Depuis 2019, la moule sauvage de Barfleur avait totalement disparu des côtes normandes. Un naissain a été identifié en avril 2023 sur le gisement de Ravenoville (Manche) lors de la prospection annuelle. Cette réapparition suscite des espoirs chez les pêcheurs.
Voilà des années que les pêcheurs ne trouvent plus de moules de Barfleur dans leurs filets. Décimée par un virus, l'espèce sauvage avait totalement disparu des côtes du Cotentin... jusqu'au mois d'avril 2023. La prospection organisée par le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Normandie a permis de repérer des milliers de moules juvéniles sur le gisement de Ravenoville (Manche).
"Nous avons retrouvé 500 000 individus. Ce sont des naissains de moules qui mesurent pour la majorité moins de 4 cm, donc inférieure à la taille commerciale", explique Maxime Le Grill, chargé de mission sein du Comité régional.
Chaque année, les cinq moulières de l'Est-Cotentin – Barfleur, Réville, Moulard, Ravenoville et Grandcamp –, sont inspectées. Cela faisait quatre ans que la précieuse moule sauvage n'avait plus été vue dans le secteur.
Les moulières toujours fermées
En 2015, un virus avait progressivement anéanti les gisements et mis toute la filière de la pêche à l'arrêt. Après son interdiction officielle, les dernières exploitations situées entre Barfleur et Grandcamp ont cessé en 2018.
"Cela reste des proportions mesurées par rapport à ce que l'on pouvait trouver dans le passé. Il faut rester prudent et essayer de reconstituer un stock", poursuit Maxime Le Grill.
À la fin des années 1990, la pêche de la moule sauvage de Barfleur, autrefois surnommée "l’or noir" ou "la blonde de Barfleur", était la plus lucrative dans l'est du Cotentin. Même avec une production irrégulière, le banc a pendant des années produit jusqu'à 30.000 tonnes par an les grandes années, 5 à 10 000 les années classiques.
Une prochaine prospection en 2024
Depuis, les éleveurs se sont reconvertis et la moule d'élevage l'a remplacée sur les étals.
Les clients vont-ils revenir alors que la moule de Bouchot est régulière ?
David RigaultAncien pêcheur de moules de Barfleur
"Les marchés ont été repris par d'autres fournisseurs. Personnellement, je n'y retournerai pas. Les clients vont-ils revenir alors que la moule de Bouchot est régulière et que l'on ne sait s'il y en aura encore l'année prochaine ? ", s'interroge David Rigault, ancien pêcheur de moules sauvages de Barfleur.
La prochaine campagne de prospection est prévue en avril 2024. Elle devrait déterminer si la moule de Barfleur est vraiment de retour et si la reprise de la pêche est envisageable.