Le collectif SOS-Gares a présenté en avril 2022 son projet de "Service Express Métropolitain" qui prévoit de créer de nouvelles lignes ferroviaires autour de Rouen (Seine-Maritime). Une alternative aux trajets domicile-travail en voiture.

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Regroupées au sein du collectif SOS-Gares, trois associations normandes de défense du transport ferroviaire ont présenté un ambitieux projet de "SEM" (Service Express Métropolitain) visant  à développer l'usage du train pour les déplacements quotidiens dans et autour de l'agglomération de Rouen et à lutter contre la pratique de "l'autosolisme"

Pour se déplacer plus rapidement et moins cher

SOS Gares, collectif citoyen créé en 2018 qui milite pour "défendre et améliorer le service public SNCF" a présenté le 26 avril 2022 son projet de nouvelles lignes de train, imaginé et étudié pour répondre  à trois préoccupations actuelles : l'écologie, l'économie et le pratique. 
L'idée étant de payer moins cher son billet de train (avec une "intégration tarifaire" concertée avec les opérateurs de transports en commun) et de voyager plus rapidement, sans être bloqué dans les encombrements quotidiens aux entrées de Rouen (Sud III, autoroute  A150, tunnel de la Grand-Mare).

Nelson Emane, porte-parole du collectif SOS-Gares, cite l'exemple du trajet Oissel-Rouen. Actuellement il est de 15 minutes en train contre 45 minutes en bus. Mais le train coûte trois fois plus cher.

D'où l'idée de renforcer le nombre de trains, d'étendre l'amplitude horaire, de rouvrir des gares et arrêts et de créer de nouvelles lignes. S'inspirant de ce qui a été fait dans d'autres métropoles de France (comme Bordeaux, Strasbourg, Toulon ou Mulhouse) où des études de " Service Express Metropolitain" ont été menées par la SNCF, les collectivités locales et les services de l'Etat, les associations rouennaises ont défini un projet articulé autour de 3 lignes ferroviaires où les arrêts permettront des correspondances avec l'actuel réseau de bus et tramways.

Utiliser ce qui existe déjà

La création de trois nouvelles lignes de train autour de Rouen s'appuie sur la rénovation ou la réouverture de lignes et de gares qui existent déjà. Un moyen de réduire les coûts de ce projet, comme l'a expliqué Mathieu Vilela, responsable du Comité de Vigilance Ferroviaire du Terrritoire Normand, à notre journaliste Magali Nicolin :

"Nous avons observé d'autres projets de SEM qui ont fait des rénovations de lignes à peu près avec le même nombre de distance, à peu près avec le même nombre d'ouvrages d'art, et on était sur à peu près une centaine de millions d'euros d'infrastructures pour pouvoir réaliser un Servie Express Métropolitain sur une ligne à rénover."

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Avril 2022 : le collectif "SOS Gares" présente 3 projets de développement de transport par train autour de Rouen (Seine-Maritime) ©France Télévisions

Ouvrir aux voyageurs la ligne vers Petit-Couronne et Elbeuf

Principale nouveauté du projet de SEM rouennais  porté par SOS-Gares, la création d'une nouvelle liaison ferroviaire vers le sud-ouest de Rouen consiste à utiliser la ligne de fret qui dessert le port de Rouen et les sites industriels des bords de Seine pour y faire circuler des trains de voyageurs.

"Entre Rouen et Petit-Couronne, on a déjà une double voie électrifiée. Aujourd'hui, ce qu'on a besoin, c'est d'aménager des quais et d'améliorer un peu la voie pour rouler un peu plus vite dessus."

Mathieu Vilela, responsable du Comité de vigilance ferroviaire du territoire normand

Une première étape consisterait à relier les quais rive gauche de Rouen (au niveau du pont Corneille, au pied du conseil départemental) à Petit-Couronne via le futur éco-quartier Flaubert et Grand-Quevilly en bénéficiant d'une double voie déjà électrifiée.

La seconde étape, plus complexe à réaliser, serait de remettre en activité (et d'électrifier) l'ancienne voie ferrée allant de Petit-Couronne au centre-ville d'Elbeuf via la forêt de la Londe et ses nombreux tunnels et viaducs.

