L’herpesvirus décime chaque année des milliers d’huitres. Deux chercheurs de l’IFREMER ont découvert un vaccin qui pourrait permettre de lutter contre sa propagation. En Nouvelle-Aquitaine, les professionnels du secteur s’interrogent.
Les fêtes de fin d’année approchent à grand pas. Pendant cette période, la consommation d’huitres augmente sensiblement. Mais depuis plusieurs années, une forme d’herpès fulgurant menace la prolifération de ces coquillages. Pour tenter d'y remédier, des scientifiques français viennent de mettre au point un procédé qui pourrait neutraliser le virus et protéger ces coquillages.
Découverte d’un "pseudo-vaccin"
Dans les années 90, l’institut de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER) se penchait déjà sur l’herpès des huitres. Dans une étude datée de 1996, l’institut tentait d’élaborer un protocole qui pourrait, à terme, "contrôler la maladie en détectant les animaux porteurs du virus".
Vingt-cinq ans plus tard, c’est la vaccination qui semble être la piste la plus solide. Interrogés par nos confrères du journal Le Parisien – Aujourd’hui en France, les deux chercheurs de l’IFREMER qui ont mis au point un "pseudo-vaccin" expliquent leur méthode.
"Nous prenons l’agent pathogène OsHV-1, nous le tuons pour l’inactiver avant de l’injecter aux huîtres". Selon les deux scientifiques, leur procédé permet de tuer l’intégralité des cohortes non traitées, "tandis que celles qui ont été vaccinées résistent à 100% à l’infection virale".
Une découverte "importante"
Cette avancée scientifique, une "première mondiale sur un invertébré marin pour le protéger contre une infection virale" selon l'IFREMER, serait une découverte "importante".
Interrogé par France 3 Poitou-Charentes, Benjamin Morga, chercheur en virologie à l'institut français de recherche pour l'exploitation de la mer à La Tremblade (Charente-Maritime) explique que "cette découverte permettrait de protéger toutes les huîtres contre une infection". D'après les explications du virologue, "elle pourrait protéger l'ostréiculture durable".
Convaincre les professionnels du secteur
Selon le scientifique, la vaccination des huîtres serait un bénéfice pour tout le secteur de pêche et vente des coquillages. Mais reste encore à convaincre ostréiculteurs et conchyliculteurs.
La recherche avance encore. Mais il y a aussi la concertation, l'acceptabilité et la discussion avec le monde professionnel et les citoyens
Benjamin Morga, chercheur en virologie à l'IFREMER La Tremblade
Une autre énigme demeure : comment vacciner en masse les huîtres qui sont encore dans l'océan ? Pour y répondre, les scientifiques de l'IFREMER indiquent poursuivre leurs recherches et précisent qu'aucune date n'a été arrêtée pour débuter une "stimulation immunitaire" massive des huîtres.