Dans l'agglomération de Rouen, 16 petites maisons en bois, des "tiny houses", ont fleuri afin d'accueillir des personnes sans domicile fixe. Une solution qui se heurte néanmoins à un obstacle : trouver des communes pour prêter des terrains.
On les appelle les "tiny houses", les maisons miniatures. Aux allures de cabanes en bois, ces logements 2.0, d'une superficie allant jusqu'à 20m2, sont tout équipés (kitchenette, WC et même douche) et pourraient représenter une solution pérenne et peu coûteuse pour l'hébergement des sans domicile fixe.
Reportage E. Partouche, B. Dunglas
Le soulagement de sortir de la rue
Depuis cinq jours, Paco et Maj vivent dans l'une de ces cabanes. Après 20 ans dans la rue, les bienfaits de nuits de sommeil au chaud, au calme et en sécurité se font déjà ressentir pour les deux frères.
"Dès le premier jour, on s'est réveillé à 10 h 30, on ne dort pas pareil, assure Paco. On a une tranquillité d'esprit, on est reposé !"
Pour le moment, ils occupent les lieux gratuitement. Lorsqu'ils retrouveront un emploi, ils devront payer un loyer de 280 euros par mois. Et pourront rester aussi longtemps qu'ils le souhaiteront.
Le bon équilibre entre le foyer pour sans-abri et un appartement classique, plus confortable, mais coûteux, pour Maj : "C'est un pur bonheur. C'est mieux que les gymnases. Dans la tiny, on a la clé, on rentre, on sort. Et on est toujours avec la nature."
"Faciliter la mixité"
La petite maison occupée par Maj et Paco est l'une des premières installées à Rouen. Elle a pris place il y a quatre ans, sur un terrain prêté par la ville, au pied d'une résidence pour personnes âgées.
On a aujourd'hui cinq tiny sur la commune. On en a deux notamment dans notre résidence autonomie. Elles facilitent la mixité, les échanges, tout se passe très bien en termes de voisinage.
Caroline Dutartre, adjointe au maire de Rouen en charge des solidarités et de la politique d'insertionà France 3 Normandie
D'ici à la fin de l'année, cinq nouvelles tiny houses pourraient sortir de terre. Toutes sont fabriquées par une entreprise d'insertion. Une démarche qui s'inscrit au cœur du programme "Un toit vers l'emploi".
Pas suffisamment de terrains à disposition
Problème : depuis le début de l'aventure, seules quatre communes de l'agglomération de Rouen ont accepté de jouer le jeu. Avec les autres, les négociations sont plus difficiles.
Ainsi, aujourd'hui, dix de ces maisonnettes attendent toujours un terrain.
On est sur une proposition atypique, qui ne coche pas toutes les cases.
Franck Renaudin, fondateur du programme "Un toit vers l'emploi"à France 3 Normandie
La crainte de certaines communes, Franck Renaudin, fondateur du programme "Un toit vers l'emploi", l'explique aisément. "Il y a des aspects réglementaires pour lesquels ce mode d'habitat n'a pas été prévu. On est sur un public fragile, qui peut faire un peu peur parfois, avec beaucoup de préjugés."
Pourtant, si chaque commune de la métropole accueillait deux habitations, la centaine de sans-abri que compte encore l’agglomération de Rouen pourrait définitivement quitter la rue.