Des tracteurs ont été positionnés devant l'entrée de cette usine qui fabrique du camembert. La FDSEA de l'Orne entend faire pression sur l'industriel alors que les négociations annuelles sur le prix du lait sont en cours.
La manifestation aurait dû se tenir la semaine dernière, bien avant le mouvement d'humeur qui est parti du sud-ouest de la France. Les chutes de neige avaient poussé les agriculteurs ornais à remettre leur opération à plus tard.
Le prix du lait en négociation
Depuis, la colère du monde agricole fait tache d'huile, mais l'objectif de la FDSEA de l'Orne n'a pas changé. Il s'agit de mettre le numéro un mondial de l'industrie laitière devant ses responsabilités.
Dans un récent communiqué, la section laitière de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles de l'Ouest estime que le prix du lait "est loin des besoins des éleveurs au regard de l'évolution des coûts de production et des investissements nécessaires pour maintenir leur activité et attirer des jeunes".
Le syndicat ajoute : "C'est toujours le rapport de force qui fait référence dans la négociation du prix du lait (...) face à un industriel international omnipotent".
Quelques dizaines de producteurs ont donc répondu à l'appel du syndicat. Ils se tiennent chaud autour du barbecue en partageant des casse-croûte. Les tracteurs en imposent devant l'usine.
Le président de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait a fait le déplacement depuis le Lot pour soutenir ses collègues.
"L'entreprise Lactalis n'a pas finalisé les négociations avec les producteurs. En janvier, elle applique unilatéralement un prix qui est bien en deçà de ce qu'il faut pour couvrir l'augmentation de nos charges", explique Thierry Roquefeuil qui était l'invité de France 3 Nomandie à 12h25.
Un médiateur nommé
Ce mercredi 24 janvier, Lactalis France assure pourtant "respecter pleinement les dispositions de la loi Egalim" qui prévoit que le prix du lait payé par les entreprises tienne compte des coûts de production des éleveurs.
L'industriel conteste toutefois le mode de calcul du Prix de Revient Agricole (PRA) qui est une des bases de la négociation. Un médiateur vient d'être nommé.
Lactalis limite la hausse du prix du lait à 1% pour tenir compte des "demandes de déflation de nos clients" de la grande distribution.
Mais alors que les blocages se multiplient partout dans le pays, les agriculteurs qui livrent leur production à Lactalis n'ont sans doute pas intérêt à relâcher la pression.
Thierry Roquefeuil y voit même un symbole : "la filière laitière est emblématique pour le prix payé aux agriculteurs".