Cette ancienne ligne Rouen-Elbeuf (qui allait autrefois jusqu'à Orléans) traversait la raffinerie de Petit-Couronne, ce qui posait des problèmes de sécurité pour le transport de passagers. Depuis l'arrêt de l'activité de raffinage reste la question des dépôts de pétrole en bordure de voie ferrée…  

Renforcement de l'offre entre Yvetot et Saint-Aubin-les-Elbeuf

Dans l'objectif d'offrir une alternative à la voiture pour effectuer les trajets quotidiens domicile-travail, le collectif SOS-Gares, avec le projet SEM-A, propose d'augmenter le nombre de trains (un toutes les 30 minutes, au minimum un toutes les heures) entre Yvetot et l'agglomération elbeuvienne (sur une ligne récemment rénovée et aménagée aux deux extrémités) et de rouvrir des gares et arrêts.

Notamment au Fond du Val (en connexion avec la ligne de bus TEOR vers la cité universitaire de Mont-Saint-Aignan) mais aussi à Tourville-la-Rivière (où se trouve un grand centre commercial) et surtout à Cléon, près de l'usine Renault et ses milliers de salariés.

Au nord de Rouen, cette "SEM-A" s'inscrit dans la logique de la création prévue d'une nouvelle gare commune à Pavilly et Barentin et du renforcement des échanges entre la métropole de Rouen et la communauté de communes Caux-Austreberthe.

Une meilleure liaison ferroviaire des communes situées au nord de Rouen

Toujours dans l'objectif de faire préférer le train, la ligne de SEM B a pour ambition de relier Clères à Serqueux via Rouen, en valorisant la gare de Maromme (reliée à l'université de Rouen par une nouvelle ligne de bus) et, au nord-est de Rouen, en rouvrant la gare de Darnétal et celle d'Isneauville. Cette liaison suppose l'électrification de la ligne de Rouen à Dieppe pour le trajet du Houlme à Clères.  

Concernant la rive droite de Rouen, une voie ferrée actuellement réservée aux trains de marchandises (céréales et produits pétroliers) pourrait permettre, en complément des bus, de relier par les quais le CHU à presqu'île Saint-Gervais en passant sous les ponts Jeanne d'Arc et Corneille. Mais elle ne figure pas dans le projet de SEM du collectif SOS-Gares qui explique que les infrastructures entre le CHU et le bas du Mont-Gargan (où se trouve un important embranchement de plusieurs lignes dont celle vers Amiens) sont saturées au niveau des aiguillages et ne permettent pas actuellement d'envisager la circulation régulière de trains de voyageurs.    

La mobilité des prochaines années en question

Pour la collectif SOS-Gares, ce projet de SEM (qui va être étudié par SNCF Réseau) vise à maintenir et à développer l'existant en matière de trains dans la région rouennaise. Ce qui va dans le sens du plan de mobilité et de lutte contre la pollution de l'air lancé en 2022 par la Métropole Rouen Normandie.

Mais, comme le regrette Jean-Louis Dalibert, le président de SOS-Gares, il reste à convaincre le conseil régional de Normandie qui gère les trains normands :   "Actuellement, on a un petit plus de difficultés avec la Région, qui a plutôt  tendance à supprimer des trains ou des arrêts."

Se pose aussi la question du financement des travaux de rénovation ou de réouverture des lignes ferroviaires concernées, au moment où l'Etat, le conseil départemental de la Seine-Maritime et le conseil régional de Normandie ont confirmé leur participation budgétaire au projet de contournement routier de Rouen par la construction d'une autoroute à péage reliant l'A13 à l'A28 via la vallée de l'Andelle.

Si l'idée de réduire la part de la circulation automobile dans l'agglomération rouennaise au profit des transports en commun est longtemps restée utopique, voire irréalisable, elle est actuellement reconsidérée par beaucoup de Normands, confrontés à la hausse constante du prix du carburant, la mise en place de la ZFE (zone à faibles émissions interdite aux véhicules anciens et/ou polluants), les difficultés croissantes de circulation et le coût du stationnement.

Mais pour faire changer les habitudes il va falloir séduire les nouveaux usagers avec une offre de transports en commun de qualité. Sans bus bondés, avec des abris contre la pluie suffisamment dimensionnés aux arrêts de bus, sans escalators et ascenseurs en panne ou à l'arrêt comme c'est souvent le cas dans les stations du réseau de tramway Astuce.

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