Témoignage. Jérémy Clamy-Edroux, premier rugbyman à assumer publiquement son homosexualité

Publié le Écrit par Théo Thomas
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Jérémy Clamy-Edroux, joueur professionnel de rugby au Rouen Normandie Rugby (RNR), est le premier à avoir fait son coming-out dans ce milieu où l'on pourrait penser que les questions LGBTQI+ sont encore taboues. Rencontre avec un sportif engagé.

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Il a ouvert la voie à la parole. Le pilier rouennais, Jérémy Clamy-Edroux, restera à jamais le premier rugbyman professionnel français à parler publiquement de son homosexualité. Un coming out qu'il a voulu rendre public pour aider les autres et permettre plus de représentativité.

"Quand j'étais plus jeune, je n'avais pas de modèle. Je n'avais pas de sportif à qui m'identifier par rapport à ma sexualité et je me suis dit "pourquoi ne pas le faire pour les jeunes, pour les autres ?"", explique-t-il.

Un coming out correspond à "l'annonce d’une orientation sexuelle homosexuelle ou bisexuelle, ou d’une identité transgenre" (Larousse).

Dans le rugby aussi, la parole se libère

Dans ce sport où l'on pourrait penser que l'homosexualité est taboue, Jérémy Clamy-Edroux a tout de même souhaité ouvrir le dialogue. "Dans le sport, on peut dire que ça a un peu de retard par rapport aux autres activités, mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Il vaut mieux commencer un jour que jamais commencer. Et j'invite le foot à commencer."

Je pense que malgré la virilité qu'on peut mettre dans un match de rugby, on est en avance sur ce sujet d'homosexualité dans le sport. Jérémy, c'est le premier médiatiquement. C'est une bonne chose, ça va faire avancer la situation.

Fabien Vincent, ancien capitaine du Rouen Normandie Rugby

Les camarades de jeu de Jérémy Clamy-Edroux saluent aussi le courage qu'a eu l'homme de 32 ans pour s'assumer. "Dans le rugby, il y a des grosses valeurs de courage et le fait de l'avoir dit aussi publiquement, c'est une grosse part de courage", estime Lucas Costa, joueur au Rouen Normandie Rugby. "Accepter le fait qu'il soit comme ça, ça ne nous pose aucun souci", ajoute Thibault Olender, autre coéquipier.

L'épreuve des vestiaires

Les vestiaires : passage où l'on change de casquette, comme l'explique Jérémy Clamy-Edroux dans les douches de son club.

Ces vestiaires, c'est beaucoup de choses. Tu enlèves ta tenue de civil pour mettre ta tenue de guerrier.

Jérémy Clamy-Edroux

Un endroit aussi "stratégique parce que même si je respecte tout le monde, et que tout le monde respecte ma sexualité, c'est bête, mais, quand je me lave, pour aussi les mettre en confiance, je leur tourne le dos."

Même si c'est un geste simple qui peut prêter certains à sourire, le but pour Jérémy Clamy-Edroux, est de "les sécuriser [ndlr : ses coéquipiers] pour les mettre à l'aise. Il y en a qui diront "il est con, il ne devrait pas faire ça". D'autres qui diront "je ne me laverai pas en même temps que lui..."

Moi, au final, je sors d'un entrainement, je sors d'un match, je viens pour me laver, pas pour mater ou faire quoi que ce soit dans les douches

Jérémy Clamy-Edroux

Jérémy et Clément

Aujourd'hui, Jérémy Clamy-Edroux partage sa vie avec Clément. Son compagnon est artiste et il a représenté Jérémy sur un de ses tableaux. "Je voulais montrer qu'il a un grand cœur, qu'il aime bien manger et qu'il était aussi assez coquin."


Pour Clément, Jérémy a eu raison de prendre la parole et il a choisi les bons termes pour évoquer publiquement son homosexualité. "À chaque fois qu'il a pris la parole, j'étais assez surpris parce que les mots résonnaient vraiment de manière forte et c'était très réfléchi. Cela faisait vraiment avancer le discours."

"L'homophobie ne doit pas être plus forte que l'amour d'un enfant"

Comme bon nombre de jeunes personnes LGBTQIA+, Jérémy a appréhendé la réaction de son père au moment de lui faire son coming out. "Mon père a toujours été une personne que je ne voulais pas décevoir, qui me faisait peur C'est un grand mot, mais un papa, c'est un papa donc je ne voulais pas être en conflit avec lui."


Et finalement, "quand il a appris, il m'a rassuré et m'a dit qu'il n'y avait pas de soucis. Il m'a surtout dit qu'il m'aimait, et c'est le principal. L'homophobie ne doit pas être plus fort que l'amour d'un fils ou l'amour d'un enfant."

Sportif engagé, Jérémy Clamy-Edroux est soutenu par la Ligue Nationale de Rugby et la Fédération Française de Rugby pour mener son combat contre toutes les formes de discriminations. 

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