Connaissiez-vous le Maquis des Diables noirs ? Il s'agit d'un réseau souterrain ayant opéré à Saint-Denis-le-Thiboult (Seine-Maritime) durant la Seconde Guerre Mondiale. Le petit-fils des frères Boulanger, à l'origine du réseau, nous ouvre les portes de la maison où ose situait le maquis et livre son témoignage.
"Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? [...] Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes…" Ce premier couplet du Chant des partisans résume bien le choix qu'on fait les frères Boulanger et leurs épouses en 1941, celui d'entrer en résistance. Celui de recruter des hommes pour former le collectif du Maquis des Diables noirs.
Une histoire méconnue
Celle d'un groupe d'une vingtaine de résistants ayant opéré à Saint-Denis-le-Thiboult (Seine-Maritime) pendant la Seconde guerre Mondiale. À l’origine, les frères Boulanger, soutenus par leurs épouses, qui avaient installé un souterrain pour se cacher en dessous de leur maison et organiser des opérations.
Leur petit-fils, Ludovic Boulanger nous livre leur histoire et nous ouvre les portes de cette maison.
"Ici, mon, arrière-grand-mère préparait à manger pour les maquisards. Elle prenait des grosses gamelles sur la cuisinière et leur donnait via le placard du salon qui communiquait avec le souterrain."
Les maquisards pouvaient donc récupérer de quoi manger. Ce placard, c'est l'unique trace restante de cette histoire, la maison ayant subi des travaux depuis 80 ans.
Des opérations de parachutages et de sabotages...
Sous le jardin de cette maison, se trouvait un réseau de 80 mètres de long. Un souterrain ingénieusement conçu : nombreuses aérations discrètes dans la cour, issues de secours vers la forêt, éclairage électrique dissimulé, dortoirs, douches, WC...
On pouvait y séjourner durablement. La vingtaine de maquisards y passera des mois. "Ils y organisaient des opérations de parachutage, de sabotage de voies ferrées et de lignes téléphoniques...", assure Ludovic Boulanger.
Sous le nez des Allemands
Tant d'opérations dangereuses menées avec succès "d’autant plus que les Allemands habitaient dans la maison juste en face !", nous apprend Ludovic Boulanger. D'où le nom choisi pour ce groupe de résistants, celui des Diables noirs, "c'est parce qu'ils opéraient la nuit uniquement, et portaient une cagoule pour ne pas se faire voir."
Le 14 mars 1944, les deux hommes commanditaires sont arrêtés par la Gestapo, puis torturés dans un donjon.
On leur a arraché les ongles, cassé les doigts, ils étaient défigurés...
Ludovic Boulanger, petit-fils de résistants
"Des tortures comme les Allemands savaient le faire".
Devenus méconnaissables, les deux hommes ne parleront pas, sauvant ainsi le reste des résistants qui purent se disperser. Eux et leurs épouses seront ensuite déportés en Allemagne. Mais aujourd'hui encore, le village n'oublie pas et célèbre chaque année leur souvenir.