Dans le Perche, des agriculteurs bio alertent sur l'utilisation du prosulfocarbe. Ce pesticide, pulvérisé en agriculture conventionnelle sur les blés, pourrait se répandre sur plusieurs kilomètres. Il a été retrouvé sur des cultures de sarrasin bio qui ont dû être détruites.
Des traces de pesticides ont été retrouvées dans des récoltes de sarassin bio, à Nocé dans l'Orne. Quatorze d'entre elles ont dû être détruites. Pour les agriculteurs bio, ce pesticide, le prosulfocarbe, a vraisemblablement été épandu par un exploitant à proximité de leurs parcelles.
Les agriculteurs du Gaec du Pis Vert dans l'Orne se désolent en constatant que leurs récoltes produites dans le cadre de l'agriculture biologique sont perdues à cause d'un herbicide. Le prosulfocarbe, puissant désherbant volatil, a attéri dans les parcelles des exploitants du Gaec et dans un périmètre de 6 kilomètres à la ronde.
On a récolté toute une parcelle de 7 hectares qui a été contaminée par le prosulfocarbe
Le prosulfocarbe aurait été pulvérisé sur des champs de blé voisins par un ou plusieurs agriculteurs. Dans les règles, ce produit ne doit pas être utilisé à moins de 500 mètres d'une culture voisine mais dans les faits il pourrait dériver sur plusieurs kilomètres. "Le produit est très volatil" précise Josué Diesny, agriculteur bio, "et si il s'est déposé sur cette parcelle-là, il y a des chances qu'ils se soit déposé aussi dans les jardins des riverains, à l'époque où on récolte les pommes, les poires"
Pour eux, il s'agit d'un véritable problème de santé publique, qui se mesure concrètement par le nombre d'adhérents de la coopérative Biocer touchés par ce phénomène. Ici, seize agriculteurs bio sur vingt-deux ont retrouvé des traces de prosulfocarbe dans leur sarrasin et parfois à des taux très élevés. "Tous mes lots ont été contaminés et ont été détruits, de ce fait" explique Mathilde Siguré, agricultrice bio en Eure-et-Loire, " et un des lots a dépassé la dose limite autorisée (la LMR) de 100 fois au-dessus de cette dose autorisée. Ce n'était pas utilisable ni en conventionnel, ni pour des couverts végétaux, rien quoi".
"Je ressens un mélange d'incompréhension et de colère. J'ai l'impression d'avoir travaillé pour rien : ce n'est que du temps de gaché et des pertes financières", confie Mathilde Séguré, agriculture bio.
La perte sèche se chiffre à près de 5.000 euros pour chaque agriculteur.
De leur côté, les assurances demandent aux victimes de retrouver l'exploitant responsable de l'épanchement du pesticide, sans quoi elles ne peuvent les dédommager.
Les agriculteurs ont décidé d'interpeller le ministère de l'Agriculture et souhaitent que le prosulfocarbe soit retiré de la vente, "par précaution".
La Coopérative demande que l'utilisation de ce pesticide soit mieux encadrée ou tout simplement interdite.