Spécialisée dans la production de carton d'emballage, et dans une démarche de réduction son impact environnemental, l'usine DS Smith de Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime) vient d'investir dans une unité de biogaz.
Si la production française de papier connait actuellement des difficultés et on l'a vu dans l''agglomération rouennaise avec la fermeture de l'usine "Chapelle Darblay" de Grand-Couronne, ce n'est pas le cas de la filière du carton.
De plus en plus utilisé pour emballer les produits alimentaires et surtout pour les colis de produits achetés en ligne et livrés à domicile, le carton est très demandé.
L'usine DS Smith en produit 280.000 tonnes par an dans son usine de Saint-Etienne du Rouvray, au sud de Rouen.
Ce site industriel est l'un des rares en Normandie à être équipé d'un méthaniseur pour produire de l'électricité. En septembre 2021 le groupe DS Smith a mis en service une deuxième unité de production de biogaz.
Le principe consiste à valoriser les eaux usées de l'usine. Et de l'eau il en faut beaucoup pour produire de la pâte à papier : environ 10m3 pour 1 tonne de papier ! L'eau est donc ici captée et envoyée dans les méthaniseurs, où, par un phénomène appelé "anaérobie", du gaz est produit qui sert ensuite de combustible pour fabriquer de l'électricité.
Cette opération permet aussi, à la sortie des méthaniseurs, de réduire la quantité des boues des eaux usées avant traitement et recyclage.
Avec la méthanisation industrielle, l'entreprise normande de carton affiche ainsi sa volonté d'améliorer la qualité de l'eau et de réduire son empreinte carbone :
Cet investissement de 7,5 millions d'euros a permis de réduire les émissions de CO2 de 2600 tonnes. Ce qui, en comparaison, représente environ 600 voitures en moins sur les routes françaises par année."
"Un bon point, mais à surveiller"
Les défenseurs de l'environnement saluent cette initiative "d'électricité verte" produite à partir d'eaux usées qui est jugée intéressante. Mais pour Guillaume Grima, de l'association "Effet de serre toi-même", il faut accompagner les industriels et encadrer et contrôler la pratique de la méthanisation :
"Une chose est sûre, c'est que faire aujourd'hui de l'électricité par exemple avec du pétrole venu de l'autre bout du monde, ou du charbon, n'est plus une solution. Tout comme le nucléaire."
Donc, organisons la société effectivement pour avancer sur ces thèmes de la méthanisation, surveillons ça de près, et puis évaluons l'intérêt, la pertinence, les rendements énergétiques, et à partir de là, on verra si c'est étendable ou pas."
La peur des accidents industriels
En septembre 2021, 20 ans après l'explosion d'AZF à Toulouse et deux ans après l'incendie de Lubrizol à Rouen, le risque d'accident industriel est une préoccupation de beaucoup d'habitants de l'agglomération rouennaise, devenus suspicieux à l'égard des grands groupes et de leurs usines. Le développement des méthaniseurs industriels nécessite donc, explique Guillaume Grima, une surveillance sur de nombreux points.
"Quels sont les rejets quotidiens ? Que deviennent les résidus de cette méthanisation ? Comment sont-ils stockés ? Comment sont-ils retraités ? Quelles fuites on pourrait avoir et dans l'air et dans l'eau ?"
Il faut véritablement une vigilance. Certains industriels pouvant être négligents par la course au profit, donc, il faut les encadrer par la citoyenneté et la démocratie."
A Saint-Etienne du Rouvray, le groupe DS Smith annonce que sa stratégie de développement durable a pour objectif de réduire d’au moins 40 % les émissions de CO2 par tonne de production d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 2019).