Depuis l'interdiction du dichloropropène, les producteurs de carottes tentent d'imaginer des solutions pour combattre un petit ver aux effets ravageurs. Il en va de la survie de la filière dans ce bassin sablonneux réputé depuis des siècles.
L'interdiction, personne ne l'a digérée. "Malgré toutes les analyses et recherches qu'on a pu faire, on a toujours trouvé zéro trace de ce produit dans la carotte", souligne Mathieu Joret. Cette année, ce maraîcher a diversifié sa production en faisant pousser des poireaux. Impossible de s'en remettre exclusivement à la carotte désormais : la production est devenue trop risquée.
Depuis des siècles, les champs sablonneux de l'ouest-Cotentin offrent un cadre de vie idéal à ce légume qui aurait, entre autres qualités, la vertu de rendre aimable. Un petit ver, le nématode s'y sent aussi comme chez lui. Or, il nuit à la croissance des carottes. Depuis près de cinquante ans, les producteurs réglaient le problème en traitant les champs au dichloropropène.
Carottes de Créances : la FDSEA rend visite aux supermarchés #Coutances #Normandie https://t.co/x85fIMsdKe via @ouestfrance
— MARI Catherine (@RoseJoFer) May 25, 2019
"On n'a pas la méthode pour travailler sans produit"
Cet insecticide est certes efficace pour combattre le nématode. Mais depuis 2009, il est aussi classé parmi les produits cancérigènes interdits par l'Union Européenne. La France accordait une dérogation. Mais en 2018, le couperet est tombé : la carotte doit désormais se passer de son ange-gardien chimique. "Le probléme, c'est que dans nos sables, on n'a pas la méthode pour travailler sans produit, expliquait Philippe Jean, un producteur venu manifester devant la préfecture de la Manche en avril dernier. Et cela fait 25 ans que des recherches son en cours..."
Les producteurs de carottes cherchent des solutiuons pour vivre sans l'insecticide :
Puisque la science n'offre pas d'alternative, les producteurs en sont réduits à imaginer eux-même la parade. Mathieu Joret procède à des essais, en implantant un Sorgho tueur de nematode, ou en imaginant des rotations de culture avec des céréales pourtant peu à l'aide sur le sable. "Le problème, c'est qu'il faut qu'on cherche vite. Il y a urgence vitale." Dans le bassin de Créances, certains ont baissé le rideau et licencié. La production est en forte baisse. "Nous, on a pris le risque de la planter, explique Mathieu Joret en montrant une parcelle de carottes impeccablement alignée. Mais le résultat est plus qu'aléatoire".