Ce vendredi 17 mai, un individu a tenté de mettre le feu en début de matinée à la synagogue de Rouen. L'homme, muni d'un couteau, a voulu attaquer les forces de l'ordre. Il a été abattu.

Les faits se sont déroulés ce vendredi 17 mai 2024, vers 6h45. Selon nos informations, un homme a tenté de mettre le feu à la synagogue de Rouen.

Il est monté sur une poubelle pour atteindre une fenêtre du bâtiment et lancer un cocktail molotov. Le lieu de culte est situé en centre-ville, rue des Bons Enfants. Ce sont les caméras de la police municipale qui ont enregistré l'intrusion de l'individu et permis l'intervention rapide des forces de l'ordre.

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L'essentiel

  • Un homme armé abattu par la police après un départ de feu par cocktail molotov à la synagogue de Rouen.
  • Deux enquêtes ouvertes : une pour l'incendie volontaire visant un lieu de culte et sur les violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique, et une deuxième sur les circonstances du décès de l'individu.
  • L'homme abattu serait un Algérien de 29 ans soumis à une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF).
  • Gérald Darmanin était sur place en début d'après-midi pour rencontrer les policiers, les pompiers, les membres du SAMU et les autorités religieuses. Le Ministre de l'Intérieur a dénoncé "un acte antisémite extrêmement grave". Il va décorer le policier adjoint qui a neutralisé l'assaillant.  
  • Un rassemblement républicain a rassemblé des centaines de personnes à 18h00 devant l'hôtel de Ville de Rouen.

Barre de fer et couteau de cuisine

Le procureur de la République de Rouen, Frédéric Teillet, a tenu une conférence de presse à midi. Il est revenu sur les circonstances : l'homme se trouvait sur le toit de la synagogue à l'arrivée des deux policiers. Il avait une barre de fer dans une main et dans l'autre un couteau de cuisine. Il a lancé la barre en direction des policiers puis est descendu pour se diriger en courant son couteau à la main vers les policiers.

"Le fonctionnaire a fait usage de son arme à cinq reprises touchant l’individu quatre fois", précise Frédéric Teillet. La garde à vue du fonctionnaire a été levée à l'issue de son audition : "Je viens de visionner les images de vidéosurveillance, elles établissent à mon sens que le policier a fait usage de son arme dans les conditions permises par le code de sécurité intérieure. Sa garde à vue sera levée dès la fin de son audition".

Autopsie et expert incendie

Une autopsie du corps de l'assaillant a été effectué dans l'après-midi et confirme que l'homme est décédé des suites d'un choc thoracique liés au tir du policier. "L'expert incendie a constaté l'existence d'un seul départ de feu, à proximité de la bima, table d'où est lue la Torah. Selon toute vraisemblance, le feu aurait été allumé à l'extérieur par une fenêtre", indique le parquet de Rouen.

Concernant l'identité de l'individu, une carte de transport a été retrouvée sur lui. Le parquet antiterroriste de Paris a été informé mais c'est le parquet de Rouen qui reste compétent dans cette affaire.

Qui est l'assaillant ?

Malgré les tentatives de réanimation, l'individu est décédé des suites de ses blessures. Il s'agit d'un Algérien de 24 ans sous OQTF (Obligation de quitter le territoire Français) depuis moins d'un an. Cette obligation était non exécutable car il avait engagé un recours devant les juridictions administratives (source proche du dossier).

Lors de sa prise de parole, en début d'après-midi, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur a apporté quelques précisions sur le profil de l'auteur de l'attaque de la synagogue.

"C'est un citoyen qui n'était pas français, mais d'origine algérienne. Il a déposé en préfecture de Seine-Maritime en 2022 une demande de titre de séjour étranger malade, qui permet aux citoyens étrangers de se faire soigner en France en cas de certaines pathologies. La demande a été refusée après consultation d'un médecin. Il a fait un recours. Mais fin janvier dernier, le recours n'a pas abouti. Il était inscrit au fichier des personnes recherchées. S'il avait été interpellé, on aurait évidemment mis cette personne en centre de rétention administrative pour une expulsion vers son pays d'origine. Il n'était ni connu des services de radicalisation, ni des services de police".

