Les syndicats de police satisfaits de l'arrivée de nouveaux policiers dans le département de l'Eure. Mais, dans le contexte tendu qui fait suite au meurtre d'Avignon, ils expriment leurs difficultés à exercer leur métier.
En avril, au lendemain de violences urbaines commises le weekend de Pâques 2021 au cours desquelles des policiers avaient été attaqués et blessés, le ministre de l'Intérieur avait annoncé que "5 policiers supplémentaires seront affectés en 2021 à la circonscription de sécurité publique (CSP) d’Evreux dont 3 dès le mois de mai prochain. Ces policiers seront prioritairement placés sur le terrain, au contact de la population et permettront de mener davantage d’opérations, en particulier contre les trafics de stupéfiants."
Après ceux de Louviers-Val de Reuil en février, ces cinq nouveaux policiers sont arrivés en renfort dans le département de l'Eure.
Ce lundi après-midi (10 mai 2021) une cérémonie était organisée en présence du préfet de l'Eure pour officialiser leur prise de fonction au commissariat de Vernon.
Au total ce sont 37 nouveaux policiers qui en 2021 vont venir compléter les effectifs eurois : 16 à Val de Reuil, 16 à Vernon et 5 Evreux.
Pour le préfet de l'Eure Jérôme Filippini, ces arrivées vont permettre d'améliorer la capacité d'intervention sur la voie publique : "La sécurité du quotidien, c'est tout simplement dans la vie de tous les jours, la protection de nos concitoyens, et puis c'est parfois, face aux incivilités, face aussi aux crimes, qu'il faut être capable d'agir."
Face aux trafics de drogue, à toutes les formes de crime, les policiers, ceux qui sortent d'école comme ceux qui sont plus expérimentés, sont là pour nous protéger."
"Une bonne nouvelle, mais ce n'est pas suffisant"
Pour les syndicats de policiers, l'envoi de ces renforts dans l'Eure est salué comme étant "un très bel effort" et une bonne nouvelle. Mais à Evreux, Johann Maugé, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police de l'Eure, précise le contexte en indiquant que ces arrivées vont juste permettre de remplacer les absents : "ces renforts nous remettent à la normale avec un fonctionnement correct, mais pas au niveau des effectifs de 2009". En plus du manque d'attractivité du département de l'Eure, qui fait que beaucoup de policiers ne restent pas et partent dans des départements voisins pour y bénéficier de la prime de fidélisation, le syndicaliste espère que de nouveaux arrivants permettront de "recréer des services comme par exemple le groupe de sécurité et de proximité de Vernon".
Il faudrait encore plus de renforts pour avoir des groupes assez solides et pouvoir vraiment lutter efficacement contre la délinquance."
Le malaise et l'inquiétude des policiers
A la veille de l'hommage national au policier tué en service à Avignon, les policiers normands sont sous le choc. Ce que confirme le responsable syndical d'Evreux : "Il y a une véritable tristesse, mais de la colère aussi parce qu'il faut à un moment falloir bouger les lignes ! Il faut changer de logiciel." Johann Maugé exprime une envie de changement et des attentes de la part de toute une profession : "Nous, de notre côté, au niveau police, ce qu'on attend avec le Beauvau de la sécurité, c'est une loi d'orientation qui soit efficace et qui change les choses pour que la police soit plus efficace et mieux reconnue".
Interpellant élus et décideurs il précise les demandes de ses collègues policiers :
"Il faut arrêter de mettre de la poudre de perlin pinpin et de faire des annonces : il fait vraiment bouger les choses. Il faut le faire de manière coordonnée sur tous les chaînons de la sécurité : ça concerne l'éducation, la police, la justice… Ça veut dire donner des moyens à la justice, ça passe aussi par des places de prison. Je n'ai pas la solution mais il fait que nos élus, nos têtes pensantes, se bougent et fassent bouger les lignes…"
Le ras-le-bol des policiers face au dénigrement
Dans le contexte tendu de cette mi-mai 2021, marqué par la mort d'un policier, le syndicaliste évoque le malaise et l'exaspération de ses collègues : "Il y a aussi une prise de conscience de l'opinion publique : on a besoin de la police. Il faut donc arrêter de dénigrer la police. On en a marre ! Nous sommes gardiens de la paix."
On part le matin, on en sait pas si on va rentrer le soir. Il faut que la peur change de camp : il faut nous donner les moyens de faire notre travail."
Ce mardi 11 mai, le Premier ministre, lors de l'hommage national à Eric Masson, a annoncé un durcissement des peines contre les agresseurs de policiers ou gendarmes.