin. Je ne peux que vous donner aujourd'hui ce qu'est la position de l'Etat", a déclaré le représentant de l'Etat.




 
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