Depuis l'attaque au péage d'Incarville, les soignants de l'hôpital psychiatrique de Navarre à Évreux exercent leur droit de retrait : plus aucun transfert de détenu entre la prison et l'hôpital n'est assuré.
Depuis le 15 mai 2024, au lendemain de l'évasion meurtrière de Mohamed Amra, la mobilisation est unanime. Tous les soignants de l’hôpital psychiatrique de Navarre, sans exception, exercent leur droit de retrait.
Pas d'escorte policière
Faute d’escorte policière, plus aucun transfert de détenu n’est assuré entre la maison d’arrêt d’Évreux et l’hôpital.
Un trajet de 20 minutes en ambulance que les professionnels redoutent plus que jamais depuis l’attaque sanglante au péage d’Incarville.
On n'a pas de gilet pare-balle et on n'est pas formé pour ça. Les ambulanciers n'utilisent pas de gyrophare parce qu'on n'est pas un transport prioritaire. Donc effectivement, on s'arrête au feu rouge. On est confronté à la circulation comme tout le monde. Et donc, effectivement, à tout moment, on peut être une cible d'attaque sur le trajet.
Tatiana Kolociek, Secrétaire générale CFDT
"On n'a pas à risquer notre vie comme ça"
Dans les faits, une fois le décret signé par le préfet, deux soignants sont détachés pour venir chercher le détenu en prison et l’amener ensuite jusqu’à l’hôpital psychiatrique, chaque mois.
Voir le reportage de Grégory Thélu et Éric Lombaert :
Les infirmiers d’Évreux assurent qu'ils ignorent le degré de dangerosité du patient, qu'ils procèdent seuls à une dizaine de transferts.
Il y a quelques années pourtant, ils bénéficiaient d’une escorte pour certaines catégories de détenus.
Un manque de moyens qui doit se ressentir à la police, à la pénitentiaire, en milieu hospitalier. Nous, on n'a pas à subir ce manque de moyens, nous, on est des salariés, on est payé pas très cher pour ce qu'on fait et on n'a pas à risquer notre vie comme ça. Quelque soit le manque de moyens, notre employeur nous doit la sécurité.
Eric Marre, élu CGT Nouvel Hôpital de Navarre
Une réunion avait lieu mercredi 5 juin après-midi entre la préfecture et la direction de l’hôpital de Navarre. Une autre est prévue le 11 juin avec l’Agence régionale de santé.
En attendant, les quelque 200 soignants qui réclament un protocole de sécurisation, sont déterminés à poursuivre le mouvement.