Sécurité des agents pénitentiaires : l'accord signé entre les syndicats et le ministère de la Justice controversé

Une semaine après l'attaque d'un fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville (Eure) où deux agents ont perdu la vie, les syndicats et le ministère de la Justice ont signé ce mardi 21 mai un accord sur le renforcement de la sécurité des agents pénitentiaires.

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Une signature qui s'est fait attendre pour les syndicats. Ce mardi 21 mai 2024, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a signé avec l’intersyndicale des surveillants pénitentiaires un accord s’engageant à mettre en place des mesures pour améliorer la sécurité des agents assurant les transferts pénitentiaires.

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Un accord signé une semaine après l’attaque mortelle d’un fourgon ayant coûté la vie à deux agents pénitentiaires le 14 mai dernier à Incarvile, dans l’Eure, tandis qu'un hommage national a lieu ce mercredi 22 mai à la maison d'arrêt de Caen

"On fait des transports de détenus avec des Kangoo"

Dans son communiqué, le ministère de la Justice précise que "des réponses immédiates sont apportées, s'agissant de la sécurisation des véhicules et de l'évolution des matériels de l'armement."

Une réponse aux demandes de l'intersyndicale, certes, mais "pas assez précises" selon Emmanuel Guimaraes, responsable national de FO Justice. "On a besoin de savoir quand l'administration va nous permettre de mettre en place ces mesures", martèle le syndicaliste. Parmi leurs revendications : des véhicules blindés et des éléments de protections sur les véhicules d'extraction judiciaire. 

"On fait des transports de détenus avec des Kangoo, ce n'est pas adapté." L'intersyndicale attend donc des véhicules permettant de s'extirper "comme ça aurait pu être le cas mardi dernier", constate Emmanuel Guimaraes.

On a hérité d'anciens véhicules de la gendarmerie nationale, on demande des véhicules plus récents et plus puissants.

Emmanuel Guimaraes, responsable national de FO Justice

Avant d'ajouter : "On réclame également des armes plus grosses et plus lourdes et de pouvoir les utiliser sur la voie publique. Il nous faudrait aussi une protection balistique, avec un feuilletage spécifique qui peut s'ajouter sur les vitres de nos véhicules." 

Des dispositifs de brouillage des téléphones

Dans son relevé de décision, le ministère annonce un "déploiement des dispositifs de brouillage des téléphones en détention et de dispositifs anti-drones" qui aurait débuté. Le processus devrait être "accéléré pour passer de 18 à 38 établissements équipés de brouilleurs entre 2024 et 2025 et de 38 à 90 dispositifs anti-drones sur la même période".

"Dans toutes les détentions, il y a des téléphones filaires que l'administration a mis en place il y a quelques années. Des téléphones qui permettent de contacter des numéros autorisés par l'administration. Ça ne veut pas dire que si on appelle par exemple le numéro de sa maman, ce sera elle qui décrochera au bout du fil. Mais ça n'empêche pas également l'intrusion de téléphones portables depuis l'extérieur", explique Emmanuel Guimaraes.

Avant de préciser : "Ce sont ces téléphones portables déjà que nous cherchons à contrôler et à maîtriser en installant des brouilleurs. Pendant très longtemps, les brouilleurs étaient efficaces avec la 3G et la 4G. Aujourd'hui, nous faisons face à la 5G et on doit ajuster les brouilleurs avec de nouvelles technologies."

"Le ministère est lent"

Un déploiement qui prend du temps, et de l'argent. Malgré tout, l'intersyndicale trouve que "le ministère est lent." "On a besoin que ça s'accélère."

Il a fallu attendre un drame pour que le gouvernement se rende compte de la dangerosité de nos missions.

Emmanuel Guimaraes, responsable national de FO Justice

"Le ministère s'engage sur des mesures certes, sauf que dans ces engagements il n'y a pas de budget, ni de temporalité." Un manque de précision qui interroge l'ancien surveillant. L'intersyndicale et le garde des Sceaux doivent donc se retrouver la semaine du 10 juin 2024 pour signer un protocole d'accord avec des éléments de budget, pour savoir comment tout va être financé et sur quel délai. 

"Surtout qu'on ne pouvait que prévoir que la menace se renforçait. C'est quelque chose qui évoluait, qu'on voyait et qu'on redoutait...",  se désole Emmanuel Guimarae, qui se souvient du convoi de Tarascon qui avait été attaqué le 28 janvier 2019. "Il aura fallu attendre un nouveau drame pour que le gouvernement se rende compte de la dangerosité de nos missions." 

"Si les mesures ne nous conviennent pas, on reprendra le mouvement de grève", conclut le responsable national de FO Justice, prêt à un "nouveau bras de fer avec le ministère de la Justice."

Après une grève la semaine dernière, le service des centres de détention n'a toujours pas repris tout à fait normalement à ce jour.

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