Tout plaquer pour l'agriculture... ou plutôt l'aviculture ! Le parcours d'un couple d'exploitants autodidactes dans la Manche

Aventure enrichissante autant qu'éprouvante : tout quitter pour devenir agriculteur. Elle était psychologue, lui professeur. Tout quitter pour être aviculteurs. Rencontre avec Clémence et Mathieu Cannevière à Osmanville dans le Calvados.

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Le matin, Matthieu, 35 ans, ramasse les œufs pendant que Clémence, 33 ans, les vend. Dans sa vie précédente, la jeune Normande était pédopsychologue en milieu hospitalier. Aujourd'hui, c'est elle qui trouve le réconfort auprès de ses clients, à la ferme ou sur les marchés de Valognes, Isigny-sur-Mer et Carentan.

« Ces gens-là toutes les semaines ils nous disent "ne lâchez rien, continuez !", donc je suis très reconnaissante. Quand vous avez une baisse de régime, mais que vous voyez les gens qui viennent de semaines en semaines c’est clair que vous n’avez pas envie de les décevoir ! », confie Clémence Cannevière sur le marché de Valognes.

Mathieu était enseignant. Il n'a plus d'élève mais dans le poulailler, il a tout de même conservé quelques reflexes de pédagogue. « Les poulettes ont tendance à faire toute exactement la même chose. Quand il y en a une qui vient pondre à un endroit, toutes les autres vont venir s’agglutiner pour pondre au même endroit en pensant que c’est le lieu le meilleur. Et donc pendant trois semaines ou un mois, mon but va être de les répartir dans les pondoirs tous les matins. »

Exploitants autodidactes

La micro-ferme conduite en agriculture biologique est lancée en 2019 dans le Bessin, aux portes de la baie des Veys. Clémence et Mathieu partent de zéro et construisent tout de leurs mains. « On n’a pas changé de vie parce qu’on a avait besoin de mettre les mains dans la terre comme on entend parfois mais on a changé de vie parce qu’on avait tous les deux en commun la volonté de faire quelque chose en autodidacte ». Le couple lance une cagnotte en ligne pour financer le premier lot de poules.

Aujourd’hui, les poules pondent neuf-cents œufs par jour, qu'il faut calibrer. Les petits pour les restaurants. Les gros pour le marché. Au total, mille cents becs à nourrir. Après le marché, c'est Clémence qui sert les repas… une activité plutôt physique.

« Cent cinquante kilos par jour. On a quatre allers et retours par poulailler à faire avec 350 poules dans les pieds ». La machine qui pourrait le faire était trop coûteuse. « On a travaillé dur pendant presque trois ans, mais on a bon espoir pour cette année », projette la jeune femme.

Chaque jour, de nouvelles commandes à préparer, des œufs, des boites, un travail à deux. « Avant d’être une aventure économique ou de construction, c’est une aventure émotionnelle et humaine avant tout », s’enthousiasme Mathieu.

Lever 5 heures. Travail jusqu'à 21 heures. 7 jours sur 7. Ils se donnent deux ans pour mener le chantier à son terme, car il reste encore des travaux de construction.

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