Témoignages. Être homosexuel à la campagne ou en ville : "le regard des gens n'est pas le même"

Publié le Écrit par Vincent Constant
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Ce mercredi 17 mai est la journée mondiale de lutte contre l'homophobie. Si des progrès ont été faits ces dernières années, il reste encore du chemin à parcourir pour assurer une vie normale aux personnes LGBT+. Cela dépend souvent du milieu dans lequel ils se trouvent.

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Ce mercredi 17 mai est dédié à la lutte contre l'homophobie au niveau mondial. Un combat qui reste quotidien pour permettre aux personnes LGBT+ de vivre leur vie normalement. 

La campagne comme havre de paix ?

Patrick Zawada-Cottard est en couple avec Jean-Luc depuis 39 ans. Ils se sont rencontrés à une soirée à Nevers, puis ils ne se sont plus quittés. Pacsés en 2011 et mariés en 2017, les deux jeunes retraités coulent des jours heureux à Bona dans la Nièvre. Ce village de 300 habitants, à 20 kilomètres de Nevers, les a très vite acceptés.  

"Il y a toujours un temps d'observation, à ce moment-là il ne faut surtout pas se renfermer. En étant ouvert on se fait plus facilement accepter. Pour les gens on est Patrick et Jean-Luc, et ils s'inquiètent si on n'est pas tous les deux !"

Patrick Zawada-Cottard

“On est un peu des cas exceptionnels”, reconnaît Patrick. “Contrairement à ce qu’on voit souvent, nous on n’a jamais eu de problèmes. On est complètement intégrés dans la vie de la commune et dans les activités associatives.”  

Leur secret ? "On ne s'est jamais cachés, mais on ne l'a pas affiché exprès non plus. C'est super de défendre ses droits et il faut le faire, mais ce n'est pas une sexualité qui nous définit." Se fondre dans la masse et être ouvert aux autres, voilà les maîtres-mots du couple formé par Patrick et Jean-Luc. 

Bien aidés par le maire et ses conseillers, ils ont pu organiser leur mariage à Bona en 2017, chez eux et acceptés par tous.

Paris et Dijon, "pas le même regard"

Si l'on compare les deux villes, Paris et ses millions d'habitants ont de quoi faire rougir toute l'agglomération dijonnaise qui pèse 260 000 habitants. Ces différences démographiques semblent jouer un rôle dans les mentalités face à l'homosexualité, c'est en tout cas ce que Célia* (*le prénom a été modifié pour conserver l'anonymat) observe au quotidien.

Cette jeune Bourguignonne de 28 ans a vécu 1 an et demi à Paris pour le travail. L'occasion pour elle de comparer les deux préfectures. "Le regard des gens n'est pas le même, à Dijon il est beaucoup plus insistant", commence-t-elle. "Surtout sur les personnes qui ne rentrent pas dans la norme de la société. Paris est beaucoup plus libre là-dessus, après j'ai entendu qu'il y avait aussi beaucoup d'agressions." 

"Avec ma copine on ne se prend pas la main, mais je serais moins gênée de le faire à Paris"

Célia*

Selon elle, la taille des communautés entre aussi en compte. La communauté LGBT+ dijonnaise n'échappe pas aux écarts de grandeur avec la capitale. "À Paris les gens jugent moins sur les manières de se comporter ou de s'habiller. Ils font leur vie et ils ne prennent pas le temps de soucier des autres. Ils sont plus ouverts d'esprit je trouve."

"Quand j'étais à Paris, je n'ai jamais eu une réflexion ou un geste déplacé. Ici il y a déjà eu des commentaires qui mettent mal à l'aise. Une fois on nous a dit que deux filles ensemble c'était bien, mais par contre deux hommes c'est pas possible", précise-t-elle. 

La campagne, un lieu d'accueil ambivalent

Antoine Hoareau est 8e adjoint à la mairie de Dijon, mais il est aussi administrateur de l'association l'Autre Cercle qui lutte contre l'homophobie. Selon lui, la situation des personnes LGBT+ dans les communes rurales peut s'avérer "très paradoxale".

"Il y a des endroits où cela va très bien se passer, et à l'inverse d'autres où cela va être beaucoup plus difficile", introduit-il. "Il suffit d'un harceleur pour ruiner le quotidien de quelqu'un."

Pour lui, les grandes villes peuvent offrir un meilleur anonymat, car tout le monde se connaît dans un village. "Mais il y a aussi beaucoup plus de victimes d'agression", assure-t-il. "On a toujours des remontées de personnes ciblées par des guet-apens posés depuis des sites de rencontre"

Quels progrès à faire ? 

Même s'ils mesurent le chemin parcouru, les idées ne manquent pas aux personnes interrogées quant aux progrès qu'ils restent à faire. 

Patrick Zawada-Cottard pointe l'acceptation de soi et du regard des autres : "Il faut dédramatiser le fait d'être homosexuel chez les jeunes. Trop de gens sont malheureux parce qu'ils n'arrivent pas à s'accepter et à faire face au regard des gens. On manque de moyens face à ça."

"Il y a sept fois plus de suicides chez les jeunes gays que chez les jeunes en général."

Antoine Hoareau

administrateur pour l'Autre Centre

Antoine Hoareau le rejoint sur ce point : "Il faut des modèles exemplaires pour nos jeunes. Les enseignants, encadrants et surveillants, doivent tous être très attentifs face aux discriminations et se montrer inclusifs et bienveillants."

Enfin, même si la France a fait des progrès sur les droits des personnes LGBT+ pour le mariage et la Procréation médicalement assistée (PMA), "on est encore trop en retard par rapport à nos voisins européens", déplore Célia*. "Il y a toujours un manque d'égalité entre les couples hétérosexuels et homosexuels."

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