Une perquisition effectuée au domicile de l'oncle et de la tante qui l'héberge n'a pas apporté d'éléments de nature à éclairer ses motivations, indique le parquet.

Des habitants sous le choc

Une habitante du quartier où se trouve la synagogue nous fait part du climat qu'elle ressent : "j'ai entendu des coups de feu et ensuite j'ai vu un homme allongé à terre. Puis assez rapidement la police et les secours qui ont tenté de réanimer ce monsieur. Je suis furieuse, je trouve qu'en 2024 s'attaquer à un lieu de culte. Ce n’est pas possible ! Toutes les nuits les voitures sont visitées je trouve qu'il y a beaucoup d'agressivité, Rouen a changé!", déplore Isabelle.

De nombreuses réactions 

Très tôt le matin, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a réagi sur X, indiquant que "c'est toute la ville qui est sous le choc".

Bertrand Bellanger, président du département de Seine-Maritime a également félicité le travail de la police et apporte sa solidarité à la communauté juive de Rouen.

Marc Benhaïm, membre de l'association culturelle israélite de Rouen, est sous le choc. "Ça s’est passé très tôt ce matin, les policiers ont vu sur les caméras un individu escalader la barrière de la synagogue et ils ont envoyé une patrouille. C’est la femme du rabbin qui m’a prévenu. J’ai pu m’y rendre mais pas longtemps car la police judiciaire procède à des prélèvements. Heureusement, les rouleaux de prière ne sont pas touchés."

Il n’y avait pas une haute menace ces derniers jours bien sur des agressions verbales envers le rabbin et les personnes devant la synagogue. On ne s’attendait pas à ça !

Marc Benhaïm, membre de l'association culturelle israélite de Rouen (ACIR)

Samuel Lejoyeux, président de l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) a commenté chez nos confrères de BFM les images de l'intérieur de la synagogue de Rouen : "Voir l’intérieur d’une synagogue, le lieu le plus sacré et intime qui soit pour un juif, brûlé, c’est absolument effroyable".

L'association donne rendez-vous à 18h00, place de la République à Paris pour allumer les bougies de shabbat et se recueillir en solidarité avec la communauté juive de Rouen.

Natacha Benhaïm, la présidente de l'association culturelle israélite de Rouen, a précisé les circonstances.

"L'individu a jeté un cocktail molotov par une toute petite fenêtre de la synagogue et le feu a pris. Le mobilier a été touché et tous les murs sont noirs. C'est catastrophique, je suis dépitée. Les forces de l'ordre ont fait un travail remarquable", explique Natacha Benhaïm.

Maxime Da Silva de la France Insoumise et candidat de l'Union Populaire pour les Européennes 2024 a également réagit sur les réseaux sociaux en partageant le communiqué des groupes d'action de son parti : "ce matin, un homme a attaqué la synagogue de Rouen en tentant d'y mettre le feu. 

Si aucune victime n’est à déplorer, reste la peine et l’horreur que cette attaque inspire. 

L'ensemble des groupes d'action de la Métropole de Rouen apportent leur soutien à la communauté juive rouennaise et à l'ensemble des juifs et juives du pays, face à cet acte antisémite odieux".

"Tenter de brûler une synagogue, c'est vouloir intimider tous les Juifs. Une nouvelle fois, on veut faire peser un climat de terreur sur les Juifs de notre pays. Combattre l'antisémitisme, c'est défendre la République", a affirmé sur X le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi.

Elie Korchia, Président du Consistoire Central de France se dit "stupéfait" qu'une synagogue "puisse être incendiée en cette veille de chabbat". "Nous devons rester forts et vigilants" mais sans "tomber dans la psychose", affirme-t-il.   

Deux enquêtes ouvertes

Une première enquête a été ouverte pour "incendie volontaire" visant un lieu de culte et "violences volontaires" sur les policiers et les pompiers, a fait savoir le parquet.

Retrouvez le reportage de Bérangère Dunglas, Amandine Pointel et Dounia Sirri :

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Une autre enquête a été ouverte sur les circonstances du décès de l'individu armé pour "violences volontaires avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner", confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

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