Incendie immeubles « Verre et Acier » à Rouen : quel air respire-t-on ?

L’impressionnant incendie des deux immeubles désaffectés « verre et acier » du quartier Saint-Julien de Rouen (Seine-Maritime) a eu des conséquences au sol, mais également dans l’air. L’inquiétude est principalement due à la présence d’amiante dans ces bâtiments abandonnés datant des années 70.

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Le jour d’après… l’odeur, les débris et la suie rappellent tristement l’après Lubrizol. Depuis dimanche, les équipes des services de la ville de Rouen, munies de masques FFP3 et de gants, sont à pied d’œuvre pour nettoyer le quartier Saint-Julien après l’impressionnant incendie du 30 septembre 2023 où deux immeubles se sont effondrés sous les flammes.

Le jour du sinistre, aucune mesure de confinement, ni d’éloignement de la population n’a été prise. Beaucoup ont partagé sur les réseaux sociaux des photos et vidéos de l’incendie. Les sirènes n’ont pas retenti.

La démolition des immeubles était imminente

Face à l’inquiétude des habitants sur le désamiantage de ces immeubles, la mairie précise que "la raison principale pour laquelle ces immeubles étaient désaffectés est précisément leur haut risque d’incendie (plusieurs feux avaient en effet provoqué des drames, le dernier en 2011 avec la mort de deux enfants). Ils étaient désaffectés depuis 2018. Le projet de dépollution/démolition/reconstruction de l’ensemble du site a été acté. Après concertation avec les riverains en 2022 et passage par les étapes réglementaires imposées par la loi sur ce type de projet d’envergure, le permis d’aménager a été accordé début 2023 et les permis de construire étaient déposés cet été. La démolition était donc imminente."

Une riveraine a témoigné auprès de nos équipes de France 3 Normandie : "Quand ils ont abattu ce premier immeuble au bout de la rue Parmentier, il a été quatre mois sous aspiration pour l'amiante. Là, il n'y a pas eu d'aspiration puisqu'il a brûlé. Alors, où est passé l'amiante ? Dans l'air !" 

Gérald Le Corre du collectif unitaire Lubrizol Bolloré and Co alerte sur les risques de l’amiante s'inquiète : "ces milliards de fibres, a minima, vont finir par retomber sur les sols de l’agglomération (…) un simple mini-courant d’air va les remettre en suspension avec un risque d’inhalation par la population".

Rappelons qu’une seule fibre d’amiante peut induire l’apparition d’un mésothéliome 15 à 40 ans plus tard chez la personne l’ayant inhalée, puisqu’il n’existe pas de seuil inférieur au-dessous duquel le risque serait inexistant, contrairement aux toxiques classiques pour lesquels un tel seuil existe.

Gérald Le Corre, collectif unitaire Lubrizol, Bolloré and Co

Contactée ce lundi, la préfecture de Seine-Maritime précise que : "compte tenu des mesures réalisées et des données disponibles, aucune recommandation de limitation de déplacement n'est émise dans la commune de Rouen."

Pas d’inquiétude selon les premiers prélèvements

Les pompiers du SDIS 76 ont effectué les premiers prélèvements : les contrôles sur le monoxyde de carbone, les dioxydes d’azote et dioxyde de soufre dans l’air, sur 5 points différents : aucun dépassement des valeurs seuil de danger n’a été mesuré.

S’agissant des particules fines, sur la base des analyses d’ATMO, un pic a été observé à 21h le samedi 30 septembre, correspondant à des valeurs similaires à un pic de pollution. Ce pic est redescendu depuis.

"Concernant la toxicité des fumées, des mesures ont été réalisées par le service départemental d'incendie et de secours (SDIS) tout au long de l'opération", précise la mairie dimanche 1er octobre. "Aucun seuil de dangerosité n'a été relevé."

Mais des prélèvements complémentaires par mesure de précaution

Compte tenu de la présence d’amiante (cloisons, faux plafonds, flocage, colle), la Ville de Rouen a exigé que des analyses complémentaires soient menées dans les plus brefs délais. Ces analyses sont menées par l’entreprise Séché Environnement, missionnée par la Ville.

Des prélèvements au sol sont effectués pour mesurer la présence d’amiante. Des pompes vont également être mobilisées pour réaliser des analyses d’air. Plusieurs équipements (écoles, aires de jeux, enceintes sportives), situés à Rouen ou Petit-Quevilly, feront l’objet de prélèvements. Ces analyses ont été réalisées dans un secteur bien défini, entre les ponts Flaubert et Guillaume-le-Conquérant, il s'étend des Pépinières jusqu'au fond du Val ; une partie de la ville de Petit-Quevilly est également concernée.

Ne pas manipuler débris ou suies !

Certains habitants ont constaté que des retombées du panache ont amené des débris isolés ou des suies. Les consignes de l’ARS et du SDIS à ce sujet sont claires : par précaution, les débris et suies doivent être manipulés le moins possible, seulement avec des masques et des gants pour éviter tout contact humain.

Le numéro vert 0 800 000 430 a été mis en place par Rouen Habitat le propriétaire des immeubles. Il est dédié à l'enlèvement des débris chez les particuliers ou dans l'espace public. Sur le plan sanitaire général, le Maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol a demandé officiellement à l’ARS et à l’Etat "de mettre en place dans les plus brefs délais un registre sanitaire, afin que soient répertoriées les personnes qui auraient été exposées aux fumées ou manipulé directement, sans précaution particulière, des débris ou des suies".

Dans la journée de dimanche, 104 prélèvements surfaciques ont été réalisés et envoyés au laboratoire pour analyse. Les déchets des balayeuses ont été stockés couverts dans l’attente des résultats des prélèvements. Les résultats devraient être connus d’ici mercredi 3 octobre 2023.

Les écoles maternelles et élémentaires Pépinières Saint-Julien, situées à proximité de l'incendie, resteront quant à elles fermées par "principe de précaution", les 2 et 3 octobre, précise la mairie.

Des capteurs supplémentaires

En complément, ATMO positionne ce lundi des capteurs supplémentaires à proximité de l’incendie et de l’école. Les premiers résultats devraient être connus en fin de journée.

Vous pouvez signaler d'éventuelles nuisances ou retombées sur la plateforme signal'air ou en téléchargeant l'application signal'air pour smartphone. 

L’eau potable également analysée

En complément, à l’initiative de l’Agence régionale de santé, une inspection de deux réservoirs d’eau potable aériens situés à 5km du sinistre (Mont Saint Aignan et Canteleu) a été réalisée. Par principe de précaution, le délégataire de service public (Veolia) a réalisé des prélèvements sur ces deux réservoirs. Les prélèvements seront récupérés demain par le laboratoire ABEO, qui procédera aux analyses de l’eau. Les résultats seront connus d’ici une semaine.

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